Le Parlement européen, le 16 juillet 2019, par 383 voix (majorité absolue : 374 voix), 327 contre et 22 abstentions a approuvé la nomination de l’allemande Ursula von der Leyen à la fonction de présidente de la Commission européenne, ce qui la conduira à succéder au luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le 1er novembre 2019. Philippe Deloire (auteur de 26 mai 2019. Election du Parlement européen. Emmanuel Macron peut-il réussir son pari ?, éditions NomBre7) nous éclaire sur son profil et son programme.
Une nomination par le Conseil européen
En application du traité de Lisbonne, le Conseil européen propose un candidat à la présidence de la Commission européenne à la majorité renforcée (72 % des Etats membres représentant 65 % de la population) « en tenant compte des résultats aux élections européennes. »
En 2014, le président de la Commission européenne était issu du groupe politique majoritaire au Parlement européen dans le cadre d’un système connu sous le nom de Spitzencandidaten inspiré du mode de désignation du chancelier allemand. Jean-Claude Juncker, l’ancien président de l’Eurogroupe, candidat du Parti populaire européen, avec le soutien de la Droite et de la Gauche avait obtenu 422 voix pour, 250 contre, 47 abstentions et 10 bulletins nuls.
Emmanuel Macron a fait part de son opposition à ce système lui reprochant de dépendre strictement des résultats de l’élection du Parlement européen et de ne pas permettre de désigner un membre du gouvernement en exercice. Il a obtenu d’Angela Merkel que le spitzencandidat désigné, l’allemand Manfred Weber, président du groupe le PPE depuis 2014, soit écarté, considérant qu’il ne possédait pas les qualités requises. En conséquence, le 2 juillet 2019, après des tergiversations, Emmanuel Macron, a proposé le nom de la ministre de la Défense allemande, proche d’Angela Merkel au poste de la présidence de la Commission, dont il avait apprécié son engagement en matière de coopération franco-allemande, proposition acceptée par les chefs d’Etat et de gouvernement, ce qui a permis de débloquer les autres nominations (Conseil européen : Charles Michel, Haut représentant de l’Union pour la PESC : Josep Borrell et Banque centrale européenne : Christine Lagarde).
Un profil pro-européen
Agée de 60 ans, elle est mère de sept enfants, trilingue (français, allemand, anglais), scolarisée à l’école européenne d’Ixelles, membre de la CDU, plusieurs fois ministre depuis 2005 et ministre de la Défense depuis 2013. A ce poste, elle a œuvré en faveur d’une défense européenne et a plaidé à plusieurs reprises en faveur « des Etats-Unis d’Europe ». En 2015, elle précisait ses rêves fédéralistes en déclarant au quotidien Die Zeit : « Je n’imagine pas l’Europe de mes enfants ou de mes petits-enfants comme une union libre d’Etats prise au piège des intérêts nationaux. »
Un programme ambitieux sous le signe de l’écologie
Dans son programme intitulé « A Union that strives more. My Agenda for Europe. »1, Ursula Von Der Leyen décline six priorités, résumées en Français2, qui ont pour but de renforcer les liens entre les peuples, les nations et les institutions européennes.
Le green deal
Elle promet un green deal dès les cent premiers jours de son mandat. Elle veut que « l’Europe devienne le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050. » Elle entend diminuer les émissions de C02 de 50 % à 55 % d’ici 2030. Pour y parvenir une panoplie de mesures : taxe carbone aux frontières de l’UE, transformation partielle de la Banque européenne d’investissement (BEI) en une « banque du climat » et la mise en place d’un fonds « pour une transition juste » de 1 000 milliards d’euros dans les dix années à venir, une stratégie de la biodiversité pour 2030.
Un nouveau pacte pour l’immigration et l’asile
Afin d’aider les pays comme la Grèce et l’Italie en première ligne en matière d’accueil des migrants, elle propose de réformer le règlement de Dublin, proposition contenue dans le programme d’Emmanuel Macron. Egalement, elle compte renforcer les effectifs des gardes-frontières européens (Frontex) portés à 10 000 en 2024 et non en 2027, comme prévu actuellement.
Une Union plus démocratique
Comme Emmanuel Macron, elle souhaite organiser « une Conférence sur l’avenir de l’Europe », à partir de 2020, pour permettre aux citoyens de jouer un rôle actif en la matière et plaide pour qu’en 2024 soient autorisées les listes transnationales de candidats au Parlement européen.
La composition de la Commission
La nouvelle présidente de la Commission composera son équipe en demandant aux Etats de lui communiquer le nom des candidats qui seront auditionnés par les commissions parlementaires compétentes du 30 septembre au 8 octobre 2019. Le Collège des commissaires devra ensuite être élu par le Parlement, lors de la session plénière du 21-24 octobre 2019.
Philippe Deloire
26 mai 2019. Election du Parlement européen. Emmanuel Macron peut-il réussir son pari ?
Editions NomBre7