Nous y sommes. La lame de fond qui transforme le monde du travail n’est pas nouvelle, mais elle n’a jamais revêtu une telle force, ni un tel caractère d’urgence.
La France bat à nouveau des records d’attractivité1 avec 1 222 implantations ou extensions annoncées, ses intentions d’embauche sont élevées (+34 % au dernier trimestre selon notre dernier Baromètre MEOS des perspectives d’emploi) et, ces dernières années, elle n’a cessé de progresser dans le classement des pays les plus innovants de l’OMPI2. Avec les énergies créatives et positives dont notre pays regorge, je
l’admets : je suis confiant ! Et je ne suis pas le seul : 63 % des dirigeants estiment que l’attractivité de la France va encore augmenter dans les trois ans à venir.
Cette dynamique est porteuse d’un espoir, mais aussi d’un défi : les innovations de rupture qui transforment aujourd’hui notre monde sont des opportunités extraordinaires – mais elles peuvent aussi engendrer des fractures dans notre société.
Dans notre contexte de disparition de certains métiers au profit de nouveaux, notre défi, c’est la fracture des compétences.
Et c’est là que le bât blesse… Alors même que le chômage est stable, les pénuries de main-d’œuvre atteignent parfois des points critiques : dans le domaine du numérique, nous ne pouvons parfois proposer qu’une personne pour cinq demandes clients3. Autre problème : certes, nous sommes le pays le plus attractif en 2021, mais les investissements étrangers sont moins créateurs d’emplois qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne. Pourquoi ?
Parce que le défi de la formation des travailleurs français est immense sur notre territoire : l’attractivité de la France, il faut le rappeler, c’est d’abord l’employabilité des Françaises et des Français.
Aujourd’hui, le rôle des ressources humaines est essentiel pour accompagner les entreprises dans leurs transitions numérique et environnementale, mais cela n’est possible qu’en guidant les talents de tous les secteurs vers les compétences les plus demandées et les nouveaux métiers de demain.
Pas d’innovation durable sans emploi durable
La reprise que nous vivons est réelle, mais elle n’est pas sans faille : à l’heure où les transitions numérique et environnementale s’accélèrent, la faille se trouve dans le décalage grandissant entre le besoin des entreprises en compétences nouvelles… et la stabilité des chiffres de demandeurs d’emploi.
Selon notre étude, The Great Realization4, six employés sur dix devront acquérir des compétences nouvelles pour exercer leur métier dans le monde de demain. Quid de tous ceux qui disparaissent, rendus inutiles par l’apparition de technologies rupturistes ? Quid de tous les nouveaux métiers qui fleurissent aujourd’hui dans tous les secteurs pour accompagner la transition environnementale des entreprises ?
Pour une innovation durable, la France doit massivement former à ces métiers spécifiques !
Dans ce contexte, la mission des ressources humaines continue de prendre de l’ampleur : véritables partenaires stratégiques, nous proposons des solutions RH flexibles capables de relever ces défis. La Tech RH figure au premier rang des solutions et la France bénéficie du dynamisme extraordinaire de ses startups.
Mais ces grandes transitions des entreprises françaises, j’en ai la conviction, prennent racines dans nos territoires : l’une de nos marques de fabrique est de nous inscrire au cœur de ceux-ci. Cela se traduit par une très bonne connaissance de leurs dynamiques d’emploi et par nos liens profonds avec les différents acteurs locaux pour créer des synergies et répondre aux défis des secteurs et des régions en tension partout en France, et ce pour une bonne raison : l’innovation de nos entreprises ne sera durable qu’à condition de prendre soin de l’employabilité de tous.
Plus qu’un engagement, l’inclusion est une solution
Le plein emploi n’est pas impossible, et cela doit être notre but.
Mais un plein emploi soutenable, agile et protecteur, n’est possible que si les entreprises mènent des politiques RH plus responsables, tournées vers l’inclusion et la formation.
