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dans Libre opinion

Vademecum de dissuasion stratégique française fin mai 2025

ParJean Dufourcq
27 mai 2025
Vademecum de dissuasion stratégique française fin mai 2025
Libre opinion

            Les Français comptent sur leurs armées pour les défendre. Ils ont bien raison ; elles s’y préparent depuis 60 ans en appliquant la doctrine de défense choisie par leurs dirigeants. Mais les armées françaises s’inquiètent de la situation stratégique actuelle et elles ont de bonnes raisons. Le retour depuis trois ans de la guerre ouverte sur le sol ukrainien, à proximité de nos frontières européennes, nous incite à réévaluer le paradigme de notre sécurité. Fondée sur la dissuasion nucléaire stratégique, notre défense nationale pourrait-elle être contournée et risquer un conflit conventionnel avec des forces russes aguerries ? Car on n’est pas prêt à leur livrer bataille. Certes nous sommes plusieurs en Europe à soutenir « de l’arrière » Kiev qui a conquis par sa vaillante détermination son droit à vivre dans des frontières sûres et reconnues par tous. Mais notre position est singulière comme seul pays d’Europe doté d’une réassurance nucléaire autonome et crédible et à en maîtriser la manœuvre. Tous nos partenaires européens s’abritent sous la garantie militaire américaine via l’Otan. Mais aujourd’hui la médiation avec Moscou du président-dealer Trump, lassé de la guerre en Europe et du coût du parrainage transatlantique qu’il veut solder par l’achat d’armes américaines, renvoie aux » Européens le soin de s‘acquitter de la réassurance militaire de Kiev. Et tous s’exécutent. C’est le piège américain de l’Ukraine.            Sans revenir sur cette agression russe « non provoquée » de 2022, on la savait latente dès 1991. Ses prémices sont connues : fin 1990, réunification allemande actée au traité 2+4 de Moscou ; fin 1991, maintien de l’Otan au sommet de Rome et dissolution de l’URSS ; s’ensuit la « décennie des dupes », sans désoviétisation de Moscou, Kiev et Minsk, que clôt l’arrivée au pouvoir du Président Poutine début 2000. Du Conseil Otan-Russie établi en 2002 en passant par l’annexion de la Crimée en 2014 et jusqu’à janvier 2022, les discussions sont nourries et tendues entre Moscou et Evere, le siège de l’Otan. Fin mai 2025, la rupture de confiance est totale, réciproque et durable. On sait aujourd’hui mieux en Europe comment s’est ourdi « le piège ukrainien de l’Europe » et qui en furent les principaux instigateurs. On en est là. Que faire ?

            Face à cela, on voit bien que la question posée aux armées françaises est redoutable. De deux choses l’une, soit on tient fermement la ligne stratégique de la France, puissance nucléaire qui s’oppose avec sa doctrine et ses moyens spécifiques à tout conflit généralisé en Europe, soit on rejoint le concert européen pour préparer un combat jugé inévitable contre les forces russes en escomptant une petite garantie américaine pour le prix d’un effort d’autonomie stratégique.

Sortir de ce dilemme et déboucher sur des choix organiques et industriels à forte valeur opérationnelle est en fait retardé par des biais variés : européens (effectuer un saut d’intégration militaire réputé efficace et concerté avec Londres), humains (massifier, former, aguerrir), budgétaires (s’affranchir des 3% de Maastricht, creuser encore la dette) et industriels (accepter spécialisations, subsidiarités et dépendances critiques). Mais la question est d’abord politique (pertinence et légitimité du choix guerrier). Faut-il en effet requérir du peuple français et de ses représentants un changement de paradigme de défense nationale et un effort massif pour se préparer à entrer dans ce conflit de haute intensité déclenché par Moscou ? Avec quel calendrier ? Combien de temps pour être prêt et avec quels moyens militaires ? Et quel budget y consacrer (de 3,5 à 5 %) ? Comment enfin partager ces perspectives lourdes de conséquences avec les voisins et alliés de la France et en convaincre le peuple français ? Pas vraiment simple.

            Le stratégiste répondra au dilemme du haut commandement français en appliquant trois principes cardinaux, préserver la liberté d’action de la France, économiser ses forces, concentrer ses efforts sur l’objectif principal qui est de bloquer militairement Moscou aux portes de l’UE. Il recommandera de tenir ferme la ligne stratégique de la dissuasion nucléaire stratégique.

