Dans sa dernière tribune, Baptiste Ménard, membre du Bureau National du PS et adjoint au maire de Mons-en-Baroeul, dénonce la « LFIsation » du Nouveau Front Populaire (NFP). Il critique l’alignement du Parti Socialiste sur les stratégies de La France Insoumise, notamment dans le cadre de la procédure de destitution d’Emmanuel Macron, qu’il qualifie de « coup politique ». Ménard appelle la gauche à se recentrer sur les véritables préoccupations des citoyens, loin des actions stériles et symboliques.
Au sujet de la procédure de destitution, les mots de Laurent Joffrin – fondateur du journal.info – sont durs à l’égard de notre parti mais sont-ils faux ? Lisons-le attentivement.
« Avec la raideur d’une anguille et l’impavidité d’un avaleur de couleuvres, le PS votera donc la recevabilité , tout en affirmant son hostilité au projet. Il laissera Mélenchon crier victoire et prendra le rôle de supplétif trouillard et cauteleux, qui s’oppose sans s’opposer, qui dit oui en pensant non, qui cède à la première algarade tout en se débinant ensuite… »
Par ce triste épisode, nous assistons impuissant au processus long mais durable de « LFIsation » du Nouveau Front Populaire (NFP).
Ce processus se poursuit comme depuis le début du NFP. En effet, le programme était déjà marqué du sceau de LFI. Alors pourquoi utiliser l’article 68 et demander la destitution du Président de la République alors que cet article ne peut pas être dévoyé de la sorte juste pour faire un coup politique ? Il s’agit d’un article « sacré » très important, qui ne doit pas perde de son exceptionnalité.
Il doit être saisi uniquement en cas de faute gravissime, de manquement majeur du chef de l’Etat à ses devoirs, à la vie démocratique du pays , et à l’esprit de nos institutions.
Ici, Jean-Luc Mélenchon et ses alliés agitent un chiffon rouge dans lequel le PS tombe – malheureusement – immédiatement mais à la fin il y aura discussion sur cette procédure de dissolution – qui n’a aucune chance d’aboutir – et au bénéfice de qui politiquement ? Evidemment que LFI aura réussi une nouvelle fois à galvaniser ses troupes, à les solidariser autour de colères simulées et de resserrer ses rangs.
Le PS est ainsi placé au rang de supplétif de cette stratégie mortifère au lieu d’imposer sa ligne.
Le vote des députés socialistes a d’ailleurs marqué que l’ensemble des parlementaires n’étaient pas sur cette ligne (32 en faveur contre 28 en défaveur). Aussi, on peut légitimement regretter que le Bureau National de notre parti ne soit pas réuni en amont de la réunion du bureau de l’assemblée nationale afin de trancher de la position des socialistes.
Cette position nous amène à valider une procédure dont nous savons qu’elle ne peut aller à son terme, pour ensuite la contester et ce à plusieurs reprises, d’abord au sein de la commission des lois, puis en séance publique. Cette position « ni oui ni non » est indéfendable auprès de nos électeurs et nous conduit à épouser les codes et méthodes de la gauche protestataire au détriment de la gauche de gouvernement à laquelle nous appartenons.
En la votant lors de la réunion du bureau de l’assemblée nationale, nous nous sommes rendus complices d’une procédure qui n’a donc strictement aucune chance d’aboutir et qui ne correspond pas au manquement majeur dont il serait question dans l’article 68 conformément à notre constitution, mais qui permettra à LFI de continuer sa logique cynique de théâtralisation de la vie politique.
Pour conclure, LFI se sert des institutions pour jouer à la politique politicienne, et le PS – par cette décision s’associe à cette pente – que je juge dangereuse. Car en effet, les institutions sont sacrées et doivent rester à la hauteur de ce qu’elles sont et ne pas servir de communication politique ni d’appâts politiciens
Voilà donc où nous en sommes, c’est très dommageable d’une part pour notre parti, le PS, et d’autre part pour la vie politique française. Nous aurons pourtant bien l’occasion de démontrer notre opposition à la politique que conduit Emmanuel Macron à l’occasion du discours de politique générale du premier ministre Michel Barnier, puisque nous voterons la censure. Il n’y avait donc nul besoin de nous associer à ce « coup politique » de LFI.
Les citoyens attendent de la gauche qu’elle soit mobilisée pour défendre leurs préoccupations, qu’il s’agisse de la promotion des services publics ( santé, éducation, sécurité), de la prise en compte du pouvoir d’achat, pas qu’elle se perde dans des actions stériles et inopérantes. Soyons à la hauteur des enjeux de notre pays, et des revendications et besoins légitimes de nos concitoyens !
Baptiste Ménard,
Membre du Bureau National du PS,
Adjoint au Maire de Mons-en-Baroeul,
Président de « Lueurs Républicaines »
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