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dans N°1091, Politique

« Le pouvoir a pris en otage le politique qui a abdiqué devant lui »

Jean LassalleParJean Lassalle
14 août 2019
« Le pouvoir a pris en otage le politique qui a abdiqué devant lui »

Au cours d’un entretien qu’il nous a accordé, le député Jean Lassalle analyse le mouvement des « gilets jaunes » et soumet des propositions pour sortir de cette crise.

Revue Politique et Parlementaire – Le mouvement des « gilets jaunes » est-il pour vous un mouvement révolutionnaire ?

Jean Lassalle – Oui, c’est un mouvement révolutionnaire car il est soudain, incontrôlable, il ne veut pas être récupéré politiquement. Malgré toutes les tentatives pour le désamorcer il réussit à s’incruster et, d’après les sondages, 80 % des Français le soutiennent. Et puis ce mouvement exprime de façon radicale des éléments essentiels de la vie de notre pays : l’augmentation des taxes, le pouvoir d’achat qui ne cesse de diminuer, la paupérisation croissante.

Il est également révolutionnaire car il prend à contre courant tous les codes et tous les éléments constitutifs de notre débat politique traditionnel.

Chaque samedi, quel que soit le temps, quelle que soit la présence policière ou celle des casseurs, les « gilets jaunes » sont dans la rue franchissant parfois la ligne rouge comme l’interdiction de manifester sur les Champs Elysées. Moi qui crois beaucoup en la conscience des peuples, je pense qu’il y a une inspiration populaire forte, au sens plein du terme de la plèbe, dans ce mouvement.

RPP – Ne pensez-vous pas que le rôle des réseaux sociaux et des nouvelles technologies a permis une agrégation et une mobilisation plus rapide de ce mouvement ?

Jean Lassalle – Oui c’est indéniable et si en 1789 il y avait eu les réseaux sociaux les choses auraient eu lieu plus vite. C’est de la même inspiration. C’est-à-dire qu’en tout point du pays il y a un fort sentiment d’abandon et une grande colère qui se traduisent par le découragement pour les uns, l’indignation rebelle pour les autres. 

RPP – Vous avez fait le tour de France, vous avez été candidat à la présidentielle, vous êtes un élu de terrain, d’une zone qui est profondément enracinée, avez-vous senti venir ce mouvement ?

Jean Lassalle – Je ne suis pas seulement un élu rural car durant mon tour de France j’ai passé beaucoup de temps dans les grandes villes comme Lille, Strasbourg, Marseille, Paris et dans les banlieues. Partout on me parlait de paupérisation, de pouvoir d’achat, on me disait qu’on allait voter Front national aux prochaines élections, ce que j’entendais était effrayant. J’ai rédigé un rapport à la suite de ces huit mois de marche sur les routes et chemins de France dans lequel je rends compte des milliers de témoignages recueillis. J’ai également écrit un livre À la rencontre des Français dans lequel je raconte les colères, les doutes, le  désespoir, la perte de confiance dans les hommes politiques et les aspirations des personnes que j’ai rencontrées. J’ai donc vu arriver ce mouvement. 

RPP – Ce sont principalement les zones rurales, périurbaines et semi-urbaines qui se sont mobilisées, ce que Christophe Guilluy appelle la France périphérique et qui est davantage à mon sens une France « périphérisée » par l’absence de politique d’aménagement du territoire. Comment expliquez-vous la non réaction des banlieues ?

Jean Lassalle – Vous avez raison. Et j’ai senti au cours de mon tour de France que les habitants de la France périphérique commençaient à s’affranchir de plus en plus, à reparler politique, à retrouver leur voix. En revanche, la banlieue est confrontée à des préoccupations majeures comme la drogue, il est donc très difficile de recueillir la parole de cette population. Et puis il y a eu une esquisse de politique des zones de revitalisation urbaine, on y a mis  un peu de vivant même si c’est très insuffisant. Ils n’ont donc pas, pour le moment, le même ressenti que les citoyens qui ont
adhéré au mouvement des « gilets jaunes ». Mais je pense qu’il ne s’agit que partie remise, car une fois la confiance instaurée, beaucoup d’habitants de la banlieue m’ont dit « de toute façon ça pètera un jour, et ce jour là j’y serai ». Je suis allé voir François Hollande et lui ai dit « j’espère que tu es informé de ce qui se passe et se dit sur le terrain », il m’a répondu « parfaitement mais que veux-tu que j’y fasse ? ».

RPP – C’est un constat d’impuissance problématique pour un président de la République.

