Dans un monde de plus en plus connecté, la cybersécurité est devenue un enjeu majeur. Le Forum International de la Cybersécurité (FIC), qui se tient chaque année à Lille, est un événement incontournable qui rassemble des acteurs de tous horizons pour discuter des défis et des solutions en matière de cybersécurité. Dans cette interview accordée à la Revue Politique et Parlementaire, le Général (2S) Marc Watin-Augouard, fondateur du FIC, revient sur les principaux enjeux de la cybersécurité, les initiatives mises en place par le forum pour y répondre et ses aspirations pour l’avenir de cet événement.
Revue Politique et Parlementaire – Quels sont les principaux enjeux auxquels le monde fait face dans le domaine de la cybersécurité et comment le forum contribue-t-il à y répondre ?
Général (2S) Marc Watin-Augouard – L’un des grands enjeux est l’hyper connexion croissante et le fait qu’il y a de plus en plus d’internautes. Cela a pour conséquence une augmentation du nombre de personnes utilisant les techniques d’internet avec un risque plus important de mésusages soit par erreur, soit par mauvaise volonté ou de manière mal intentionnée qui vont perturber le système numérique avec tous les dangers que cela peut entraîner. Plus il y aura de personnes, d’objets et de machines connectés, plus le risque cyber va s’accroître. Nous serons donc amenés à travailler collectivement pour faire en sorte que ça soit tout un ensemble qui fonctionne mieux et non plus un individu avec sa machine de son côté. Cela doit devenir quelque chose de beaucoup plus large, plus ouvert, plus collectif et plus collaboratif.
Revue Politique et Parlementaire – Dans un paysage où les moyens cybernétiques sont en constante évolution, quelles sont les initiatives que vous observez et qui pourraient changer la donne en matière de cybersécurité ?
Général (2S) Marc Watin-Augouard – Ce que je note actuellement, avec satisfaction mais en estimant qu’il faut aller encore plus loin, c’est que le nombre de formations qui intègre la cybersécurité est en augmentation. Pour autant ce n’est, pour moi, pas suffisant. Nous allons vers un monde où tout sera connecté, il ne faudra donc pas simplement avoir des spécialistes mais des personnes qui ont toutes une culture cyber pour comprendre les enjeux, les difficultés, les risques et savoir quelles sont les mesures à prendre dans notre vie quotidienne, au travail, chez soi. L’un des points positifs mais qu’il faut améliorer c’est la formation.
Revue Politique et Parlementaire – Le Forum InCyber réunit des acteurs de différents horizons, 103 pays sont représentés. Comment parvenez-vous à faciliter la collaboration entre ces diverses parties prenantes ?
Général (2S) Marc Watin-Augouard – D’abord ils sont ensemble sur un même site ; ils participent collectivement à des ateliers, des conférences. Le second point essentiel est l’esprit du Forum. Il règne ici un esprit d’amitié, les relations se nouent facilement entre les personnes. Je pense que c’est lié au climat amical et fraternel des villes du Nord. On se retrouve devant une bière, des frites, des moules, c’est simple, mais très chaleureux. Si vous vous promenez le soir dans les rues de Lille, au moment du FIC, tous les restaurants et les cafés sont pleins de gens qui créent leur propre soirée, leur propre événement. C’est pour moi là où on peut commencer à dire qu’on a au moins réussi à créer un groupe d’amis. Alors quand on est amis, on parle, quand on parle on échange, quand on échange on progresse.
Revue Politique et Parlementaire – En seize éditions du Forum InCyber, comment avez-vous évolué pour répondre aux nouvelles technologies et menaces cybernétiques ? Quelles initiatives ont été mises en place pour faire face aux défis changeants de la cybersécurité ?
Général (2S) Marc Watin-Augouard – Le thème du forum a évolué au fil des années en fonction des technologies. Il y a plusieurs années nous aurions parlé d’IA dans un atelier, cette année c’est le thème central. L’année prochaine le thème du forum portera certainement sur les questions de confiance qu’on retrouvera dans différents domaines : intelligence artificielle, chiffrement, acteurs de la cybersécurité, solutions, objets, etc. Tout ça fait parti des thèmes qui évoluent parce qu’à un moment donné on va dire qu’il n’y a pas un changement de dimension mais quand même, l’hyper connexion change beaucoup de choses alors qu’avant on abordait le problème d’une manière micro là on l’aborde d’une manière macro.
Revue Politique et Parlementaire – En tant que fondateur du Forum InCyber, qu’elles sont vos aspirations pour l’avenir de cet événement ?
Général (2S) Marc Watin-Augouard – Le forum va grandir encore mais avec une certaine limite car nous voyons poindre les 20 000 personnes présentes et ce n’est pas évident d’aller au-delà de ce chiffre car cela signifierait occuper et valoriser l’intégralité du Lille Grand Palais. En revanche, nous allons « festivaliser » l’événement en créant la semaine du numérique. Le FIC se tiendra le mardi et le mercredi. Une séquence festival du film cyber, mise en oeuvre en partenariat avec un festival, aura lieu le lundi. Un autre jour, nous inaugurerons une exposition des étudiants des Beaux-arts qui auront réalisé une représentation de l’espace numérique. Et d’autres choses encore afin d’avoir comme à Avignon, le festival « on » et le festival « off ».
Général (2S) Marc Watin-Augouard
Fondateur du Forum InCvber (FIC)
Propos recueillis par Paul Lusseau
Guillaume Tissier, DG du FIC
Marc Watin-Augouard, Fondateur du FIC