Mardi 15 novembre au Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), les trois agences d’attractivité de la région des Hauts-de-France et des métropoles de Lyon et d’Aix-Marseille étaient réunies dans le cadre des 17e États de la France avant de remettre des recommandations au Président de la République en décembre prochain. L’occasion, pour ces agences, de témoigner de leur contribution active à l’attractivité globale de la France, et de chasser, une bonne fois pour toutes, tout complexe vis-à-vis des grandes capitales européennes. Mieux calibrés et outillés pour répondre aux défis de demain, ces espaces n’entendent plus jouer les seconds rôles, notamment en matière de décarbonation.
Crise énergétique, défi climatique, mais aussi nouvelles aspirations des talents, recherche d’un meilleur cadre de vie : dans cette époque de grand chambardement des économies et du rapport au travail, régions et grandes métropoles françaises proposent aux entreprises et aux investisseurs étrangers des stratégies d’implantations fructueuses et porteuses de sens pour les territoires.
S’appuyant sur des héritages industriels et des écosystèmes différenciés, les grandes régions et métropoles françaises font le pari de transformer d’anciennes filières et d’en créer de nouvelles pour fertiliser les activités anciennes.
Mieux armés que la mégalopole parisienne pour stimuler les économies circulaires et mettre en place des stratégies pertinentes dans leurs bassins régionaux, ces espaces sont à même de proposer des solutions nouvelles aux enjeux de court, moyen et long terme.
Tour d’horizon, au long de l’axe Dunkerque-Fos-sur-Mer, dans les Hauts-de-France, à Lyon et à Marseille, de cet empowerment de la « province » autour de trois piliers : complémentarité, excellence et cohérence.
Hauts-de-France : une dynamique régionale pour un développement économique durable
Poursuivant une politique volontariste en matière d’attraction des investissements directs étrangers, la Région Hauts-de-France s’est fixée plusieurs objectifs. Tout d’abord celui de maintenir la dynamique positive créée en matière d’emplois ces dernières années où, grâce aux IDE, près de 30 000 emplois nouveaux ont été annoncés depuis 2016. Agir ensuite au bénéfice de toute la région ; car même si la Métropole de Lille reste très attractive, la majorité des IDE accueillis ces dernières années dans les Hauts-de-France se sont concrétisés sur d’autres territoires. Enfin contribuer à la transformation de l’économie régionale, notamment dans la mise en œuvre de la stratégie REV3 (3e Révolution Industrielle).
REV3 est une dynamique régionale de développement économique durable à la croisée de trois grands domaines : la transition énergétique, la mutation technologique (notamment numérique : IoT, IA, …) et les nouveaux modèles économiques (économie circulaire, économie de la fonctionnalité…). Elle vise en particulier à faire des Hauts-de-France une région leader en Europe en matière de décarbonation, notamment de ses activités industrielles.
En tant qu’agence de promotion économique, Nord France Invest inscrit son action dans la poursuite des objectifs régionaux, en suscitant l’arrivée de nouveaux IDE.
Ces investissements sont engagés dans les filières d’excellence : transport et mobilités, santé et alimentation, économie des ressources (chimie verte, matériaux, bâtiment, bois), filière numérique et tertiaire supérieur et industries culturelles et créatives. En parallèle, ils sont appelés à soutenir les filières émergentes liées à la décarbonation et la transformation de l’économie régionale : cybersécurité, IA, bioéconomie (protéines, bioénergies, matériaux biosourcés/recyclés), logistique
verte.
Lyon : chimie, environnement et décarbonation
Connue pour sa Vallée de la Chimie, la Métropole de Lyon s’est engagée dans une transformation importante de la filière vers la chimie-environnement, mais aussi vers un ambitieux projet de décarbonation territoriale.
Cette dimension locale comme les nouveaux enjeux de l’économie mondiale servent de cadre à la nouvelle feuille de route de l’ADERLY, l’Agence de Développement Économique de la Région Lyonnaise.
En effet, dans ce contexte de tensions sur l’énergie, le foncier ou les ressources humaines, face à une double exigence de sobriété énergétique et de souveraineté économique, la question posée aurait pu être « à quoi bon attirer toujours plus d’entreprises étrangères ? ».
