C’est depuis les locaux d’une Startup parisienne, BePatient, que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté la stratégie nationale e-santé 2020. L’objectif affiché est de pouvoir « accompagner les acteurs du système de soins dans le virage numérique et de permettre à la France de rester à la pointe en matière d’innovation ».
Alors que le rapport Pipame de février 2016 relève que les entreprises du secteur de l’e-santé souffrent « d’un handicap de taille et de visibilité sur les marchés internationaux » et que « le tissu industriel français reste immature », Marisol Touraine, ministre de la Santé, a dévoilé la stratégie gouvernementale sur le sujet. Elle doit permettre à la France « d’entrer pleinement dans l’ère de la médecine digitale » et se définit autour de 4 grands axes.
Mettre le citoyen au cœur de l’e-santé
Le numérique permet déjà de répondre à une variété de besoins exprimés par les patients, à travers des forums en ligne par exemple. Le plan prévoit d’aller encore plus loin à travers 3 priorités : renforcer et simplifier l’accès aux soins, développer les services aux patients pour favoriser leur autonomie et créer des outils de la démocratie sanitaire.
Internet permet entre autres de mettre en place la télémédecine pour accéder à des médecins spécialistes, ou encore de proposer, via des applications connectées, une offre de téléexpertise pour appuyer les médecins de premier recours dans la prise en charge de patients complexes ou de pathologies rares. L’accès à l’ensemble des données médicales personnelles, ainsi qu’une meilleure information font également partie de cette stratégie.
Quant aux outils de la démocratie sanitaire envisagés, l’objectif est de promouvoir l’expression collective des patients et citoyen, mais également les contributions individuelles. Une plateforme de consultation publique en ligne sera mise en place.
Soutenir l’innovation par les professionnels de santé
Le ministère affiche la volonté de faire de la France un acteur de référence dans le domaine de l’e-santé. Pour cela, plusieurs mesures sont proposées, comme le développement du numérique dans les cursus de formation des professionnels de santé, un soutien accru envers ceux qui s’engagent en faveur du numérique, ou encore à travers la co-innovation avec les patients, les industriels, les stratups ou les citoyens pour favoriser les démarches ouvertes et participatives.
Simplifier le cadre d’action pour les acteurs économiques
Le projet prévoit de se doter d’un cadre qui permet de réguler le secteur de l’e-santé qui présente des défis particuliers. Cela commence par l’établissement d’une gouvernance plus lisible et ouverte de l’e-santé, en optimisant le rôle de chacun, et en se dotant de priorités communes.
La puissance publique clarifiera également les vois d’accès au marché des solutions e-santé, pour limiter les incertitudes des acteurs économiques. Le choix est fait de financer et réguler « les systèmes d’informatiques collectifs, tels que le système d’authentification, les messageries sécurisées… »
Renforcer la sécurité des systèmes d’information en santé
Le numérique se présente enfin comme un levier de « modernisation pour les divers acteurs qui contribuent à la régulation de notre système de santé ». Alors que les systèmes d’information sont désormais « omniprésents dans le système de soins », les pouvoirs publics s’intéressent au bon fonctionnement et à l’intégrité de ces derniers.
Ils souhaitent également « lever les freins au développement du Big Data au service de la santé ». Des mesures concrètes seront bientôt annoncées dans ce sens et un administrateur des données de santé sera nommé au ministère de la Santé afin de travailler avec l’administrateur général des données.
Le ministère s’est par ailleurs engagé à mettre en place, dès l’automne, un conseil stratégique responsable de piloter « e-santé 2020 ». L’objectif : permettre à l’ensemble des personnes concernées (professionnels du secteur, usagers, industriels et institutions publiques) de s’investir dans le projet. Quant au financement de ce plan, Marisol Touraine avait déjà annoncé en mai dernier 2 milliards d’euros d’investissements dans la Santé, dont une partie porte sur le numérique et les systèmes d’information dans les territoires.
Alexandre Gavard