L’inclusion, parce que l’accès à l’emploi est encore bien trop fragmenté (en fonction de l’âge, du degré d’études, du territoire, etc.), et que c’est une des causes de ce grand paradoxe français de la coexistence du chômage et de la pénurie des talents. L’inclusion n’est pas un simple devoir, c’est aussi une opportunité pour trouver les talents qui nous manquent cruellement.
À travers notre Fondation ManpowerGroup5, nous nous mobilisons en faveur de l’accès à l’emploi et l’épanouissement professionnel de tous les publics éloignés de l’emploi mais aussi grâce à nos différents engagements associatifs en faveur de la parité, de la diversité, des profils seniors ou encore des personnes en situation de handicap. L’intégration de TINGARI, spécialiste des transitions professionnelles et de l’accompagnement vers l’emploi durable, au sein de ManpowerGroup s’inscrit dans ce même élan. Avec cette acquisition, nous renforçons notre capacité à répondre aux défis sociaux qui affectent les individus et les entreprises autour d’un projet de développement au service de l’employabilité durable et de l’innovation sociale.
Notre stratégie RSE « Working to Change the World »6 défend un avenir du travail plus durable, grâce à des engagements concrets. Un exemple qui me tient à cœur : nous sommes très investis dans le Pacte avec les Quartiers pour Toutes les Entreprises, et développons de nombreuses actions en faveur des Jeunes des Quartiers Prioritaires de la Ville.
La formation, justement, sur laquelle nous engageons toutes nos forces depuis des années, n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui.
Luttons contre la fracture des compétences
Dans notre contexte d’innovation rupturiste, ne pas suffisamment investir dans le développement des compétences, dans l’employabilité de chacun, c’est risquer de voir le décalage entre les attentes des entreprises et ce que savent faire les candidats devenir un jour trop grand.
La formation joue un rôle majeur, en particulier chez les plus éloignés de l’emploi : une récente étude de la Dares7 a comparé des demandeurs d’emploi non formés avec des demandeurs d’emploi qui entraient en formation en 2017-2019. Le résultat est sans appel : avec une formation, la probabilité d’obtenir un emploi durable dans les deux ans est 9 % supérieure, et même de 13,6 % pour les demandeurs d’emploi longue durée.
Accompagner et former pour favoriser un emploi durable, c’est tout le sens de démarches comme MyPath®8, qui fait le lien entre les profils rares et les entreprises en demande grâce à des « agents des talents ».
Depuis 2019, chaque année, nous accompagnons plus de 50 000 talents par an et 17 000 CDI intérimaires !
À mon sens, c’est là le cœur de notre mission en faveur de l’attractivité française : prendre soin, jour après jour, sur tout le territoire, de l’employabilité de tous les Français.
Alain Roumilhac
Président de ManpowerGroup France
- https://www.ey.com/fr_fr/attractiveness/barometre-de-l-attractivite-de-la-france/barometre-de-l-attractivite-de-la-france-2022 ↩
- « La France désormais aux portes du top 10 des pays les plus innovants », Le Figaro, 21 septembre 2021, https://www.lefigaro.fr/conjoncture/la-france-desormais-aux-portes-du-top-10-des-pays-les-plus-innovants-20210921 ↩
- « Recruter pour les entreprises françaises : le défi de Manpower sur le Big Tour », Ouest France, 25 août 2022, https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/recruter-pour-les-entreprises-francaises-le-defi-de-manpower-sur-le-big-tour-7900016 ↩
- https://www.manpowergroup.fr/etude-the-great-realization-monde-du-travail-le-basculement/ ↩
- https://www.fondationmanpowergroup.fr/ ↩
- https://www.manpowergroup.fr/manpowergroup-sengage-au-dela-des-actions-rse/ ↩
- « Quelles sont les chances de retour à l’emploi après une formation ? », Dares, 17 août 2022, https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quelles-sont-les-chances-de-retour-lemploi-apres-une-formation ↩
- https://www.manpowergroup.fr/le-programme-mypath/ ↩