Pour Damien Lempereur, porte-parole de Debout la France, l’Union européenne est le principal frein à la création de champions de taille à rivaliser avec nos concurrents américains ou chinois. Il nous explique pourquoi.
La puissance des multinationales américaines ou chinoises face aux entreprises européennes est un paradoxe. Peu après les dévastations de la Seconde Guerre mondiale, la France et les autres Etats d’Europe de l’Ouest ont pu relever les défis de la seconde moitié du XXe siècle en créant Airbus, Ariane et leur filière nucléaire face à Boeing et aux filières spatiales et nucléaires américaines.
Maintenant que nous sommes complètement remis de la guerre et que les Etats européens libres sont bien plus nombreux grâce à l’effondrement de l’URSS, les Etats-Unis créent les champions du XXIe siècle quand les entreprises européennes peinent à grandir.
Nous avons créé des n° 1 mondiaux à six pendant la reconstruction et nous ne parvenons pas à créer des champions à vingt-huit 70 ans après la guerre !
Ce nanisme n’est pas le résultat d’un hasard mais de la politique délirante de la Commission européenne, matérialisée par deux règlements édictés en 1989 et en 2004 (le premier avec l’accord du PS, alors au pouvoir en France, le second avec l’accord de l’UMP/LR). Ces règlements inspirés par le dogme de la concurrence ont octroyé à la Commission européenne un droit de veto sur la création de nouvelles entreprises par fusion, rachat ou mise en commun des ressources. Aucun rapprochement important ne peut être effectué sans l’accord préalable de Bruxelles, qui refuse toute création d’une entreprise qui pourrait dépasser environ 40 % sur l’un de ses multiples marchés. Autant dire que toute création d’un champion français ou européen est exclue dans un tel système.
Dès 1991, la Commission européenne n’a pas hésité à interdire à Airbus/Aérospatiale d’acquérir un important concurrent canadien… alors que même les Etats-Unis ne s’y étaient pas opposés ! Selon Bruxelles, l’opération risquait de créer un géant qui aurait dominé plusieurs marchés d’avenir (évidemment, c’est tout l’intérêt). Comment peut-on être assez fou pour interdire à Airbus de s’agrandir ?
L’UE n’a pas craint de récidiver en 2015-16 en limitant le rapprochement entre notamment Airbus et Ariane dans le secteur spatial. Là encore, Bruxelles a limité le rapprochement car Airbus-Ariane-Safran aurait risqué d’écraser la concurrence, y compris la concurrence américaine…
Les exemples d’interdiction des rapprochements ou de sévères limitations se comptent malheureusement par dizaines et ont notamment conduit au démantèlement de Péchiney, interdit d’agrandissement, à l’obligation faite à Total de revendre une partie du groupe Elf (français lui aussi) ou encore à l’interdiction du rapprochement Schneider/Legrand de peur de créer un géant français…
La politique restrictive de la Commission européenne est maintenant si bien connue que tous les projets de création de champions industriels sont abandonnés avant même de solliciter l’autorisation de Bruxelles.
A quoi bon solliciter une autorisation qui sera manifestement refusée ?
En matière industrielle, l’Union européenne est le principal frein à la création de champions de taille à rivaliser avec nos concurrents américains ou chinois. Passe encore que les institutions européennes ne servent à rien (encore que ce rien coûte aux Français près de 10 milliards € par an) mais les défis du XXIe siècle ne nous permettent plus de participer à la compétition mondiale avec un handicap tel que les règles de concurrence délirantes de l’UE !
Les euro-béats nous disent qu’ils réformeront ce système alors que les esprits raisonnables ont tiré la sonnette d’alarme dès 1991 (quand Bruxelles a interdit l’agrandissement d’Airbus au Canada). Et comme disait Einstein, la folie ne consiste-t-elle pas à faire confiance à ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ?
La création de champions français et européens est un impératif du XXIe siècle or la seule façon d’autoriser nos entreprises à se rapprocher est d’arracher à la Commission européenne le droit de veto que les LR/PS lui ont accordé.
C’est pourquoi Debout la France propose dans son programme des européennes la suppression du droit de veto de l’Union européenne sur les rapprochements entre entreprises.
Damien Lempereur
Porte-parole de Debout la France