Chaque soir à 20 heures, depuis leurs fenêtres, les Français, applaudissent l’implication et le dévouement des personnels de santé et de ceux qui s’engagent à chaque instant face à la pandémie. Une ferveur collective qui ne cesse de se confirmer, jour après jour. Une lueur dans cette sombre période pour Mathilde Aubinaud, communicante.
Remercier du dévouement
19h57, 19h58, 19h59 et 20h00. Le compte à rebours est lancé. On s’agite, on se prépare. On ouvre grand les rideaux, puis les fenêtres tout en regardant sa montre pour être à l’heure. Référence cathodique, le « 20 heures » se joue également depuis les balcons et les fenêtres des Français, depuis le confinement face au coronavirus. Partout en France, les voilà qui, depuis des immeubles entiers, rendent hommage au travail des personnels soignants et de l’ensemble des personnes mobilisées en première ligne pendant plusieurs minutes. Applaudissements, sifflements, cris et Marseillaise se succèdent et s’entremêlent, soirée après soirée.
Chaque jour, ces clameurs se manifestent de plus en plus et toujours plus fortement. On participe à cet élan de joie en tapant des mains et en chantant. Aussi, les voisins parisiens de l’artiste lyrique Stéphane Sénéchal l’ont longuement applaudi à la suite de sa prestation depuis sa fenêtre du IXè arrondissement parisien, chantant « pour nos amis italiens, pour notre personnel hospitalier du monde entier […], pour tous les souffrants ».
Un temps de communion
Ensemble et solidaires. Ces rendez-vous réguliers depuis les fenêtres et les balcons des immeubles sont nés en Italie. Une initiative qui traverse les frontières. Plusieurs pays ont pris le pli, à l’image de l’Espagne ou la Belgique, suivant l’initiative du pays qui entonne depuis plus d’une dizaine de jours, « Fratelli d’Italia », l’hymne national italien. Un appel à la fraternité, joyeux comme on le voit sur nombre de vidéos relayées sur les réseaux sociaux comme Facebook. Les voici qui participent à « un immense concert ». Ils se font chanteurs et instrumentistes. On entonne des airs, on tape des mains avec enthousiasme. Des ondes positives y sont véhiculées pour manifester attachement et dévouement aux personnels impliqués avec leur dévouement.
On filme et on partage ce moment de communion collective qui ne cesse de se répandre. Les réseaux sociaux s’accompagnent, chaque jour davantage, de vidéos ; on leur perçoit, rues et résidences qui, le soir tombé, s’illuminent d’acclamations et d’applaudissement. Sur Twitter, ces comportements collectifs se confirment à coups de hashtags « #OnApplaudit », « #Applaudissements ». Les réseaux sont des relais pour apporter ses soutiens.
Plus que jamais, « leur qualificatif » « sociaux » leur convient comme alternative à la distanciation physique nécessaire.
On partage les vidéos de ses applaudissements de plus en plus audibles. Pour « adoucir notre confinement », Renaud Capuçon joue des morceaux, à l’image de la berceuse de Gabriel Fauré, avec l’application NomadPlay, plateforme musicale proposant de jouer en immersion avec des artistes et des ensembles.
Rompre l’isolement
Dans ces journées où chacun se retrouve confiné, ces minutes sont précieuses pour échapper à l’isolement social en raison du confinement à domicile. Un air de guitare, un chant lancé à l’attention de ces héros engagés en première ligne face à la crise. Un temps de rupture face à un confinement qui peut s’avérer bien souvent monotone. Cette parenthèse de quelques minutes, un joyeux brouhaha qui fait chaud au cœur, permet, de laisser en second plan, l’anxiété et l’angoisse qui peuvent être générées par le confinement. L’individu s’inscrit bien alors au sein d’un groupe : une famille, un quartier.
Ce rituel participe de la réaffirmation et à l’entretien du lien social tout en convoquant des émotions.
L’enthousiasme prend sa place.
Rendez-vous pris pour les prochains soirs.
Mathilde Aubinaud
Communicante
Elle vient de publier l’essai La Saga des Audacieux (VA Editions)