Père Noël a ces jours-ci une hotte à suspense et à mirages. Est-ce effet de la crise énergétique et des restrictions des chauds foyers montagnards d’antan (puisqu’aujourd’hui 20 ans c’est un siècle) on a du mal à sortir avec lui nos marrons du feu.
Puisque que la période se prête normalement aux traditions, aux contes et aux nouvelles, c’est Edgar Poe qui se propose pour structurer ces quelques lignes.
Voici le prétexte, il est connu de tous, les turbulences à l’Assemblée nationale et la mise en scène de l’impéritie des leaders politiques du pays et du descendeur social en démonstration.
Pitoyable Vaudeville et claquements de portes, spectacle navrant d’un pays fracturé en prise au plus profond état de ressentiment chronique.
Mais revenons au conte de Poe et cette lettre volée qui agite la ruche des acteurs alors qu’elle est visible au premier coup d’œil rationnel.
Rappel : « La lettre volée » est une nouvelle fascinante qui explore les thèmes de la dissimulation, de la psychologie et de l’intelligence stratégique. Par son intrigue simple mais astucieuse, Poe montre comment les apparences et la perception jouent un rôle crucial dans la compréhension des événements.
La résolution de Dupin illustre la puissance de l’intuition et du raisonnement hors des cadres habituels, faisant de cette nouvelle un classique de la littérature policière et une source d’inspiration pour les analyses littéraires et psychanalytiques.
Voilà le pitch – on s’étripe au Parlement et dans les médias, on assène des chiffres qui ne font plus peur aux écoliers depuis qu’ils sont numériquement outillés.
A ces politiques d’un autre temps, je voudrais rappeler ces modestes enseignements de Lacan issus du même texte. Il ne faut pas confondre le contenu de la lettre – les gros problèmes de la France et de l’Europe – son signifié avec ce qu’elle embrase par avec d’autres ressorts, dans les soubassements subjectifs, les signifiants dans de telles turbulences.
Pourtant, je l’écrivais ici il y a quelques jours les seuls effets du gonflement des argiles qui fissurent les maisons (plus de 10 millions) ce sont environ 80 milliards, les effets des inondations de Valence quelques dizaines aussi, et puis Mayotte (le sujet est encore plus complexe), tant d’autres et de menaces qui s’ajoutent aux guerres et aux bouleversements des métiers avec une IA envahissante, utopie ou tyrannie.
Dès lors, pour ne défriser personne, je ne parlerai pas de politique mais d’une profonde angoisse assurantielle (au sens métaphorique). Nous nous préparons à un humain dé-assuré !.
Dans un récent article Catherine Dubé expliquait ainsi : « vous avez peur qu’un malheur ne vous frappe ? Des chercheurs ont constaté que le simple fait de vous assurer pourrait faire diminuer votre anxiété… et vous faire croire que le malheur n’arrivera pas… L’assurance réduit l’anxiété, ainsi que les pensées répétitives au sujet d’un possible incident seulement plus un tel événement est facilement disponible dans notre mémoire, plus il nous semble probable qu’il survienne à nouveau. » Or c’est le cas.
Nous tergiversons alors que nous sommes devant un risque darwinien. Où est notre tolérance du risque entre ces faits et les piètres enjeux du débat politique ?
Il y a plus grave encore, à l’heure de Trump et de Musk : que notre tolérance soit devenue celle de l’intégration d’une nouvelle forme de populisme gonflé à l’algorithme triomphant.
La tribune récente des grands patrons français en dit long sur cette tacite acceptation qui cache, mal, une demande – la fin de la gêne politique et démocratique au nom de l’efficience d’un fascisme technologique.
Sera-t-on capable sous l’arbre de Noël et lors des scènes de voeux d’intégrer les conditions d’un mur qui se dresse et qui n’est pas celui de la censure, alors même que Musk apporte son soutien à l’AFD ? S’il a censure, il y a surtout césure du monde que l’on veut.
Souhaitons-nous du commun en nous rappelant que les Lumières et l’inconscient sont les meilleurs boucliers face à une science exterminatrice de l’idée que l’on se fait encore de l’humain.
Bonnes fêtes mais faites…
Pierre Larrouy