N’en déplaise aux sceptiques, l’être humain est inondé de culture : d’abord de celle qui vient de ses racines familiales. Puis de celle qui vient de ses avancées ou traumatismes de l’enfance. Après figure celle qui vient du savoir qui lui a été transmis par les institutions – au premier rang desquelles se place le système éducatif – ou par son adhésion à des croyances. S’il est inondé de culture, l’être humain mondialisé est très largement soumis à la pression des écrans. Ainsi, son système d’incorporation sédimentaire culturelle est désormais placé sous le diktat des écrans que ceux-ci soient télévisuels ou de type ludo-éducatif.
Entre l’écran plasma et le jeu vidéo, quelle peut-être la place de la culture ?
Entre l’explosion du nombre de chaînes, des plateformes et la multiplication des supports de jeux, comment imaginer et appréhender le champ résiduel ( ou non ) de la culture ?
Pour tenter de localiser les termes de ce choc frontal, il faut d’abord définir – ou retenir une définition parmi des centaines – du mot de culture.
Il y a près de quarante ans, l’UNESCO adoptait sa déclaration de Mexico ( 1982 ) où il est inscrit : ” Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. “
Bien évidemment, ici la notion de culture parait vaste mais ainsi libellée, sa définition n’en demeure pas moins pertinente. Le concept touche à l’histoire du groupe autant qu’à son devenir. A ses modes de vie nécessairement évolutifs comme à ces points affectifs intangibles tel le respect des Anciens en Afrique par contraste avec un Occident qui devient une ” grey-society ” mais ne montre que peu de considération pour les plus âgés.
La culture est d’abord un ensemble de traits distinctifs qui se diluent progressivement dans ” l’américanosphère ” décrite par l’historien et sociologue Gérard Vincent dès le début des années 80.
Modes d’alimentation et surcharges pondérales, superficialité de certains rapports sociaux, communautarismes et ghettos sociaux – un sujet français de pleine actualité – sont des productions américaines que les Etats-Unis ont hélas laissé prospérer chez eux et donc s’exporter.
Les statistiques divergent mais nous savons qu’un jeune nord-américain passe des heures, quotidiennement, devant ses écrans : séries télévisées, jeux, réseaux sociaux. Si les séries sont clairement préoccupantes, c’est souvent par la faiblesse de leurs scénarios et par la violence qu’elles véhiculent. Le philosophe Michel Serres a indiqué qu’un téléspectateur assidu ( 3 heures par jour ) est contraint de voir plus de 13.000 crimes par an ce qui ne peut manquer d’avoir une influence comportementale sur certains sujets plus fragiles que d’autres.
Loin du projet mille fois répété et affirmé mais peu mis en musique du ” mieux-disant culturel “, la télévision n’est pas une arme par destination mais peut, ici et là, tragiquement être le support de passages à l’acte, de barbaries dans des écoles issues de tireurs à peine sortis de l’adolescence mais imbibés de séries violentes.
Des archives de différentes polices du globe attestent que les coupables font, lors de leur audition, un lien entre le ” vu à la télé ” et les faits pour lesquels ils seront condamnés.
Selon la phrase de l’ancien Président de TF1, Patrick Le Lay, ” le temps de cerveau disponible ” doit donc – face à l’écran – comporter la face sombre des pensées de certains publics. Concrètement, en épaulant différentes associations, il peut donc être calmement mais légitimement demandé aux auteurs de fictions de ne pas gorger de détails – dignes de la médecine légale – les scènes les plus dures, les plus ” trash “, de leurs œuvres.
A côté de cette violence qui s’auto-expulse de l’écran pour ensevelir quelques-uns et les faire déraisonner, il existe une force d’attraction qui se nomme le sport cathodique.
Loin des stades et près de leurs canapés, bien des pères de familles qui n’ont pas le temps d’effectuer quelques pas avec leurs enfants, préfèrent rester collés devant un écran où le pas des joueurs ( de football, de basket, etc ) prend la main sur leur emploi du temps.