La crise sanitaire aura permis aux acteurs lyonnais engagés dans la gouvernance plurielle de l’Agence de soulever sans crainte cette question pour fonder un nouveau projet porteur de sens pour toutes les parties prenantes, permettant de répondre aux attentes des entreprises étrangères qu’elle accompagne comme des territoires qu’elle promeut.
L’orientation issue de cette concertation relève d’un postulat pragmatique : si les ressources sont rares, elles se doivent d’être préservées pour les projets ayant le plus d’impacts positifs pour les entreprises comme pour les résidents, et ce afin de garantir à la fois l’équilibre territorial à long terme mais également la performance des entreprises qui y investissent.
L’Agence et ses 40 collaborateurs privilégient ainsi aujourd’hui un accompagnement sélectif des projets, en se concentrant sur cinq dimensions considérées comme stratégiques au regard de l’ADN du territoire métropolitain : impact sociétal, productif, environnemental, territorial et coopératif. Tous se conjuguent dans les différentes filières stratégiques du territoire que sont la santé, la chimie, l’énergie ou les mobilités.
Aix-Marseille, métropole portuaire en mutation, territoire hyperconnecté
La Métropole Aix-Marseille-Provence, via son agence de développement économique Provence Promotion, met au cœur de son attractivité trois points principaux à savoir l’accueil des talents internationaux et de leurs familles, la transformation digitale grâce à la formation inclusive au numérique ainsi que la décarbonation de l’industrie grâce aux ressources de la plus grande zone industrialo-portuaire d’Europe du Sud.
Un des grands enjeux pour Aix-Marseille va être d’attirer des talents et de les retenir dans une période politique propice à un retour de nombre d’entre eux du Royaume-Uni et de Chine notamment. Plus largement des Français du monde entier retrouvent aujourd’hui le chemin de l’Hexagone après une période de coupure des relations lors de la crise Covid. La scolarisation en anglais ou dans d’autres langues étant souvent un frein pour le retour de ces familles, ces derniers vont pouvoir bénéficier dès la rentrée 2024 de la création d’une cité scolaire internationale au cœur du quartier d’affaires Euroméditerranée à Marseille. Choisir de revenir ne voulant pas dire se couper de ses attaches à l’étranger, ils pourront bénéficier sur la métropole du Sud des fruits d’investissements de 450 M€ de l’aéroport Marseille-Provence pour surfer sur ces nouvelles tendances..
Pour faire face à la pénurie de recrues pour la digitalisation des entreprises, le Gouvernement a annoncé la formation professionnelle de 400 000 Français au numérique d’ici 2027 dont 20 000 à Marseille. Pour réussir à alimenter les recrutements des acteurs du numérique et de leurs clients, trois campus professionnels ouvriront dans les trois ans dans la cité phocéenne à l’initiative d’entrepreneurs à succès : L’Épopée, la Plateforme et Théodora.
Trait d’union entre l’Europe, la Méditerranée, l’Afrique, l’Asie et le Moyen Orient, Aix-Marseille est une métropole portuaire mondiale de premier plan.
Fortement marquée par un tissu industriel historiquement carboné et un espace méditerranéen considéré par le GIEC comme la région du monde la plus impactée par le changement climatique, la métropole se trouve donc au centre du jeu pour la décarbonation du secteur maritime. Cette ambition est au cœur de la stratégie de l’agence d’attractivité de la métropole, Provence Promotion, qui, en lien avec les grands industriels, entend cibler des entreprises s’insérant dans les écosystèmes existants pour former des boucles d’économie circulaire, détecter des disrupteurs et appuyer la réalisation de leurs démonstrateurs sur les sites industriels.
Cette relocalisation espérée d’entreprises et de talents numériques notamment sera d’autant plus opportune que la France est le seul pays en Europe à disposer de deux hubs d’hyperconnectivité dans le top 5 mondial : Paris et… Marseille.
Bertrand Foucher
Directeur Général de l’Aderly Invest in Lyon
Yann Pitollet
CEO de Nord France Invest
Philippe Stéfanini
Directeur Général de Provence Promotion