Gaspard Gantzer vient de déclarer sa candidature à la mairie de Paris. Fondateur du mouvement « Parisiennes, Parisiens », il réaffirme pour la Revue Politique et Parlementaire son ambition pour Paris autour du triptyque : plus de pouvoir pour le local, plus d’espace pour Paris, plus de concret pour le quotidien.
Arnaud Benedetti – Vous venez de déclarer votre candidature à la mairie de Paris. En dehors des partis. Votre modèle c’est le Macron de 2017 et sa campagne victorieuse inattendue ?
Gaspard Gantzer – La victoire d’Emmanuel Macron en 2017 a prouvé qu’il était possible de créer la surprise, de déjouer les pronostics, en s’appuyant sur un mouvement citoyen, des idées et de l’énergie, car Paris est un territoire à part et les Parisiens un peuple unique. Et j’ai bien d’autres sources d’inspirations, de la Nuit debout de 2016 à la Marche pour le climat, en passant par le mouvement municipaliste, qui grandit partout dans le monde, et permet aux citoyens de prendre le pouvoir au niveau local.
Arnaud Benedetti – Anne Hidalgo, au regard de son logiciel politique, est-elle si éloignée de vous ? Ne poursuivez-vous pas des objectifs in fine assez proches : plus d’inclusion, plus d’écologie, etc ? La critique du mandat ne porte-t-elle pas plus sur la méthode que sur le contenu ?
Gaspard Gantzer – Je ne sais pas quels sont ses objectifs aujourd’hui, mais je sais que la maire sortante a malheureusement échoué dans les domaines fondamentaux de l’action municipale. 12 000 habitants quittent la ville tous les ans, les prix de l’immobilier flambent, les rues sont sales, l’insécurité progresse et les transports publics sont congestionnés. En plus, la pollution n’a jamais été aussi forte. Nos yeux piquent. Nos enfants toussent. L’air est irrespirable.
Arnaud Benedetti – Les Jeux olympiques sont-ils une chance ou une charge ?
Gaspard Gantzer – J’ai toujours pensé que c’était une chance. C’est pour cela qu’en 2014, quand j’étais à l’Elysée, j’ai fait partie de ceux qui ont poussé François Hollande a demandé à Paris de présenter sa candidature, à une époque où la maire était plus que réservée sur le sujet.
Il faut que cela soit une immense fête, pour le monde entier et pour les Parisiens, mais aussi que cela soit l’occasion de faire de Paris la ville la plus sportive du monde. Je suis moi-même un adepte de la course de fond. Je cours trois à quatre fois par semaine. Et je vais à la piscine ou jouer au football avec mes enfants dès que j’en ai l’occasion. Il faut plus d’équipements sportifs dans cette ville, ouverts plus longtemps et en meilleur état. Cela manque gravement !
Arnaud Benedetti – Casser le périphérique est votre proposition-phare. Pourquoi ? Le modèle des mégalopoles, du gigantisme est-il à la mesure de l’homme, de l’humain ?
Gaspard Gantzer – Il faut détruire le périphérique car il est inefficace, laid, polluant. Surtout, il coupe le Grand Paris en deux. Il empêche de construire Paris en grand, à l’échelle réelle de la métropole urbaine. Le détruire, c’est permettre aux habitants de cette métropole de retrouver de l’air, de l’espace, et d’avoir des déplacements plus fluides. Le Grand Paris que nous voulons construire sera un collectif de villages, qui ne feront qu’un. Un modèle de diversité et de solidarité pour le monde entier.
Arnaud Benedetti – L’une de vos récentes propositions, la gratuité des crèches, a fait réagir. Comment financez-vous ce projet alors que la pression de la dette ne cesse de s’accroître sur la ville ?
Gaspard Gantzer – Nous voulons rendre les crèches gratuites, pour aider les familles qui sont de plus en plus nombreuses à quitter Paris chaque année. Ce sera un vrai plus pour les familles modestes. Pour un couple payé au SMIC, cela permettra d’économiser près d’un mois de salaire par an.
