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dans N°1115, Société

La « nouvelle question d’Orient » : le retour de la dialectique des nations et des empires

Jean Francois FigeacParJean Francois Figeac
22 décembre 2025
La « nouvelle question d’Orient » : le retour de la dialectique des nations et des empires

Jean-François Figeac vient de publier un ouvrage important intitulé La question d’Orient dans l’opinion publique française 1798-1861, préface de Jacques-Olivier Boudon, Paris, Classiques Garnier, 2025. Son regard d’historien rapporté à notre actualité donne une profondeur de champ aux permanences et mutations à l’œuvre sur cette aire géopolitique et sur des enjeux encore au cœur de notre actualité.

Revue Politique et Parlementaire – Qu’appelle-t-on « La question d’Orient » et pourquoi structure-t elle durablement l’opinion publique française dès le XIXe siècle ?

Jean-François Figeac – La « question d’Orient », telle qu’elle est posée par les chancelleries européennes à partir de la fin du XVIIIe siècle, désigne la rivalité entre les grandes puissances dans le contexte du recul territorial que connaît l’Empire ottoman depuis la fin du siècle précédent. La Russie cherche à obtenir un accès à la Méditerranée par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, ce qui heurte les intérêts commerciaux et religieux britanniques et français. Ces tensions mènent à un affrontement direct entre ces différents acteurs durant la guerre de Crimée (1853-1856). En parallèle, la Sublime Porte doit faire face aux demandes d’autonomie, voire d’indépendance des minorités nationales ou religieuses qui la peuplent. Celles-ci deviennent un enjeu pour les puissances européennes qui tentent de s’en servir comme d’un levier d’influence, notamment durant la guerre d’indépendance grecque (1821-1829), ou encore pendant l’expédition française au Liban organisée par Napoléon III en 1860. L’affirmation de plus en plus nette des nationalités dans les Balkans conduit à une série de conflits et d’affrontements larvés à partir de la guerre russo-turque de 1876-1878. Ce phénomène, conjugué à l’apparition de nouveaux protagonistes de la question d’Orient (Allemagne, Italie), est la cause directe de l’engrenage menant à la Première Guerre mondiale. Il faut rappeler que celle-ci se déclenche à partir de l’assassinat de l’archi-duc François-Ferdinand à Sarajevo, au cœur d’une Bosnie-Herzégovine qui était un ancien territoire ottoman annexé par l’Autriche-Hongrie en 1908.

La question d’Orient est donc un sujet de préoccupation central, susceptible de remettre en cause le concert des nations tel qu’il a été bâti lors du congrès de Vienne en 1815, ce qui suscite un vif intérêt dans les opinions publiques, tout particulièrement en France. L’expédition d’Égypte, décidée à la fin du Directoire, n’est pas étrangère à cet engouement : une fascination pour les exploits en grande partie mythifiés de Bonaparte se développe avec la propagande impériale, et perdure après la chute de l’Aigle. Durant chaque crise d’Orient au cours du XIXe siècle, les gouvernements cherchent à se placer dans le sillage napoléonien, en tentant de récupérer la gloire qu’ils ont parfois perdue dans la vie politique nationale. Les accents bellicistes sont alors fréquents, comme lors de la guerre ottomano-égyptienne en 1840, ou durant la guerre de Crimée 1. Ils cherchent à désamorcer les discours des opposants politiques qui trouvent dans les relations internationales un moyen de critiquer un pouvoir qui a pu limiter leur liberté à l’échelle nationale. Cette porosité entre les fièvres orientales et les fièvres hexagonales est une spécificité française qui demeure jusqu’à nos jours. En effet, prendre position sur le conflit israélo-palestinien, la souveraineté de l’Arménie ou la guerre en Ukraine revient à se placer sur l’échiquier politique. Le parcours d’une personnalité comme Dominique de Villepin est ici révélateur de cette politisation. Pourtant issu des rangs de la droite chiraquienne, il est désormais classé à gauche où sa popularité est la plus grande dans cette frange de l’électorat. Ses prises de position sur Gaza ou sur l’Algérie n’y sont évidemment pas étrangères.

RPP – À vous lire, il est déjà question dès ce moment d’une « concurrence » entre « experts institutionnels » (les diplomates) et « producteurs d’opinion » (les publicistes et les journalistes). Quelles « concordances des temps » pourrait-on établir avec notre époque ?

