La culture est le ciment des communautés humaines, elle est ce qui nous relie les uns aux autres et permet de faire société. Mais à l’ère du numérique, la connectivité atomise les relations sociales, bouleverse les modes d’organisation et renouvelle les modèles productifs.
Cette recomposition suscite l’apparition de nouveaux écosystèmes, notamment dans le champ des arts numériques, du design et des industries créatives. L’hybridation de la création, de la recherche et de l’innovation technologique favorise le développement de nouvelles pratiques et compétences qui forment le ferment du renouveau culturel.
Mais la France souffre encore d’un retard à l’allumage, ce pourquoi il lui faut s’emparer sans plus tarder de ce phénomène, et ce pour au moins trois bonnes raisons : libérer les énergies créatives partout sur le territoire, répondre aux nouvelles aspirations sociales des digital natives, et prendre sa place dans l’espace culturel mondialisé.
Ces vingt dernières années, nos imaginaires ont beaucoup évolué avec les usages numériques.
Les technologies qui hier semblaient sortir tout droit de romans de science-fiction, telles que les réalités virtuelles, les environnements augmentés, les intelligences algorithmiques, la robotique, la blockchain ou les métaverses, investissent à présent notre quotidien.
L’homme crée l’outil qui façonne l’homme, de nouveaux moyens appellent de nouvelles potentialités qu’il est urgent de démocratiser afin de ne pas laisser la société se cliver entre cyber-élites et cyber-exclus. Sur le terrain, des acteurs engagés et soucieux du bien commun, mais encore trop isolés, font au mieux pour parer au plus pressé. En s’appuyant sur les dynamiques de partage, de collaboration, d’open-source et d’inter-créativité, ils articulent moyens numériques et intelligence collective.
Ces communautés créatives entendent questionner les finalités du monde culturel, et susciter un renouveau créatif autour des grands enjeux sociétaux.
Véritable fabrique de territoire numérique, créatif et inclusif, le centre culturel du 21ème siècle est une externalité positive au service du renouveau.
Le numérique peut être un puissant levier de transformation d’une culture en prise avec les défis sociaux, éducatifs, environnementaux et économiques. Selon l’Unesco, les industries culturelles et créatives fournissent près de 30 millions d’emplois à travers le monde et font travailler plus de jeunes que tout autre domaine d’activité. Elles constituent l’un des secteurs économiques en plus forte croissance pour les décennies à venir.
Si le plan de soutien de 2,5 milliards d’euros aux industries culturelles et créatives (ICC), lancé en 2020 par le ministère de la Culture (Programme d’Investissement d’Avenir), peut aider à structurer le déploiement de lieux dédiés aux cultures digitales, reste à sensibiliser et accompagner les publics vers les nouveaux chemins de créativité et d’emploi. La France, dans ce domaine, peut jouer un rôle significatif.
Le centre culturel du 21ème siècle est un levier de transformation territoriale au service du bien commun.
Résolument interdisciplinaire et multiculturel, il est tout à la fois un pont entre la création et l’innovation, une fabrique collective de nouveaux possibles, un espace d’émancipation et d’ouverture au monde.
Depuis plus de 20 ans, Le Cube et ses partenaires publics et privés expérimentent la matrice de ce nouveau modèle. Cette centrale d’énergie créative entend renforcer la démocratie en favorisant la participation citoyenne. Parce que le renouveau démocratique passe nécessairement par l’adaptation aux mutations du présent, il est temps de repenser la place et le rôle de la culture dans l’édification collective d’un futur meilleur.
Nils Aziosmanoff
Président du Cube