Il ne reste plus que huit jours aux candidats à la présidentielle pour valider leurs parrainages. Certains d’entre eux, tels Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Eric Zemmour, n’ont pas encore réuni les 500 signatures nécessaires. Frédéric Masquelier, maire de Saint-Raphaël, a décidé de parrainer Marine Le Pen, il nous explique pourquoi.
Revue Politique et Parlementaire – Vous venez de parrainer la candidature de Marine Le Pen. Quelles sont les motivations ayant présidé à cette décision ?
Frédéric Masquelier – Exactement les mêmes que David Lisnard, le Maire de Cannes et Président de l’AMF, je suis foncièrement attaché à la démocratie et à son expression. Mon parrainage n’est pas un soutien. Cependant je considère qu’il serait désastreux pour notre système institutionnel que des millions de Français soient privés de leur choix au premier tour de l’élection présidentielle, même si ce choix est à l’opposé du mien. C’est le sens de mon acte. La candidate de ma famille politique, « Les Républicains » a réunis plus de 2.000 parrainages. Quel sens y aurait-il à ajouter un parrainage de plus quand des candidats qui dépassent 10 % d’intentions de vote risquent de ne pas disposer du minimum requis ?
RPP – D’une manière plus générale comment expliquez-vous les réticences des élus à accorder désormais leurs parrainages ?
Frédéric Masquelier – Loin de moi l’idée de juger mes collègues maires qui expriment des craintes ou des réticences, mais être élu c’est agir et décider. J’ai fait le choix de faire confiance à l’intelligence de nos concitoyens. Lorsque l’on explique le sens de ses décisions, elles sont généralement comprises et lorsque l’on se tient à une ligne de conduite et de responsabilité, je suis persuadé que l’on peut dessiner une cohérence à l’action publique qui la rend plus facilement compréhensible et donc de ce fait mieux acceptée. Ceci dit, le nombre d’élus qui accordaient leur parrainage par le passé était déjà assez faible, de l’ordre de 30 %. On peut donc en effet légitimement se poser la question de l’objectif recherché par François Hollande lorsqu’il a décidé de mettre fin à l’anonymat de chaque signature d’élu.
RPP – Faut-il reformer le système des parrainages et si oui dans quel sens ?
Frédéric Masquelier – Oui, c’est indiscutable, la situation actuelle montre à quel point notre système électoral de sélection des candidatures est arrivé à ses limites. Comment prétendre se préoccuper de la montée de l’abstentionnisme, scrutin après scrutin, et en rester là ? Cela ne serait ni raisonnable ni responsable. Je pense que l’on pourrait envisager un système mixte de parrainage anonyme pour tous les candidats et par ailleurs en exonérer tout candidat qui à deux ou trois mois du scrutin recueillerait un minimum de 7 % d’intentions de vote dans trois sondages successifs réalisés par trois instituts différents. C’est au fond ce qu’exigent aujourd’hui les institutions bancaires pour accorder des prêts aux candidats à l’élection présidentielle.
Frédéric Masquelier
Maire de Saint-Raphaël
Président d’Estérel Côte d’Azur Agglomération
Propos recueillis par Arnaud Benedetti