Jean Lassalle – Oui, et il me l’a répété au cours d’une seconde rencontre.

RPP – S’agit-il d’une crise d’abord sociale et qui devient aujourd’hui une crise politique, une crise de remise en cause des institutions, du fonctionnement de la démocratie ? Qu’est-ce qui selon vous prédomine dans ce que nous sommes en train de traverser ?

Jean Lassalle – À l’issue de mon tour de France, j’ai compris que j’avais rencontré un peuple qui a peur. Peur du présent, peur de perdre son emploi, peur de ne pas en trouver, peur pour les enfants, peur devant le désordre familial, peur de la banque, mais peur surtout d’une absence de vision. Par ailleurs ils n’ont plus confiance en rien ni en personne. C’est donc un peuple qui a peur et qui n’a plus confiance.

Il y a d’abord eu une crise économique qui a débouché sur une crise sociale, et nous avons aujourd’hui une crise humaine.

Car l’homme se sent agressé dans son intégrité, il a le sentiment que l’angoisse et l’anxiété permanentes qui se sont saisies de lui en font quelqu’un qui ne compte plus pour personne, qui est inutile.

Cela se traduit pour les uns par un découragement total et pour les autres un sentiment de rébellion. Et dans une même discussion, on peut retrouver ces deux catégories qui vous disent : « à quoi ça sert, tout est foutu, il n’y a plus rien, il me tarde que ça pète ».

Le discours fort de François Hollande au Bourget contre le capital a eu un impact important. Puis il y a eu le pacte budgétaire européen et les socialistes ont voté le contraire de ce qu’ils avaient annoncé. Ensuite nous avons passé six mois sur le vote de la loi sur le mariage pour tous alors qu’elle aurait pu être adoptée en une semaine. Cela a été une période détestable car le pire sur le genre humain a été dit durant cette période. Enfin, il y a eu le remplacement des conseils généraux par les conseils départementaux et le fait qu’ainsi on pourrait supprimer les délégués territoriaux, ce qui contribue à dire qu’en fait ils ne sont rien.

Il y a un sentiment généralisé qu’au fond plus rien ne vaut rien.

RPP – Cela veut-il dire que l’on est dans une époque de relativisme absolu ?

Jean Lassalle – Oui, tout à fait. Et dans une époque où les citoyens sont susceptibles de penser quelque chose qui est à des années lumière de venir à l’esprit des sachants, dont je fais partie puisque je suis député. Pour moi il s’agit donc d’une crise humaine. 

Dans la plupart des révolutions, y compris à l’étranger, la famine a été le principal détonateur qui était déjà animé par les mêmes c’est-à-dire, sans être complotiste, par ceux qui veulent le désordre et que ça explose. Cela correspond à chaque fois à un effet de mondialisation. La première fois, c’est lorsque Christophe Colomb découvre les Indes et les Amériques. Les montagnes d’or, d’argent et d’encens transportées par les bateaux affrétés au départ par les États déstabilisent et appauvrissent les rois. C’est donc toujours les mêmes qui se disent « moi, je ne travaille pas pour que mes enfants aient un meilleur avenir », ce qui est quelque part la définition du progrès et de l’espoir, « moi, je travaille pour organiser une lutte de pouvoir que les hommes doivent se livrer compte tenu des nouvelles circonstances ». Et aujourd’hui ce n’est pas la famine, mais c’est  la peur de la paupérisation.

RPP – C’est effectivement une peur de paupérisation, mais n’est-ce pas également une demande de parole et d’expression ?

Jean Lassalle – C’est une demande de parole, d’expression et d’écoute aussi. Combien de fois, pendant mon tour de France, j’ai entendu « écoute-moi ! ».

Les « gilets  jaunes » retrouvent le temps de la discussion révolutionnaire.

Toutes les catégories d’âges se rencontrent sur les ronds-points, avec un nombre important de personnes âgées, de femmes ayant élevé seules leurs enfants en faisant comme elles pouvaient. Les plus jeunes ont le sentiment de découvrir un grand-père, et le grand-père s’attache à ce petit-fils qu’il ne voit plus ou dont il n’a plus de nouvelles. Beaucoup estiment avoir trouvé dans ce mouvement une nouvelle famille, ce qui explique sa force. On y retrouve également des citoyens d’origine socioprofessionnelle différente, l’ancienne classe moyenne en voie de paupérisation, des smicards, des salariés précaires comme des personnes qui ne sont pas frappées par la crise mais qui ont peur du monde tel qu’il évolue et qui ne supportent plus l’injustice. C’est également en cela que ce mouvement est révolutionnaire.

