Olivier Faure sort en tête du premier tour du vote des militants socialistes. Mais cette victoire ne crée aucune dynamique pour les socialistes, enfermés dans des débats stratégiques internes.
Trois chiffres traduisent assez bien l’état du Parti socialiste. Lors du Congrès de 2023 à Marseille, la formation annonçait 42 000 inscrits. Deux ans plus tard, ils sont un peu moins, 39 000, à être en mesure de désigner leur premier secrétaire. 23 000 seulement ont jugé utile de le faire. La démobilisation des adhérents, au lendemain de l’échec de la présidentielle de 2022, s’explique aisément. En revanche, la persistance de ce désintérêt, alors que de nouvelles élections se profilent, a de quoi inquiéter les responsables socialistes.
Dans moins d’un an les électeurs devront choisir leur maire. Or, les municipales constituent un rendez-vous essentiel pour un parti comme le PS qui a souvent su compenser ses échecs nationaux par son implantation locale. Mais les leaders du parti semblent obsédés par une question purement stratégique : quel doit être le contour de l’union de la gauche sans LFI et à quel moment doit-il être tracé en vue de 2027 ? Visiblement, la question n’intéresse pas vraiment, sauf des socialistes déjà encartés, et encore, pas tous.
Comment ne pas voir dans cette désaffection le désaveu des sympathisants vis-à-vis d’un parti qui ne s’adresse plus à eux ? La comparaison avec le processus de désignation du président des LR apporte quelques explications. La question posée concernait là aussi la stratégie à mener en vue de la prochaine présidentielle, mais la différence, c’est qu’elle s’est inscrite dans les enjeux politiques actuels. Fallait-il ou non participer au gouvernement pour sauver la droite, elle aussi au plus bas depuis la dernière élection présidentielle ? Les socialistes ne participent pas au gouvernement, mais la question de leurs relations avec le gouvernement se pose bel et bien à travers une potentielle censure. Tandis que la droite impose ses sujets (sécurité, drogue, immigration ou lutte contre l’islamisme) la gauche conteste leur prééminence sans fournir de contrepropositions ou d’autres priorités. Les socialistes, parti de gouvernement, peuvent-ils se contenter de dénoncer la dérive droitière ou extrême droitière de leurs rivaux sans proposer une vision alternative ?
Il existe un électorat de gauche, socialiste ou social-démocrate, parti chez Emmanuel Macron en 2017 et qui ne juge pas prioritaire l’interdiction du voile pour les mineurs de Gabriel Attal, ni le travailler plus et plus longtemps d’Édouard Philippe. Ils sont en déshérence mais le PS ne leur parle pas. Il ne leur propose pas des solutions ou un projet, juste une stratégie d’alliance. Non seulement cette approche ne crée pas une dynamique, mais elle est à contretemps. A contretemps du débat politique actuel et à contretemps du calendrier électoral. A quoi bon trancher la question du comment faire l’union de la gauche à la présidentielle alors que les cas d’école vont très concrètement se poser bien avant cela, dans quelques mois aux municipales ?
La survie du PS passera moins par ses alliances à la présidentielle qu’à sa capacité à parler aux Français de leurs problèmes.
Marie-Eve Malouines
Editorialiste