Tel un aimant, est-on certain qu’une épreuve de natation, fût-elle des Jeux Olympiques à venir de 2024, puisse systématiquement être mise en équivalence avec le charme de la déambulation parmi les objets chargés de souvenirs d’un vide-greniers avec quelques amis ? Peut-on comparer ces deux types de moments où la solitude domine au regard d’un espace extérieur de convivialité qui, de surcroît, attise l’œil et la curiosité intellectuelle. Regarder avec respect et admiration une épreuve avec le nageur Alain Bernard (ou autrefois Laure Manaudou ) ne peut pas être mis en équivalence avec un éclat de rires, entre copains ou belles-sœurs, face à un objet baroque proposé par un de ces vendeurs amateurs de brocante.
D’un côté, il y a un univers immédiat de consommation d’images et d’évènements, de l’autre il y a une dégustation partagée avec autrui.
La culture, c’est d’évidence la mise en commun de nos émotions ou répulsions face à l’objet ou face à l’histoire qu’il véhicule.
La culture a un rapport avec le temps long comme l’a si clairement écrit Julien Green (La bouteille à la mer) : ” Il faut des années de lecture attentive et intelligente pour goûter la prose et la poésie qui ont fait la gloire de nos civilisations. La culture ne s’improvise pas “.
Voilà un premier marqueur pour notre réflexion : dans un siècle où l’instant est le mètre-étalon de bien des facettes des rapports humains, la culture suppose un temps d’acquisition pour en extraire la saveur. Il en est de même pour certains mets complexes voire pour certains flacons de bon vin qui méritent une forme d’initiation. Or, l’écran – lui – est un dispensateur direct d’informations qui par l’universalité du public qu’il atteint mécaniquement ne peut se placer sous le sceau de l’apprentissage.
Si apprendre demeure le plus souvent un acte peu coûteux (prix d’un film acheté à la demande, prix d’un livre sur Kindle, etc) sur écran comme sur papier, l’aspect gratifiant n’est pas le même.
Certains films cultes tels que ” Les tontons flingueurs ” ou ” Z ” de Costa-Gavras méritent bien évidemment d’être périodiquement revus mais ce n’est pas la même recherche que lorsque nous éprouvons le besoin d’un moment de calme pour relire un poème de Paul-Jean Toulet ou un extrait d’un texte d’Harold Pinter.
Ce n’est donc pas le prix, donc l’argent de notre société très matérialiste, qui peut fournir un révélateur pertinent de tout premier rang.
Observer en montagne tel ou tel chemin peut faire penser aux épreuves de l’alpiniste puis homme politique Maurice Herzog : autrement dit, la puissance de notre esprit est souvent issue de notre capacité à associer des idées, à mettre un rêve sur du réel, ou à contextualiser une situation banale (le parfum d’une femme autrefois aimée ) pour la hisser au rang de souvenirs précis sortis de notre mémoire.
Cette rêverie chère à Gérard de Nerval qui écrivit ” Le rêve est une seconde vie ” ( Aurélia ) est un immense avantage de l’homme ou de la femme cultivée : la capacité de contextualisation et la translation de l’être dans le temps de sa propre existence sont exercices de culture.
Nous sommes alors un peu loin des MMORPG : jeux de rôles en ligne massivement multi-joueurs ( ” massively multiplayer online role playing games ” ) où l’écran rime alors avec relâchement d’identité ( avatar ). L’irruption dans son salon, ou pire dans sa chambre à coucher au détriment des rythmes nycthémères, d’une vie irréelle peut aller jusqu’à engendrer des situations de dépendance, d’addiction voire de troubles comportementaux plus sévères tels que l’épilepsie.
L’avatar devient le papier buvard des fantasmes de son créateur qui gomme sans fard son statut d’homme et accepte de plonger dans la piscine vide du monde de l’irréel.
Dans ” Malaise dans la culture ” (1929 ), Freud a nommé les ” briseurs de soucis ” qui font qu’il est possible de ” se soustraire à chaque instant à la pression de la réalité et trouver refuge dans un monde à soi offrant des sensations meilleures “. Là nous sommes sur un des vecteurs du danger de l’écran qui permet la création de l’avatar, qui provoque la dissociation d’identité dans une configuration nettement plus préoccupante que si, en tant que lecteur, vous vous identifiez à un héros de roman.
