De l’Ukraine en Israël, en passant par l’Arménie et pour une part aussi en Afrique, les plaques tectoniques ne cessent de bouger, entrechoquant partout une planète par ailleurs bousculée par d’autres de ces mouvements qui la saisissent dans sa globalité : enjeux environnementaux, migratoires, technologiques, sanitaires convergent pour stresser un monde qui dans le même temps voit se réactiver de très anciennes querelles tout autant territoriales que de civilisations.
Les traumas passés, présents et à venir se concentrent dans une même et exceptionnelle temporalité – ce qui rend tout aussi imprévisible qu’incertain le monde de demain.
C’est à l’épreuve de leur maîtrise que sont confrontées toutes les sociétés : maitrise d’une scène internationale où l’Occident n’est plus nécessairement le tensiomètre, maîtrise en conséquence de la cohabitation des civilisations à l’heure où la globalisation rebat les cartes de la géopolitique, maîtrise de la technologie dont les avancées revisitent la relation de l’homme à son anthropologie, maîtrise d’un système productif dans son rapport à l’environnement mais maîtrise aussi de la nature dans sa relation à l’humanité… Les questions sont toutes innombrables, et de la bifurcation décisive que prendra notre destinée collective dépend évidemment le sort général d’une humanité qui se retrouve confrontée à l’équivalence historique que fut le XVIe siècle, époque où l’espoir humaniste fut porté par des découvertes décisives certes, mais catapultée aussi par des conflits tout aussi sombres dont les guerres de religion ne furent pas les moins dramatiques au point qu’ils continuent sous une autre forme à sourdre encore le terrain de notre contemporanéité.
Sans doute pour avancer devons-nous comprendre que nous sommes engagés dans l’une de ces zones de passage qui constituent une forge primordiale où tout se joue, tout se noue, tout s’intrique pour faire advenir demain.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à l’Université Paris Sorbonne