7 juillet au soir, une nouvelle Assemblée nationale se dessine. Deux options sont alors envisageables avec les forces en présence. La première : un bloc obtient une majorité absolue et c’est le début d’une cohabitation. La seconde serait que l’Assemblée reste, comme depuis 2022, dans une situation de majorité relative. Comment sortir alors de ce nouveau chapitre de la crise politique ? Et si Macron préparait une réforme de la Constitution ?
Le schéma d’une nouvelle Assemblée sans majorité claire est l’un des scénarios sur la table. Mais à la différence de 2022, un nouveau gouvernement ne pourrait pas tenir. D’une part, gauche comme droite avaient tancé Élisabeth Borne puis Gabriel Attal de ne pas avoir sollicité le vote de confiance. Ils seraient malvenus de s’y soustraire eux aussi. Et si le nouveau gouvernement faisait l’impasse sur ce vote, une motion de censure ne saurait tarder. Force est d’anticiper que le vote ne serait, en aucun cas, favorable au nouveau gouvernement minoritaire. Et cette fois-ci, le président n’a plus la possibilité de dissoudre une nouvelle fois.
La Constitution l’en empêche. On se dirigerait alors vers une situation insoluble. Et même si certains fantasment sur l’utilisation de l’article 16, Emmanuel Macron ne pourrait l’utiliser pour une durée trop longue en attendant de pouvoir, de nouveau, convoquer les Français aux urnes.
Emmanuel Macron pourrait alors s’imposer comme le nouveau sauveur de la République française, le De Gaulle du XXIe siècle qui réformerait la Constitution et proposerait alors de mettre en place, par référendum une VIe République. Cris d’orfraie du côté de Jean-Luc Melenchon. Le président aurait toute possibilité de convoquer une Assemblée citoyenne, comme il l’a déjà fait, pour définir les contours d’un nouveau système, un moyen de faire passer la réforme de la proportionnelle pour laquelle il n’avait pas trouvé de majorité des trois cinquièmes, ni dans son premier mandat, ni en 2023.
Réformer la Constitution pourrait permettre de mettre en œuvre nombre de réformes, comme la suppression d’un échelon territorial, élément aujourd’hui présent dans le programme du RN ; réformer le statut des fonctionnaires, fusionner le Sénat et le CESE, voire, offrir la possibilité de faciliter le référendum d’initiative citoyenne si cher aux Gilets Jaunes.
Les Français constatent bien, depuis deux ans maintenant, que le système institutionnel français n’est pas adapté à un paysage politique tri-polarisé. Leur forte contestation à l’égard du plus jeune président de la Ve République est aussi la conséquence d’un usage abusif, mais inéluctable du 49.3.
Les Français veulent s’exprimer, ils veulent voter – on le voit avec le nombre de procurations et la participation attendue à ces élections législatives. Mais voter pour quoi ?
Cette campagne s’impose comme la bataille du vote « contre ». Contre Macron, contre le RN, contre Melenchon, contre tout mais pour rien. Avec une réforme constitutionnelle, on serait obligé de se projeter en positif sur de nouvelles idées, faire participer les citoyens dans les territoires, réorganiser des grands débats et remettre la Politique dans une dynamique positive qui pense l’avenir.
Cette hypothèse permettrait au président de conserver un gouvernement de gestion des affaires courantes le temps des Jeux Olympiques et de s’éviter les contestations d’un électorat non satisfait du résultat des élections. Emmanuel Macron a donc, bel et bien, encore une carte à jouer pour chambouler le paysage politique français. Et, cerise sur le gâteau, avec une nouvelle Constitution, la règle du non-cumul dans le temps du mandat présidentiel pourrait repartir à zéro et permettre à Emmanuel Macron de se présenter du nouveau, fort d’avoir été le sauveur des institutions et d’avoir évité le chaos.
Hugo Baillet,