Cela coûtera 80 millions d’euros par an. Ce n’est pas rien, mais c’est absorbable par redéploiement, à l’échelle du budget de fonctionnement de la Ville de Paris qui est de 8 milliards d’euros par an. Il faudra en revanche mieux gérer le budget qu’actuellement, arrêter les erreurs de gestion, les réaménagements permanents de places et les projets absurdes comme permettre la baignade dans la Seine ou rendre gratuit le métro pour tous. Enfin, il faudra faire des économies sur les dépenses de personnel, qui ont largement augmenté au cours des dernières années.
Arnaud Benedetti – La propreté, la circulation sont deux enjeux municipaux qui, à Paris, entretiennent une colère sourde. Quelles sont vos solutions ?
Gaspard Gantzer – Sur la propreté, il faut changer de logique. Aujourd’hui, tout l’effort est porté sur la collecte des ordures. Il faut davantage mettre l’accent sur le nettoiement quotidien des rues, qui sont de plus en plus sales. Pour cela, il faut doter les agents de la propreté de moyens efficaces et mécanisés. Comment peut-on croire qu’il est possible de nettoyer une ville comme Paris avec un balai et un sac poubelle ?
Sur la circulation, il faut arrêter les travaux permanents et les réaménagements de places. Il faut donner la priorité au développement des transports publics, métro, tramway et bus, et aux véhicules électriques, en construisant un vrai réseau de bornes de recharge, qui manque après l’arrêt abrupt d’Autolib.
Arnaud Benedetti – Par rapport à En marche !, vous représentez une sociologie assez proche du macronisme. Comment vous en différenciez-vous ? Le fait de partir avant le mouvement du président de la République, qui se cherche un candidat, est-il une stratégie pour se démarquer d’emblée, gagner en visibilité et attaquer très vite cette part du marché électoral ?
Gaspard Gantzer – En marche ! a été créé dans un seul objectif : permettre à Emmanuel Macron de devenir président de la République. Notre démarche est différente. Nous n’avons pas de bilan présidentiel à défendre ni de parole gouvernementale à porter et encore moins d’élections européennes à préparer. Notre seule aspiration, ce sont les élections municipales parisiennes de 2020. « Tout pour Paris », tel pourrait être notre slogan.
Après je leur laisse les querelles d’égo et les problèmes de leadership. Nous avançons dans notre couloir, sans nous soucier d’eux.
Arnaud Benedetti – François Hollande et Bertrand Delanoë sont quelque part vos mentors en politique. Vous encouragent-ils ? Et que retenez-vous de l’un et de l’autre dans votre démarche ?
Gaspard Gantzer – J’ai de l’admiration et de l’affection pour François Hollande et pour Bertrand Delanoë, pour des raisons différentes. François Hollande a commis des erreurs, mais il a été grand quand la France a été attaquée par les terroristes et quand il a fallu convaincre le monde entier de conclure l’accord de Paris sur le climat. Bertrand Delanoë a marqué Paris pour toujours. C’était un maire exigeant, un excellent manager, toujours proche des habitants, qui a contribué à donner un nouveau visage à la ville.
Aucun des deux ne me soutient. Ce sont des hommes libres. Et je suis maintenant mon propre chemin.
Arnaud Benedetti – Une question plus générale pour finir. Après bientôt deux ans de mandat d’Emmanuel Macron, quel regard portez-vous sur l’action du chef de l’Etat ?
Gaspard Gantzer – En 2017, il nous a permis d’éviter le pire, en faisant barrage au Front national. Son énergie a fait du bien au pays. On attend maintenant qu’il tienne la promesse de son élection, c’est-à-dire un vrai renouvellement de la vie politique, qui passe par un meilleur équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, un renforcement du pouvoir judiciaire et de l’indépendance des médias et une plus grande association des citoyens aux prises de décision, à travers des référendums. Par ailleurs, dans le domaine de l’écologie, le compte n’y est pas du tout. Il faut être beaucoup plus ambitieux.