Matthieu Creson, chargé d’études à l’IREF, chercheur associé à l’Institut libéral, conférencier, revient sur le « contre-projet » de réforme des retraites proposé par LFI.
La France insoumise (LFI) a présenté lundi 30 janvier un « contre-projet »1 de réforme des retraites, prévoyant d’abaisser l’âge légal de 62 à 60 ans, de réduire la durée de cotisation à 40 ans pour avoir droit à une retraite à taux plein, et d’instaurer une pension minimale de 1 600 euros. En outre, LFI entend supprimer la décote qui s’applique aux retraités qui n’ont pas assez cotisé pour bénéficier d’un taux plein, et permettre aux versements du RSA d’être comptabilisés pour la retraite. Coût du « contre-projet » de réforme de LFI : 27 milliards d’euros à partir de 2027.
Non seulement LFI ne veut pas de la réforme des retraites, mais elle veut même revenir à une situation qui nous conduirait immanquablement à la ruine.
Pour financer ses folles dépenses, LFI entend ainsi supprimer l’allègement des cotisations pour les salaires supérieurs à 2,5 fois le Smic. Elle préconise encore d’autres économies comme la fin de certaines exonérations de cotisations, afin de justifier la faisabilité de son « contre-projet ». Tout cela tient à vrai dire du bricolage, alors qu’il nous faut plus que jamais une profonde réforme « systémique » des retraites, comme d’autres pays européens l’ont fait (Suède, Danemark, Pays-Bas, etc.).
Tout le monde sait ou devrait savoir que notre système de retraite, fondé sur la répartition avec un âge légal de départ à la retraite à 62 ans, n’est plus tenable. Il y avait en 1980 4 cotisants pour 1 retraité, alors qu’il n’y a plus aujourd’hui qu’1,7 cotisant par pensionné. D’après le Conseil d’orientation des retraites (COR), il y aura en 2070 1,3 cotisant par retraité.
La baisse de la fécondité est telle que la population active future ne sera tout simplement pas assez nombreuse pour financer les retraites des pensionnés.
LFI propose ainsi l’exact contraire de ce qu’il faut faire. Son « contre-projet » alourdirait considérablement le poids des retraites (déjà accablant, puisque les retraites ont représenté, en 2021, 1 475 milliards d’euros soit près d’un quart de nos dépenses publiques !). En 20212, les retraites représentaient 13,8 %, mais elles pourraient atteindre selon les estimations du COR 14,2 % et même 14,7 % du PIB de 2028 à 2032. Une réforme des retraites en profondeur (alignement de l’âge légal de départ à la retraite sur nos voisins européens, mais surtout introduction massive de la capitalisation) est donc impérative pour lutter contre le déficit budgétaire chronique et le surendettement de notre pays.
Qui plus est, une telle réforme bénéficierait à tout le monde : l’IREF3 vient de montrer que la capitalisation permettrait à un Smicard de toucher… 110 000 euros de plus lors de sa retraite que dans le système actuel de retraite par répartition ! Preuve encore une fois que les solutions libérales ne profitent pas qu’aux « riches », comme on l’entend partout, mais aussi aux moins fortunés. Les solutions socialistes, elles, nuisent à tout le monde. Elles favorisent en effet l’égalité, mais dans la pauvreté et la banqueroute, jamais dans la richesse ni dans la réussite.
Matthieu Creson
Chargé d’études à l’IREF,
Chercheur associé à l’Institut libéral
Conférencier
- https://www.lopinion.fr/economie/retraites-le-contre-projet-fou-de-la-france-insoumise ↩
- https://www.vie-publique.fr/en-bref/286299-retraites-le-cor-prevoit-des-deficits-apres-les-excedents-2021-2022 ↩
- https://fr.irefeurope.org/publications/les-chiffres-cles/article/retraite-la-capitalisation-permettrait-a-un-smicard-de-beneficier-de-110-000-euros-de-plus-que-dans-le-systeme-actuel/ ↩