La sensation charnelle qui peut étreindre le lecteur qui tourne, physiquement, les pages d’un ouvrage s’estompe devant le péril un tantinet schizophrène de cet avatar qui ne connait aucune limite et ignore le code civil et a fortiori le code pénal. A l’illusion de liberté se heurte l’attentat possible aux libertés individuelles du fait de la toxicité possible de ces faux briseurs de soucis.
Jean Guéhenno a su écrire : ” C’est l’extrême de la culture de savoir s’amuser avec soi ” ce qui doit nous inciter à l’indulgence face à ces milliers de paires d’yeux qui donnent vie tangible à leurs avatars au détriment de tant d’autres foyers d’occupation.
Car, nous ne pouvons faire l’économie de constater que des personnes débordées, aux emplois du temps redoutables, ont néanmoins le temps de jouer – un certain temps voire un temps certain – à des jeux de type Candy Crunch sur Facebook.
Paradoxe de personnes qui n’iraient pas voir une exposition – même privatisée et confortable – au Musée Cernuschi ou à l’Institut du Monde Arabe mais qui dilapident leur temps devant une scène fictionnelle qui ne dépasse pas le statut du maigre passe-temps.
Dans ce panorama qui pourrait ressembler au noir de Soulages, nous voulons voir la beauté du bleu Klein au travers de faits plus récents. Tout d’abord, le succès massif, populaire et mérité de trois lieux : le Louvre de Lens, Beaubourg à Metz et le Mucem de Marseille. De ces trois succès, il y a une leçon gargantuesque à émettre à haute et intelligible voix : la culture est réclamée et l’art est appelé de toute part en respectant la loi bien connue des économistes de Jean-Baptiste Say : ” L’offre créé sa propre demande “.
A ceux qui douteraient et voudraient être des ” pisse-vinaigre ” pour prendre un terme du Général de Gaulle, qui peut nier le succès du Musée d’Orsay ou plus récemment du Quai Branly (le musée Chirac ? ) ?
Cette soif de contenu culturel touche autant le public scolaire en opportunes sorties que les retraités qui ne veulent pas imaginer leurs existences rythmées selon la programmation de ” Questions pour un champion ” par ailleurs bien menée et ludo-récréative et culturelle.
Si tout le monde est orphelin d’ “Apostrophes ” et du bourguignon Bernard Pivot, tout le monde ne peut pas suivre assidument ” La Grande Librairie ” ou feu les émissions de Daniel Picouly. En revanche, il faut constater que l’écran sait avoir un parfum de douceur vanillée lorsqu’il distille le fait culturel via des émissions de court format comme ” D’art d’art ” ou ” Un livre, un jour ” voire lorsqu’il les insère subtilement dans des émissions dites de grand public.
Dans ” L’Arbre du Monde “, le sage Ibn Arabî (1165 – 1240) explique que l’homme parfait est comme ” arbre de l’univers “. Ainsi, il est visualisable tel un arbre universel qui prospère de manière grandiose tout en étant ” arbre de vie ” du fait que ses multiples branches accueillent les nids de plein d’oiseaux. L’homme qui aime la culture est dans un mouvement qui ne cesse jamais et ainsi prétendre au statut d’arbre de vie, c’est aller vers l’Autre. C’est bel et bien se déployer quotidiennement afin de nourrir l’échange, le débat voire la polémique.
Il y a près de mille ans, Ibn Arabî a exposé comment le musulman a pour projet terrestre de créer et de protéger la vie, autrement dit de rejoindre ce que notre République et ses libres penseurs ont nommé fraternité. Hélas, crises économique et morale obligent nous recensons des frictions où la fraternité s’estompe. Comme l’a écrit Régis Debray (Le moment fraternité, 2009 ) : ” Il y a des nous sans fraternité mais il n’y a pas de fraternité sans nous. …/… Là où il y a un nous, il y a une sacralité ; et là où le nous se disloque, le sacré s’estompe “.
