Vers un acte 2 pour la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale ? La question n’est plus un tabou à quelque mois des européennes.
Alors que l’état-major des écologistes par le biais de sa secrétaire nationale, Marine Tondelier ne cesse de défendre une liste autonome pour ce scrutin, ses partenaires de la France insoumise continuent et ne désespèrent pas d’une possible union. Ce sentiment semble aussi gagner en interne les cœurs de certains cadres du parti au tournesol dont Sandrine Rousseau et Julien Bayou. Du côté également des socialistes, l’option commence à être étudiée sérieusement. Chez les communistes – dont le secrétaire national Fabien Roussel a récemment jugé la Nupes « dépassée » – estiment irréaliste une liste qui « défend tout et son contraire ». C’est un fait.
À l’évidence, une telle alliance serait dénuée de toute cohérence.
Quel projet européen peuvent porter écologistes et socialistes viscéralement attachés aux valeurs de l’union avec des insoumis favorables à la désobéissance de certaines décisions de Bruxelles et des communistes qui souhaitent rompre avec « l’Europe de la concurrence, de l’austérité et du chômage ». ? Sur le fond, la combinaison laisse donc à désirer.
Cependant, les élections européennes sont désormais considérées en France comme des élections de mi-mandat principalement depuis 2014 avec la défaite du Parti socialiste qui avait, deux ans plus tôt, remporté le scrutin présidentiel. La question européenne ne semble plus être l’élément central de ce vote. Si tel était le cas, comment expliquer les succès en 2014 et en 2019, des listes Front National et Rassemblement National ? Les Français partagent-ils majoritairement le projet européen porté par Marine Le Pen ? Difficile de croire… ce résultat n’est que la manifestation d’un vote sanction de la politique du locataire de l’Elysée.
Au regard du dernier sondage IFOP pour le JDD, le scénario risque de se répéter en 2024.
En effet, dans ce climat social marqué par l’impopulaire et clivante réforme des retraites, la liste RN conduite par le nouveau patron du parti devrait conserver la première place obtenue en 2019 avec environ 25% des suffrages exprimés. Et la gauche unie ? Le mouvement de tripartition des blocs ayant émergé lors des législatives devrait se poursuivre en 2024.
Une alliance NUPES aux européennes devrait récolter 26% des voix et ferait jeu égal avec le RN. Un chiffre qui semble conforter les laudateurs d’une liste commune à gauche.
Pour rappel, selon un sondage IFOP publié le 3 mai dans le JDD, 76 % des sympathisants de gauche se disaient favorables à une liste commune aux européennes. Dans le détail, ils sont 62 % à le désirer chez les socialistes, 70 % chez les écologistes, 89 % chez les insoumis et 90 % chez les communistes.
Avec ces chiffres, la débâcle d’une gauche dispersée en 2024 sera imputée aux tenants d’une liste autonome. Marine Tondelier, Yannick Jadot et autre risquent de subir le meme procès en suicide de la gauche fait à Fabien Roussel au lendemain de la présidentielle. Cette alliance certes « baroque » sur le fond peut s’avérer efficace sur la forme par la marque qu’elle porte : NUPES.
Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin.
Carlyle Gbei
Journaliste politique