RPP – Les ressorts de la crise sont très anciens, mais la façon dont le président de la République a géré la conjoncture ces derniers mois n’a-t-elle pas été un accélérateur de cette crise ?

Jean Lassalle – Il m’arrive d’avoir la langue assez dure avec Macron, mais très sincèrement je ne vois pas quel président récent aurait pu éviter une telle situation. 

Peut-être de Gaulle car c’était un vrai politique. Souvenons-nous lorsqu’en pleine crise politique, en mai 1968, il disparaît à Baden-Baden pendant quelques heures. Puis le lendemain dans un discours diffusé à la radio il renverse totalement la situation. C’est son coup de génie qui a permis de faire cesser les événements de mai 68.

RPP – Mais de Gaulle apporte des réponses très fortes à la crise de mai 68. Socialement avec les accords de Grenelle et politiquement avec la dissolution de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, avez-vous le sentiment que les réponses qui semblent se dessiner sont à la hauteur de la gravité de la crise ?

Jean Lassalle – Après avoir relativisé la responsabilité du président, je reconnais qu’on ne peut pas faire preuve de plus de maladresse que lui. D’abord, il ne connaît absolument pas la France, ce qui était également le cas de Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac et François Mitterrand, tout comme moi, en connaissaient les ressorts profonds pour l’avoir intensément parcourue. Après avoir longtemps gardé le silence, il adopte un discours à contre courant, « j’ai été élu, j’ai raison, je ne change rien, on garde le cap », qui met le feu aux poudres. Puis il disparaît. Je pense qu’il est complètement perdu à ce moment-là, il fait une tentative de sortie en se rendant au Puy-en-Velay mais on voit qu’il a peur, il ne fait pas face et ça c’est terrible. Enfin, il lance le Grand débat national.

Mais il ne comprend pas que les Français ne souhaitent pas débattre lors de réunions organisées par le système qu’ils dénoncent.

Il aurait dû donner la consigne à ses députés de se rendre sur les ronds-points – comme je l’ai fait moi-même, un peu Mélenchon et Dupont-Aignan et très peu Marine Le Pen – car c’est là que tout se joue. C’est sur les ronds-points que les « gilets jaunes » veulent discuter. Après, les écuries se réveillent, pour les personnes plutôt à gauche il faut s’organiser et créer des assemblées citoyennes, pour celles plutôt à droite, il faut nommer des responsables et participer aux élections européennes. Mais je leur réponds « méfiez-vous car les manifestants en 1968 avaient créé un slogan assez juste qui disait “élections, piège à cons” ».

RPP – Quelles sont pour vous les solutions pour sortir de cette crise ?

Jean Lassalle – Les cartes sont entre les mains du président. Il va tout miser sur les élections européennes. La France n’a jamais résisté à une élection, c’est-à-dire que dès qu’il y a une élection tout le monde s’éparpille. Il se dit qu’il va éliminer tous les autres partis et que La République en marche ! va se retrouver face au Rassemblement national au second tour. Ainsi, il apparaitra comme le garant de la civilisation contre le retour de la noirceur, de la moisissure. Mais il affiche trop que sa priorité est les élections européennes. Alors qu’il avait regagné un peu de terrain auprès de certains contestataires, il s’éloigne à nouveau en replaçant le débat sur le territoire européen donnant le sentiment d’abandonner son propre pays et les Français. Pourquoi a-t-on conservé la Marseillaise qui comprend des paroles atroces comme hymne national ? Parce que c’est un chant d’inspiration révolutionnaire. Et tu entends cela sur les ronds-points. C’est ça qu’il faudrait qu’on réussisse à écouter et même si nous n’avons pas de réponse immédiate, il faut continuer autour de cela. 

Avec le Grand débat national Emmanuel Macron a cru également faire coup double en réhabilitant le mandat de maire, mais les maires se savent condamner à mort par la loi NOTRe. 

Moi, j’aurais dissous l’Assemblée nationale en février dernier avant que les choses n’aillent trop loin.

Je pense que la dissolution est inéluctable. Les élections européennes vont nous occuper jusqu’à l’été, puis il y a les vacances, mais après le 15 septembre les manifestations vont reprendre de plus belle.