Dans nos sociétés européennes, c’est effectivement la place du ” nous ” qui est le nœud gordien de notre avenir commun : paisible ou conflictuel selon ce que l’Histoire et ses forces nous désignera comme route et selon nos doutes quant à ce fameux ” nous ” qui jouxte le vivre ensemble.
Traitant du vivre ensemble, une observation doit être rapportée : il existe des lieux où les écrans portent la convivialité, portent le regard commun et la culture partagée. Il s’agit des écrans en plein air de type cinéma d’été mais surtout des concerts de type Rock en Seine ou Printemps de Bourges sans même s’appesantir sur le formidable moment à Central Park ( New-York 19 Septembre 1981 ) qui nous a été offert par le concert de Simon & Garfunkel.
Oui, les écrans en plein air jouxtant la scène – et parfois la Seine – sont des moments de fraternité culturelle où l’Autre – cet inconnu – devient ” notre ” voisin, donc notre égal.
Vingt ans plus tard, en septembre 2001, des milliers d’hommes et de femmes telles des ” virgules noires ” (NY Times ) tombaient des tours jumelles ( World Trade Center ) et faisaient verser notre début de siècle dans une suite d’évènements que bien des pays ne maîtrisent pas : Irak, Afghanistan, Libye, Mali au plus grand dam de leurs populations otages de la folie de quelques uns.
Ce début de siècle nous propose de facto un fracas (Ukraine ) où l’harmonie culturelle et cultuelle doit être, sans relâche, recherchée. Edgar Morin a écrit dans ” L’Esprit du temps ” : ” La culture de masse est ainsi l’aventure des vies sans aventures, le dénuement des vies confortables, le confort des vies dénuées, le crime du père de famille honorable, la noblesse des êtres sans noblesse, la cruauté des âmes sensibles, la sensibilité des insensibles. “
Objectivement, le monde a changé et basculé vers autre chose. Nous le sentons, pire nous le pressentons au prix d’angoisses collectives.
La culture de masse est bien davantage un moyen sournois de maîtrise sociale collective et nos existences ne sont plus le reflet ” de l’aventure des vies sans aventures “. Au dernier trimestre 2023, plus de 8.000 chômeurs additionnels viendront rejoindre un groupe de plus de 3 millions de personnes tandis que – chiffre rarement cité – plus de 40.000 quitteront chaque mois tout système d’indemnisation et seront contraints d’aller vers des dispositifs de type RSA.
Comment faire prospérer la culture pour le plus grand nombre que voulait le génial André Malraux ( Maison de la Jeunesse et de la Culture ) dans de telles conditions sociétales ?
Dès 1972, Hannah Arendt a su écrire ” La crise de la culture ” dont certains points saillants font encore autorité. Ainsi, elle cherche à protéger les enfants et écrit : ” Plus la société moderne supprime la différence entre ce qui est privé et ce qui est public, entre ce qui ne peut s’épanouir qu’à l’ombre et ce qui demande à être montré à tous dans la pleine lumière du monde public, autrement dit plus la société intercale entre le public et le privé une sphère sociale où le privé est rendu public et vice versa, plus elle rend les choses difficiles à ses enfants qui, par nature, ont besoin d’un abri sûr pour grandir sans être dérangés “.
Trois points d’évidence issus de l’observation : oui, la sphère sociale est croissante voire envahissante et intrusive (écoutes NSA, potentiel des nanotechnologies, reconnaissance faciale, etc ). Oui, des pôles de culture personnelle doivent ” s’épanouir à l’ombre ” pour l’équilibre du sujet. Oui, les jeux qui ouvrent sur le monde entier sont porteurs d’espoirs de fraternité de type internationale mais n’oublions jamais ces écrans remplis de messages hostiles qui poussent aux suicides certains de nos adolescents, brimés par technologie interposée ou par les infâmes campagnes de harcèlement.
Face à l’inflation des séries américaines et de leur indéniable succès, il ne faut pas gommer que le téléspectateur est bien souvent avec une disponibilité partielle car éreinté par son trajet domicile – travail (qui est en hausse tendancielle ) et par le stress de la vie professionnelle contemporaine.