Jean-François Figeac – Avec l’avènement de la presse généraliste dans la première moitié du XIXe siècle, la diplomatie devient un objet de discussions dans l’espace public. Les décisions en matière de politique étrangère sont commentées, débattues, parfois contestées. Des rubriques entières des journaux nationaux ou locaux sont consacrées aux crises internationales. Dans ce contexte, certains publicistes cherchent à remettre en cause le bienfondé du pouvoir diplomatique. Nombre d’entre eux écrivent des brochures, des traités ou des pamphlets critiquant souvent l’excès de prudence des diplomates, tout en cherchant à imaginer des solutions à la question d’Orient. C’est à un véritable concours Lépine auquel se livrent ces différents auteurs, certains imaginant un partage de type colonial entre les puissances européennes, quand d’autres rêvent à  une restauration de l’Empire byzantin. Leur but consiste à influencer une communauté de lecteurs avertis et à faire pression sur les gouvernements.

Ce passage d’une diplomatie de cabinets à une diplomatie de tribune pousse certains diplomates à entrer dans l’arène et à publier des ouvrages afin de justifier leur point de vue. Certains d’entre eux deviennent de véritables entrepreneurs de presse, à l’image de David Urquhart, ancien secrétaire d’ambassade britannique à Constantinople, lequel édite un journal, appelé le Portfolio, publiant des correspondances secrètes, de manière comparable à ce qu’a pu être Wikileaks il y a quelques années. Au contraire, certains diplomates de grand talent se font d’abord connaître par leurs prises de position publiques, à l’image du jeune Édouard Thouvenel qui écrit une brochure sur la Valachie en 1840 avant d’accomplir une brillante carrière qui le mène jusqu’à la tête du Quai d’Orsay sous le Second Empire.

La séparation entre les diplomates et les producteurs d’opinion n’est donc plus du tout étanche et les pistes se brouillent. Force est de constater que ce mélange des genres, déjà visible au XIXe siècle, existe de manière décuplée à notre époque. Alors que certaines chaînes en continu (du type LCI) font des conflits et des tensions géopolitiques une grande partie de leur ligne éditoriale, l’expert ayant un passé de diplomate ou de militaire est systématiquement convoqué pour apporter de la hauteur de vue dans le débat. La présence récurrente de personnalités comme Gérard Araud ou le général Yakovleff est ainsi paradigmatique de ce souhait. Parfois, ces experts institutionnels travaillent pour des think tanks s’orientant vers les questions internationales (l’Ifri de Thibault de Montbrial, l’IRIS de Pascal Boniface). Cela est d’autant plus stratégique que ces structures cherchent souvent à promouvoir des analystes qui tendent à se médiatiser. Enfin, la figure du « toutologue », avatar contemporain et audiovisuel de ce qu’était le publiciste au XIXe siècle, remet aussi en cause la légitimité de ces acteurs traditionnels du débat public.

RPP – Vous évoquez longuement dans votre travail l’importance de l’orientalisme, un terme aujourd’hui fort décrié depuis les travaux d’Edward W. Saïd. Quelles mutations a-t-il connues et comment expliquer son discrédit ?

Jean-François Figeac – L’orientalisme constitue en effet une toile de fond essentielle de mon travail, de même que les théories structuralistes d’Edward W. Saïd. Dans Orientalism, publié en 1978, le fameux critique littéraire déniait à l’orientalisme tout caractère scientifique, estimant que les savants orientalistes étaient prisonniers de stéréotypes raciaux et culturels sur les « Orientaux ». Cet essai connut très vite un grand succès dans le monde intellectuel dans un contexte postcolonial favorable à ce type d’interprétation. Or, l’analyse de Saïd, bien que reposant sur des intuitions stimulantes, connaît des biais méthodologiques (utilisation d’un corpus limité, réduit à des sources littéraires) et idéologiques (du fait du lien qu’il revendique lui-même avec son combat anticolonial et pour la cause palestinienne) qui ne résistent pas à un dépouillement rigoureux des sources.

L’auteur d’Orientalism tend systématiquement à essentialiser l’orientalisme littéraire comme savant, sans observer la diversité des parcours. Je considère au contraire, dans la lignée des travaux de l’anthropologue François Pouillon, que l’orientalisme revêt un caractère protéiforme. Si le terme tend à qualifier au XIXe siècle un spécialiste des langues orientales, nombre d’historiens, de géographes, d’archéologues ou de naturalistes se l’approprient, souvent en marge de la science officielle des sociétés savantes. Certaines figures comme l’égyptologue Prisse d’Avesnes, ou le spécialiste de l’Arabie préislamique Fulgence Fresnel mènent leurs recherches avec une aide financière et une reconnaissance institutionnelle très limitées. Contrairement à la double image d’Épinal qui fut en partie diffusée par les héritiers d’Edward W. Saïd, ils ont rarement une connaissance uniquement livresque de la région qu’ils étudient et cherchent à s’imprégner des mœurs des populations, allant même jusqu’à adopter le mode de vie musulman, à l’image du Britannique Edward Lane ou du saint-simonien Ismaÿl Urbain. Enfin, loin d’essentialiser l’Orient, les orientalistes cherchent à en souligner toute la complexité en fonction de ses différentes régions.