Après la dissolution, Emmanuel Macron aurait certainement eu une majorité comme on en a jamais connue en France, très hétéroclite. Il se serait retrouvé dans la posture qu’il affectionne, celle du monarque, de Jupiter. Cela a bien réussi à Mitterrand, qui était fait pour ce type de position, et à Chirac qui a su en retirer toute la substantifique moelle qu’il pouvait en tirer. Il est évident que Macron aurait sacrifié sa majorité, mais il pouvait dire à ses  députés « dans trois ans je me représente, je suis réélu, puisque les deux autres ont gagné systématiquement, j’aurai de nouveau la majorité et vous retrouverez vos sièges de députés ».

RPP – Oui, mais cela est une solution politique circonstancielle qui ne change rien aux problèmes de fonds de la société française. Comment fait-on après ?

Jean Lassalle – J’ai écrit au président de la République début mars pour lui faire deux suggestions. La première c’est l’instauration de la reconnaissance du vote blanc. Cela entraînera aussitôt une augmentation significative de la participation aux élections européennes qui risque sans cela de connaître un taux d’abstention jamais atteint. 

La seconde est l’abrogation de la loi NOTRe. Emmanuel Macron a fait des maires son principal relais dans l’organisation du Grand débat national. Les édiles connaissent leur territoire, sont proches de leurs concitoyens. D’ailleurs dès que les maires font leur retour, les « gilets jaunes » et leur bataille perdent un peu pied.

Ces deux dispositions peuvent se faire sans réunion du Congrès ni modification de la Constitution.

En faisant cela il coupait cours à la demande d’instauration du référendum d’initiative citoyenne qui est compliqué à mettre en œuvre et suppose d’amender la Constitution. 

Je pense qu’il faut revenir à l’essence même de ce qu’est notre pays. La France s’est construite autour d’un État et de provinces. L’État est un symbole et un outil. Le symbole est aujourd’hui très abimé, il faut donc le réformer, l’alléger tout en faisant en sorte que la France conserve un modèle auquel elle est  très attachée qui est à la fois social et libéral. J’abrogerais toutes les dispositions organisationnelles du territoire.

Je réhabiliterais toutes les provinces puis il y aurait les départements et les communes.

Je supprimerais les régions qui sont trop centralisées donc inopérantes.

RPP – Mais les provinces ce sont des régions ? Qu’est-ce qui les différencie aujourd’hui ?

Jean Lassalle – Non ce n’est pas la même chose. Par exemple, quelle est l’histoire commune entre la Nouvelle Aquitaine et le Limousin ? On peut concevoir l’Occitanie de Montpellier à Toulouse, mais encore aurait-il fallu qu’on y mette une partie des Basques et des Béarnais pour garder une cohésion. Aucune nouvelle région n’est cohérente.

Puis, une fois la nouvelle organisation du territoire effectuée, il faut immédiatement créer un mouvement de rentrées financières. Mais aujourd’hui, on envoie tout le monde sur des faux sujets comme par exemple la création d’une taxe contre le réchauffement climatique. Il faut donner des normes que les Français peuvent comprendre. Le pétrole c’est terminé, il n’est plus qu’une source de guerre, cela nous permet de vendre encore quelques armes, mais on se met tout le monde à dos. L’utilisation des forces conjuguées du soleil et des marées peut remplacer le pétrole et le nucléaire. La France possède une façade maritime très importante qui offre un potentiel énorme. Elle doit décider seule, et non à 28, de créer un mouvement dans ce sens et alors nous aurons très vite des résultats. Regardez le four solaire de Font-Romeu-Odeillo-Via qui fonctionne à l’énergie solaire depuis 1970. Il faut utiliser ce que nous offre la nature. Il faut injecter et faire circuler l’argent dans les énergies renouvelables.

RPP – L’un des sentiments qui se dégage de cette crise c’est que ceux qui manifestent et une partie de l’opinion publique très importante considèrent que le pouvoir n’est plus chez eux, n’est plus vraisemblablement là où il doit s’exercer souverainement par délégation, mais qu’il est ailleurs. 

Jean Lassalle – Le pouvoir est en effet dans un univers globalisé qui n’a plus de langue. 

RPP – Et il n’est plus identifié et c’est un vrai problème car on ne sait plus à qui on parle.

Jean Lassalle – Effectivement, ce n’est plus M. Renault, ce n’est plus M. Ford, on ne sait pas qui il est, mais en tout cas quel rouleau compresseur ! Le pouvoir a pris en otage le politique qui a abdiqué devant lui. Qu’est ce que tu fais si tu n’as pas d’espace politique ? Et l’espace politique on y a renoncé ! Moi sur ce point là je ne rejette pas la Ve République.

RPP – Selon vous les institutions de la Ve République sont-elles encore adaptées à la société dans laquelle nous vivons ?