Face à cet esprit relâché, la vulnérabilité de récepteur est là face à face avec le locuteur qui n’offre pas toujours toutes les garanties déontologiques.
Il y a le regard immédiat : il y a aussi la rémanence du contenu où le récepteur est souvent ” vu ” à travers le prisme du consommateur qu’il demeure. A ce stade, nous sommes si loin des motivations de Jean Vilar ou de feu Patrice Chéreau. De Chaillot à Nanterre, il y a des caillots dans les artères de la culture dite populaire. Parmi ces caillots, il faut nommer la discrimination sociale.
Le public d’une exposition sur les masques africains au Musée Jacquemart André n’est pas en rupture de ban avec la société. Il est une autre frange de la société que ceux qui préfèrent assister à un spectacle du savoureux humoriste Bernard Mabille.
Dès lors, la culture doit – au travers de ses praticiens et concepteurs – veiller à ne pas produire sciemment des œuvres qui segmentent la population sauf à alimenter virilement et indûment ” la reproduction sociale ” chère à Pierre Bourdieu.
En guise de conclusion de cette contribution, il faut évoquer la généralisation, via les écrans de la télévision, de la dérision.
Qu’il s’agisse de brocarder une élite un peu trop installée ne peut nuire à la vie sociale. J’en suis le premier convaincu. Tout autre est le chemin de la critique permanente des Institutions qui fournissent une colonne vertébrale à un pays.
Désormais, le moindre pitre qui veut critiquer une décision de Justice a antenne ouverte tout comme bien des faux talents qui savent moquer plutôt que créer. Moquer au sens de dénigrer, de démolir autrui.
Parallèlement, l’extension de la place des faits divers ou surtout l’étalage des détails sur un viol ou un crime n’apporte rien de plus à la véritable information mais nourrit le culte du sensationnel. La culture de la compassion est digne en cas de ” marche blanche “, elle est obscène lorsqu’elle laisse la place à une culture de trou de serrure, d’”insider ” qui manipule, telle une grenade dégoupillée, son sens pervers de la curiosité.
Rapporter les tristes faits récents de Nanterre, ce n’est pas colporter de la médecine légale et ainsi exciter les instincts morbides. La synesthésie, la perception simultanée de l’œil et de la mémoire, génèrent des flots d’émotion qui drainent des flux de raisonnements approximatifs. Au fond, pour s’en convaincre, il suffit d’écouter de longs instants les dérives de certains raisonnements de quelqu’un comme Éric Zemmour.
Exemple de l’homme cultivé mais dont la culture est hors-sol puisque même si ses analyses souffraient l’exactitude, il leur manquerait l’indispensable plan d’action.
La France souffre et tout un chacun comprend que la victime d’un plan social n’ait pas le cœur de se mettre à lire Heidegger.
De là à voir ses enfants condamnés à se gaver de séries violentes dès 17 heures, il y a plus qu’une épaisseur du trait.
Marcel Jullian, président d’Antenne 2 (préalable de France 2 ) était un homme de lettres et un homme féru d’humour et de culture. Pour avoir eu la joie et l’honneur de travailler sur un projet éditorial avec lui (collection de poésie dite : Vagabondages ), je peux conclure en indiquant que, pour lui, la culture rimait avec l’émancipation voire avec la Liberté avec un L majuscule.
Pour l’instant, nous glissons vers un monde où nous disposons de plus de 250 chaînes de télévision sans compter des supports comme YouTube ou DailyMotion. Autant dire que cette offre à profusion rend de vive actualité les thèmes abordés supra.
Pour le reste, nous avons cette si puissante phrase de Jules Renard : ” Quand je pense à tous les livres qu’il me reste encore à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux “. (Journal, 1890 ).
Trêve de faux-semblant : combien d’entre nous pourraient-ils dire les mêmes mots en changeant le terme de ” livre ” par ” fiction télévisuelle ” ?
Donc notre culture nous permet encore beaucoup de lucidité par-delà la dynamique dangereuse des écrans dont certains sont effectivement bien plats !
Jean-Yves Archer
Économiste et membre de la Société d’Economie Politique