On a trop opposé dans le passé dissuasion et action et abusé de la rhétorique de non-guerre.

Et on n’a pas assez développé le fait que la dissuasion est action et manœuvre à la fois par la doctrine, le langage, la signalétique, la prévention comme le test et doit se prolonger dans les champs immatériels des frictions numériques … Vivante, unique et stratégique, elle doit s’exercer à l’encontre de la Russie, un pays qui en manipule constamment la dialectique et en utilise les rouages sans jamais hésiter à nous engager dans les champs masqués de l’ingérence.

Si ses fondamentaux peuvent s’appliquer ici (désamorcer l’affrontement militaire direct), notre doctrine, nos signalements doivent s’adapter à la Russie, ce compétiteur et désormais adversaire de la France dont Paris connait le sang-froid et la capacité d’analyse et avec qui il partage une grammaire nucléaire commune et de multiples canaux d’échange.

Une approche méthodique dégage cinq points à viser pour traiter la situation actuelle.

  • Premier point : il ne peut y avoir aucune ambiguïté sur notre volonté de geler toute forme de confrontation militaire sur le continent européen après l’invasion partielle de l’Ukraine par la Russie. Nous ne livrerons pas bataille à la Russie car nous ferons tout pour l’empêcher d’attaquer militairement un pays européen aujourd’hui ou demain.
  • Deuxième point : la posture nucléaire française est complète et radicale (suffisance sacrificielle portée au prix de la France et de ses intérêts existentiels, fiabilité technique démontrée, valeur opérationnelle entretenue, engagement politique signifié et chaine courte). Notre dissuasion nucléaire n’a pas à être étendue, partagée, renforcée, associée à l’indigente dissuasion britannique, encore moins démarquée de celle de l’Otan, mais seulement analysée soigneusement pour ce qu’elle est, à Moscou et dans les capitales européennes, comme le cœur de la défense autonome d’une France engagée dès les origines dans la défense européenne (article 47-3 du traité de l’UE).
  • Troisième point : la posture nucléaire radicale, de nature stratégique, qui est celle de la France relève en fait d’un rapport de force rationnel. Elle veut rendre impossible par ses conséquences insoutenables pour le compétiteur/adversaire qu’est aujourd’hui le Kremlin le choix militaire de transgresser ses intérêts vitaux et trop coûteuse la tentation de tester sa résolution à se protéger et à protéger les pays européens et alliés. C’est à nous de décourager Moscou de poursuivre ses entreprises agressives. C’est au Kremlin de peser les risques, d’évaluer les conséquences. A lui le poids de l’incertitude.
  • Quatrième point : ce nucléaire radical est désormais épaulé par une force/rideau conventionnel française d’intimidation militaire permanente collectivisée par l’Otan ; elle constitue une mise en garde militaire contre tous les tests de notre vigilance et de notre résolution. Ce contrefort conventionnel de précaution se double d’une capacité de nuisance active et de riposte dans les champs du combat informationnel et cyber.
  • Cinquième point : cette posture comporte également des procédures d’avertissements modulés et personnalisés (coups d’épingle, de semonce ou d’arrêt) sur toute l’étendue des vulnérabilités non militaires de la Russie, y compris dans les domaines « hors limite » des ciblages judiciaires et financiers.

C’est sur ces bases concrètes et non spéculatives avec les moyens existants que la posture militaire de la France peut et donc doit se déployer. C’est ainsi qu’il faut agir pour relever le défi de la confrontation potentielle avec la Russie. C’est ainsi qu’on neutralisera sa détermination supposée de recouvrement par la force des terres impériales russes et soviétiques.

Le caractère dissuasif de la force nucléaire stratégique de la France continue de reposer en 2025 comme aux origines sur l’équation des 5 i : volonté inaltérable d’une riposte atomique imparable aux effets incomparables avec des dommages inacceptables en cas de transgression délibérée de ses intérêts vitaux car existentiels. Ce qui est nouveau, c’est que les mises en garde, discrètes ou solennelles, ponctuées de signalements et d’avertissements peuvent sans doute intégrer aussi les réponses au coup par coup aux actes d’ingérence dans le champ informationnel et aux destructions cyber qui sont devenus habituels même s’ils restent délicats à attribuer.

