En ce 26 avril 1937, l’aviation nazie, au service de l’offensive du général Franco contre la République espagnole, testait une nouvelle tactique de bombardement de ville à Guernica, au Pays Basque espagnol. Trois ans plus tard, la tactique ainsi expérimentée en Espagne était utilisée pour accompagner l’offensive hitlérienne sur les Pays-Bas, la Belgique et la France. Aujourd’hui, le dictateur russe teste ses nouvelles armes et notamment ses missiles hypersoniques, sur les villes ukrainiennes.
Dans les deux cas, il s’agit de martyriser des populations civiles, de multiplier les destructions systématiques de manière à forcer les populations terrorisées à demander la reddition.
Dans les deux cas, les dictateurs ont pu agir en toute impunité puisque les pays démocratiques ne voulaient pas intervenir.
Comme lors de la remilitarisation de la Rhénanie par Hitler en mars 1936, ni la France ni le Royaume-Uni n’étaient prêts à aller à l’affrontement avec l’Allemagne nazie à l’occasion de ces crimes de guerre commis en Espagne. Les deux pays payèrent très cher cette couardise trois ans plus tard.
Aujourd’hui, de la même manière, les pays de démocratie libérale laissent agir le dictateur russe qui peut se permettre de détruire impunément des villes entières, de tester ces nouvelles armes de destruction massive et de roder l’utilisation de l’énorme outil militaire qu’il a forgé.
On ne peut qu’assister, impuissants, à cette agression militaire conduite par un énorme pays, deuxième puissance militaire du monde – et première puissance nucléaire – contre un petit pays, sans déclaration de guerre préalable, sous des prétextes complètement fallacieux.
Le chantage de la terreur qu’il exerce lui permet de conduire en toute impunité une violence militaire totale sur le territoire de l’Ukraine sans que son propre territoire soit menacé d’une quelconque manière.
Il est plus que temps que les démocraties libérales d’aujourd’hui prennent la mesure de ce qui est en train de se passer à la frontière Est de l’Europe et de la menace que la dictature poutinienne fait peser sur nos pays.
Marioupol, c’est le Guernica de Vladimir Poutine sur le sol européen après Alep sur le sol syrien.
Pouvons-nous espérer que les étapes qui suivirent la tragédie de Guernica et qui conduisirent à une seconde guerre mondiale, ne se renouvellent pas de la même manière après la tragédie de Marioupol ?
Jean-François Cervel