Gilles Bonnenfant, Président d’Eurogroup Company interviendra à la table ronde « S’engager par l’économie » le samedi 28 septembre lors de la quatrième édition de La Cité des débats. Nous lui avons posé trois questions.

Revue Politique et Parlementaire – Qu’est-ce qu’une entreprise engagée ?

Gilles Bonnenfant – Une entreprise engagée exerce un rôle à la fois économique et sociétal, en s’engageant vis-à-vis de tout son écosystème – collaborateurs, clients, fournisseurs et partenaires – mais aussi pour la société en général.

Les leviers d’actions sont nombreux, et je crois qu’il est nécessaire de choisir ceux sur lesquels l’entreprise est le plus à même d’agir efficacement, en cohérence avec son projet économique et ses valeurs. Car il n’y a pas d’engagement sans sincérité, enthousiasme, ni conviction !

Une entreprise engagée est une entreprise exigeante quant aux modalités d’exercice de son métier.

C’est dans cet état d’esprit qu’Eurogroup Consulting a signé, parmi les premiers, la Charte d’engagements des entreprises du conseil. C’est une façon d’inscrire noir sur blanc nos engagements concrets pour mener des transformations inclusives et durables, et contribuer à une bascule collective vers une économie régénérative d’ici 2030.

L’engagement est une forme d’exemplarité : de l’entreprise et de ses dirigeants. C’est d’ailleurs cette exemplarité qui ouvre la porte à la transmission des savoirs faire et au goût de l’engagement.

Une entreprise engagée, enfin, est celle qui inscrit ses engagements dans la durée. L’engagement ne peut-être une variable d’ajustement dont on s’occupe quand on trouve le temps ! Cela peut passer par l’institutionnalisation de temps d’engagement dans le cadre d’une Fondation d’entreprise, la pérennité d’une action de mécénat….

Cette fidélité anime les engagements des collaborateurs d’Eurogroup qui interviennent depuis 25 ans auprès des associations par le biais du mécénat de compétences, et 18 ans que nous soutenons l’accès à la culture en tant que mécène principal de l’Orchestre de Paris… Ce temps long est peut-être l’une des clés pour que l’engagement porte ses fruits et donne des résultats probants.

RPP – Les attentes d’engagement sont-elles plus fortes vis-à-vis de l’entreprise que des autres parties prenantes.  

Gilles Bonnenfant – La véritable question est celle de l’ampleur des engagements que doit endosser l’entreprise aujourd’hui. L’Etat et les collectivités ne peuvent pas tout. Ce n’est pas nouveau mais ce phénomène s’accentue. Et l’entreprise ne peut fonctionner sans engagement aujourd’hui.

En tant qu’acteur économique, elle dispose en effet de moyens uniques :

–  pour avoir un impact sociétal en réponse aux enjeux RSE et aux grandes transitions auxquelles elle fait face ;

–  pour exercer sa responsabilité d’employeur vis-à-vis des jeunes qu’elle recrute et qu’elle forme. L’entreprise est une société dans la société, un lieu de vie et d’engagement pour les collaborateurs qui y cohabitent, soucieux de donner un sens à leur vie professionnelle. Dès lors elle devient un incubateur privilégié de nouvelles pratiques d’engagement : politiques RH, gestion de la consommation, lutte contre toutes formes de discriminations et sensibilisation des collaborateurs aux grandes causes sociétales, ouverture de l’intéressement à ses salariés…

–  pour lutter contre la fracture sociale et territoriale et créer de l’attractivité locale, grâce à la création d’emplois de proximité notamment.

Cela pose une question en creux, qui est celle du coût de l’engagement, qu’il soit financier ou en termes de charges administratives. Comment ne pas faire trop peser ces coûts sur les organisations les plus fragiles ?

RPP – L’une des causes que vous portez est celle de la santé mentale des jeunes. En quoi est-ce un combat crucial ? 

Gilles Bonnenfant – La santé mentale des jeunes est non seulement un enjeu de bien-être immédiat, mais aussi un facteur clé pour la cohésion sociale future.

Les données sont alarmantes : chaque année, 13 millions de Français développent des troubles psychiques (soit 1 personne sur 5), et à l’échelle mondiale, 1 jeune sur 7 souffre d’un trouble mental. La moitié de ces troubles débute avant l’âge de 14 ans, mais la plupart ne sont pas suffisamment détectés ou traités.

La vulnérabilité des jeunes face à ces troubles a été accentuée par la pandémie de Covid-19, qui a exacerbé des problèmes liés à la distanciation sociale, aux restrictions du confinement et à la perte de repères. Ces troubles, souvent invisibles et non-traités, ont des conséquences importantes non seulement sur la jeunesse, mais aussi sur leur vie adulte.

Il est donc primordial d’agir en amont, de mettre en lumière ces troubles et de garantir une bonne prise en charge pour éviter que des comportements à risque, des problèmes de bien-être psychique et physique, ou encore de l’isolement et de la violence ne se développent. Les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes de demain, et il est crucial de leur offrir les outils pour apprendre à vivre avec ces troubles, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leur entourage.

C’est pourquoi, à l’échelle de notre cabinet, la santé mentale chez les jeunes a été élue comme Grande Cause par l’ensemble de nos collaborateurs dans le cadre de notre Fondation d’entreprise, ce qui en dit long sur leurs préoccupations sociétales !

Nos collaborateurs s’engagent depuis 2 ans par le biais d’actions de terrain, comme l’accompagnement d’associations, l’organisation de tables rondes avec des professionnels de la santé mentale, afin de sensibiliser et de rendre visibles ces problématiques.

Gilles Bonnenfant
Président d’Eurogroup Company