« Personne n’a oublié qu'en 1936 le gouvernement de Front Populaire que dirigeait Léon Blum a, en quelques semaines, réalisé plus de réformes que ses prédécesseurs pendant un demi-siècle. » (Changer la vie. Programme de gouvernement du Parti socialiste, Paris, Flammarion, 1972, p. 2.)
Il y a tout juste cinquante ans, cet extrait du programme socialiste donnait l’une des clefs de compréhension de l’imaginaire du Front populaire à savoir l’espoir suscité par cette courte expérience de gouvernement 1936-1938, qui a profondément changé la société française. Cet imaginaire revêt alors plusieurs dimensions : sociale, politique et culturelle. Événement mythique, inscrit au Panthéon des gauches, le Front populaire est une étape historique ayant suscité des espoirs ou des désenchantements, mais aussi des peurs et une aversion, ses traces restent profondes au sein des imaginaires politiques. N’oublions pas qu’au moment même de l’installation du gouvernement de Léon Blum, Charles Maurras déversait sa haine antisémite : « Le cabinet juif est fait. On peut dire : – il n’y a plus de débat sur la question sociale entre Français… Le cabinet Blum pose la question nationale. C’est le débat entre nationaux et antinationaux », L’Action française, 5 juin 1936.