Avant de se rendre dans un bistrot auvergnat dans la capitale, le patron de Facebook était reçu par Emmanuel Macron à l’Elysee. Cette réunion de travail avait pour objectif de parler de la régulation des réseaux sociaux et notamment des contenus signalés. Retour sur cette rencontre avec Guillaume Asskari, journaliste et producteur TV.
Quand le patron de Facebook rencontre Emmanuel Macron, c’est l’occasion de parler de l’avenir des réseaux sociaux et du combat contre les fake news. Pour le président français, Facebook doit réagir face à la haine en ligne et l’ingérence de certains pays.
En ligne de mire, Emmanuel Macron est revenu sur la proposition de loi sur les contenus haineux de la députée Laetitia Avia. L’objectif : obliger les réseaux sociaux à retirer les contenus signalés dans les 24 heures, sous peine d’une forte amende. Une loi que l’exécutif français espère étendre au niveau européen après les élections européennes.
Si le projet a convaincu le patron de Facebook, il existe plusieurs points de divergence notamment sur les sanctions. « Je me sens conforté et optimiste vis-à-vis du futur cadre juridique qui sera mis en place. Ça va être difficile, il y aura des choses avec lesquelles nous ne serons pas d’accord, mais pour que les gens aient confiance en Internet, il doit y avoir de bonnes régulations », a reconnu Mark Zuckerberg à l’issue de la rencontre.
Une volonté mais… des désaccords
C’est bien dans la convergence d’idées que nous observons les divergences. Emmanuel Macron l’a compris durant son rendez-vous. Outre le souhait de réguler les contenus, le projet de loi prévoit des sanctions en cas de manquement aux obligations de transparence et d’application de la modération des contenus haineux : jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise.
Des sanctions que Facebook veut négocier.
Autre point de désaccord : l’accès à l’information interne et aux algorithmes. Le succès du réseau social lancé en 2004 se repose sur un algorithme particulièrement complexe. Le rapport remis ce vendredi au patron de Facebook parle des « audits » que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pourrait effectuer mais aussi des « accès privilégiés » aux algorithmes du réseau social.
Sur ce point, Facebook risque de remettre en cause le rapport.
Enfin, pour lutter contre les contenus gênants ou haineux, Mark Zuckerberg préfère que « la notion de délai ne figure pas dans la loi, quand le signalement d’un contenu problématique a été fait par un internaute lambda ».
Selon les dires de l’Elysee, le créateur de Facebook est ouvert à la notion de délai seulement « dans les cas de signalements faits par des autorités de police ou par un régulateur ».
En terme d’application, une telle mesure risque de prendre du temps à mettre en place sachant que les contenus sont partagés entre utilisateurs du réseau social.
Guillaume Asskari
Journaliste et producteur TV
Crédit photo : Commons Wikimedia