Là où l’analyse saïdienne touche juste, c’est lorsqu’elle montre que certains savants ayant un contact uniquement érudit avec l’Orient, tel le spécialiste des langues orientales Silvestre de Sacy sous l’Empire et la Restauration, cherchent à utiliser des travaux de terrain pour développer l’orientalisme à l’université. L’orientalisme a pignon sur rue au XIXe siècle et perd son magistère au cours du XXe siècle. Cette histoire est celle d’une lutte de pouvoir au sein du monde académique. Edward W. Saïd en est juge et partie.

RPP – Égypte, Liban et Syrie scandent vos recherches avec en toile de fond un Empire ottoman dont la Turquie actuelle est largement l’héritière. Aujourd’hui comme hier ces territoires sont au cœur de l’actualité internationale. On ne saurait donc s’interdire de demander à l’historien en quoi la « question d’Orient » d’antan peut nous éclairer sur notre présent.

Jean-François Figeac – La situation géopolitique que connaît aujourd’hui le Moyen-Orient a des similitudes, dans ses logiques stratégiques, avec celle qui existait à l’époque de la « question d’Orient ». Le retour d’une conception réaliste des relations internationales, notamment impulsé par le pouvoir trumpiste aux États-Unis, donne au destin de la région le même caractère imprévisible qu’au XIXe siècle. À cela s’ajoute le fait que les dynamiques impériales semblent être de retour. La Turquie d’Erdoğan cherche à reconstituer une zone d’influence qui se superpose, peu ou prou, à l’étendue de ce qu’était l’Empire ottoman, des Balkans à l’Algérie, en passant par la Syrie. La théocratie iranienne utilise pour sa part le riche passé historique de la Perse pour mobiliser sa population contre Israël et les Occidentaux. Quant à la Russie, elle redevient une puissance militaire de premier plan dans la région depuis son intervention militaire en Syrie en 2015.

À une plus petite échelle, les États souverains, ayant connu une relative stabilité durant la Guerre froide, doivent faire face à un certain nombre de déstabilisations initiées par le Printemps arabe. Les minorités rejouent le rôle géopolitique qu’elles avaient pu avoir avant l’avènement du nationalisme arabe au XXe siècle, devenant un enjeu de rivalités entre des puissances mondiales comme régionales. Si la situation des Arabes en Cisjordanie et à Gaza reste l’épicentre de ce phénomène, le cas des Kurdes, objets de tensions entre la Turquie et l’Iran, comme des communautés religieuses au Liban et en Syrie montrent cette imbrication qui s’effectue à nouveau entre enjeux locaux et enjeux mondiaux.

Malgré ces similitudes, des différences notables sont à observer dans l’équilibre des forces en présence. La principale réside dans le retrait des Européens, alors que ce sont ces derniers qui avaient contribué à « créer » l’ancienne question d’Orient. C’est notamment le cas des deux puissances traditionnelles dans la région que sont le Royaume-Uni et la France. Si les Britanniques se placent dans une logique de plus en plus affirmée de non-intervention dans le jeu diplomatique depuis les années 1970, les Français ont cherché, depuis la guerre des Six Jours (1967) jusqu’à la seconde guerre du Golfe (2003), à faire valoir leur spécificité en se dissociant des positions américaines. Mais cette posture, si elle donnait encore une illusion d’indépendance sous Jacques Chirac, ne doit pas cacher un relatif alignement atlantiste, en grande partie lié à la perte de leviers d’influence sur le terrain. Les puissances eurasiatiques s’engouffrent dans ce vide béant. La Russie belliciste en Ukraine devient paradoxalement une puissance médiatrice au Proche-Orient, rôle qui était joué auparavant par les Occidentaux. Par ailleurs, le projet des « nouvelles routes de la Soie » élaboré par Xi Jinping marque une forme de retournement ironique de l’histoire, la Chine se substituant à l’impérialisme informel britannique qu’elle subissait au XIXe siècle.

La « nouvelle question d’Orient » est donc marquée par le retour de la dialectique des nations et des empires. Celle-ci écarte pour le moment le Vieux Continent qui a décidé de ne plus en être un.

Jean-François FIGEAC
Chargé de recherche, d’études et d’enseignement au Service historique de la Défense
Propos recueillis par Olivier Dard

 

  1. Ce conflit vient de faire l’objet d’une publication importante : Éric Anceau, Jean-François Figeac, et Marie-Pierre Rey (dir), La guerre de Crimée, première guerre contemporaine, Paris, Classiques Garnier, 2025. ↩
Jean Francois Figeac

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