Faute de majorité, l’examen du projet de loi immigration a été renvoyé à l’automne. Elisabeth Borne a dénoncé, chez Les Républicains (LR), “une absence de ligne commune sur le sujet”. La réaction ne s’est pas faire attendre : Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, a annoncé dans Les Echos que son parti allait déposer une proposition de loi en lien avec la droite sénatoriale sur l’immigration. Pour lui, les divisions se trouvent dans le camp de la majorité présidentielle. “Sur ce sujet-là, nous n’avons aucun état d’âme” martèle-t-il. Toutefois, cette proposition de loi pourrait-elle être adoptée à l’arrivée ?
Une chose est sûre, le texte proposé par la droite devrait être plus contraignant que celui envisagé par le gouvernement. Pour François-Xavier Bellamy, il ne s’agit pas d’un texte “clivant” mais qui, au contraire, devrait répondre à l’aspiration d’une majorité de Français “favorable à la facilitation des expulsions”. Il devrait donc trouver un écho favorable du côté du Rassemblement national… sauf si l’armée mexicaine de Marine Le Pen décide de tomber dans des pratiques politiciennes. De l’autre côté, sans aucune surprise, la gauche devrait le rejeter en bloc, comme un seul homme. Le grand inconnu reste le bloc central : la fameuse majorité relative. Pour le vice-président des Républicains, ce vote permettra aux macronistes de se compter : “Nous verrons bien qui nous suit dans la majorité du président de la République”.
En effet, cette proposition révèlera les divisions internes qui existent entre l’aile droite et l’aile gauche de la majorité présidentielle, dissensions qui étaient déjà apparues lors du projet de loi immigration-travail, présenté par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt.
Par cette déclaration incongrue, la Première ministre s’est tirée une balle dans le pied. Elle risque de voir sa majorité relative s’éclater par cette nouvelle “séquence” immigration.
En plus de cette proposition de loi, Les Républicains préparent une offensive diplomatique avec le déplacement du président du parti au Maroc du 3 au 5 mai. A travers ce déplacement, Éric Ciotti entend ainsi poursuivre “une relation de fraternité et de responsabilité” autour d’un “même souci d’assurer la stabilité autour de la Méditerranée”.
Après une réforme des retraites ayant fait émerger des velléités de rapprochement avec Emmanuel Macron, Les Républicains sont bien déterminés à marquer leurs différences avec un pouvoir qu’ils considèrent en perte de vitesse. L’occasion est trop belle pour la rater.
Carlyle Gbei
Journaliste politique
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