Jean Lassalle – Il faut les alléger pour qu’elles soient efficaces. Je n’ai pas loin de 23 avis lorsque je questionne Bercy et il y a trop de personnes qui rendent impossible la décision que j’ai prise. Donc je soulage considérablement. Il faut reconstituer une organisation territoriale et remettre des principes institutionnels. Notre Constitution a fait l’exégèse des quatre premières Républiques. Elle a mis en place un système et non un modèle c’est pour cela que c’est mal vécu. La Ve République a malgré tout permis à de Gaulle de régner, à Mitterrand, qui l’avait pourtant combattue, de s’installer encore plus confortablement et même à Giscard, centriste certes un peu libéral, de faire des réformes assez substantielles.

Le jour où l’on a fait le choix de la mondialisation financiarisée, spéculative les choses ont commencé à ne plus fonctionner, petit à petit on s’est défait du pouvoir.

Et c’est sur notre projet le plus cher qu’on met à mal tous les symboles en même temps. On éloigne alors qu’il y a une appétence pour l’Europe, tout le monde est très européen. Comment en est-on arrivé là ?

RPP – Ne pensez-vous pas que nous en sommes arrivés là car on a voulu, y compris au niveau européen, plaquer un modèle hyper-centralisé ?

Jean Lassalle – On s’est inspiré du modèle fédéral américain. Et d’une certaine manière, on a appliqué ce modèle sauf que l’on n’a pas de fédéralisme, on n’a pas de citoyenneté, il n’y a pas d’opinion publique européenne. Tu ne peux pas dire que la France est un État fédéral sinon tu te fais critiquer. 

Je suis pour le rétablissement du septennat reconductible, la dissolution de l’Assemblée nationale et le système du référendum qui fonctionne si on vote souvent. Il faut également une dose de proportionnelle de 10 et 15 %. Sinon on arrive à une Assemblée à deux vitesses. Mitterrand, pour sauver la gauche, avait choisi la proportionnelle intégrale lors des législatives de 1986. Je pense qu’il est nécessaire de le faire aujourd’hui.

RPP – Cela avait permis malgré tout la constitution d’une majorité et une meilleure représentation des forces politiques, comme le Front national.

Jean Lassalle – On restaure l’équilibre et cela n’empêche pas de fonctionner. En revanche, il ne faut pas que cela dure car tu élimines la dimension  territoriale et la France c’est une alchimie, il y a une relation quasiment charnelle entre les territoires.

RPP – Le territoire est très important mais l’État central l’est aussi.

Jean Lassalle – Oui c’est pour cela que je m’occupe des deux.

RPP – De Gaulle en était tout à fait conscient car, même s’il n’osait pas le dire, il était quand même un peu maurrassien. Maurras avait une conception de la France monarchique avec des provinces, sa vision sur le plan institutionnel était intéressante et de Gaulle avait compris que la France était à la fois l’État et les provinces. Ensuite se pose la question européenne car l’Europe que nous avons mise en place est désincarnée, trop technique.

Jean Lassalle – Si j’arrive à faire campagne pour les européennes je dirais : « douce France, chère France, je profite de ces élections pour m’adresser à toi car personne ne va le faire et tu as montré au long de tes ronds-points que tu tenais quand même qu’on parle de toi ». Et j’invite tous les pays de l’Union européenne à faire de même.

Je suis très attaché à l’Assemblée nationale et je suis fier d’y siéger. C’est la République qui m’a appris à lire et à compter. J’ai un projet pour l’école, j’ai un projet de service civil sur dix mois, mais cela demande des financements. Ce pays est capable de faire entrer de l’argent de partout mais nous avons perdu 500 000 entreprises entre 2000 et 2010. J’ai fait la grève de la faim pour en sauver une, ce qui a mis en lumière les autres. Les services publics c’est liberté, égalité, fraternité. Je suis le seul à avoir protesté et cela m’a valu un contrôle fiscal sous Sarkozy. 

Lorsque je sens que la relation humaine est en train d’exploser, je marche et je dis « il faut que l’homme retrouve l’homme ». Nous avons été indignes lorsque nous avons été mal inspirés ou que nos élites se sont perdues. Nous sommes un pays excessif, mais nous sommes capables de nous redresser en dix ans.  Nous sommes le seul peuple a être reconnu dans une dimension universaliste, c’est cela qu’il faut retrouver.

Jean Lassalle
Député des Pyrénées-Atlantiques

Président de Résistons !
(Propos recueillis par Arnaud Benedetti)

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