Pour Moscou, Varsovie, Berlin, Rome, Londres ou Stockholm mais aussi pour Washington, notre dissuasion traduit le caractère souverain de la conscience d’elle-même et de ses intérêts existentiels d’une France qui s’en est dotée dès 1964. Elle renvoie l’adversaire à la pesée des risques majeurs encourus s’il voulait les transgresser. Elle repose sur la capacité nucléaire militaire démontrée et la pertinence politique affichée de la direction du pays. Elle entretient le doute chez le perturbateur ou le contradicteur sur la nature et l’étendue de ses intérêts.

Mais cette posture cohérente et complète qui maintient les garanties négatives de sécurité que Paris et Moscou valident régulièrement à Genève n’est compatible ni avec la banalisation de notre force stratégique pour exercer un leadership conventionnel européen, ni avec l’offre d’une garantie nucléaire à un allié exposé comme Varsovie pour pallier le défaut américain, ni avec l’articulation avec un dôme antibalistique pour engager un combat défensif estimé gagnable qui a la faveur de pays ayant renoncé au nucléaire civil ou militaire. Cette combinaison triomphale du dôme d’or promu par le président Trump est une nostalgie de l’IDS reaganienne.

Ceci réaffirmé, quelles conclusions en tirer ? Que faut-il ne pas faire ?

Perdre son sang-froid. Changer le paradigme de notre défense nationale dans l’urgence parce qu’une menace militaire directe s’est rapprochée de nos frontières européennes. Céder aux mirages trompeurs d’une guerre conventionnelle imminente en Europe, rentrer dans une longue « économie de guerre » alors que le pays est surendetté, faire d’un hypothétique combat futur « à l’ukrainienne » un modèle d’armée factice d’un combat que nous n’aurons pas à mener, décider sans nécessité opérationnelle cardinale de déployer des avions des FAS hors de France et des unités de combat de réassurance sur le territoire ukrainien. C’est inapproprié.

Bien au contraire, en ligne avec notre posture dissuasive, ne pas hésiter à émerger avec sagesse au-dessus de la mêlée confuse pour enclencher un sérieux bras de fer avec une Russie qui menace des pays européens, un sérieux débat avec une Ukraine qui devra renoncer aux frontières de 1994 pour obtenir des frontières sûres et reconnues, prendre ses distances avec une administration américaine qui chamboule tout y compris les fondations de sa propre sécurité et renonce au soft power qui lui avait si bien réussi et régulé bien des tensions.

Comprendre enfin que le temps des menaces militaires est dépassé, que la guerre d’Ukraine est un anachronisme, un héritage indigeste du temps des empires, à un moment marqué par la fragmentation d’un monde réduit à un terrain vague stratégique et par la compétition économique radicale qui relativisent les options militaires dans les conflits en cours.

Nous devons apprendre la dialectique des vulnérabilités et rechercher d’abord toutes celles qui fragilisent notre pays et que peuvent exploiter les prédateurs étatiques ou non, criminels ou opportunistes qui s’impliquent en Europe ou rôdent autour des sociétés prospères du vieux continent.

C’est ce renversement de perspectives qu’il faut préparer pour redonner au pays confiance en sa sécurité, fierté dans ses capacités et ambition pour son avenir.

Notre doctrine de défense nationale est cohérente et globale mais ses moyens sont trop comptés. Nous n’avons ni la nécessité, ni les moyens ni le temps d’en changer alors que la guerre s’éternise en Ukraine et qu’un statu quo critique pourrait s’installer sur la ligne de front.

Soyons bien convaincus que l’ombre portée par l’arme nucléaire stratégique française sur la sécurité européenne est la clé de la sécurité de la France, un facteur de stabilité essentiel pour le continent et qu’elle contribue à l’autonomie stratégique des pays européens.

Jean Dufourcq
CA(2S), membre honoraire de l’académie de marine, fondateur et directeur du cabinet de synthèse stratégique La Vigie (
www.lettrevigie.com).

[i] Poursuite d’une réflexion sur la marche du monde publiée dans la Revue Politique et parlementaire. Après les tribunes du 2 janvier « transition stratégique actuelle » et du 12 mars « transition stratégique européenne « Sortir de l’ancien régime transatlantique, européiste et nucléaire », voici une analyse du dilemme sur lequel bute le haut commandement français et une recommandation de stratégiste.

Jean Dufourcq

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