
De ce constat il faut conclure que tout commence avec l’éducation car c’est elle qui in fine donne sa forme à la société.
Dès lors après la dernière livraison préoccupante pour la France du classement PISA mesurant le suivi des acquis des élèves des pays de l’OCDE, les annonces du ministre de l’Education nationale vont dans le bon sens. Elles actent en quelque sorte l’échec de décennies de politique éducative dont le principal impact aura été de niveler par le bas d’une part au nom de l’égalitarisme et d’accentuer par le haut la reproduction sociale qu’elle prétendait combattre. C’est cette spirale qu’entend combattre Gabriel Attal en revalorisant la qualité des diplômes, le brevet des collèges et le baccalauréat, en instaurant également des niveaux, permettant notamment aux élèves les plus en difficulté de rattraper potentiellement leur retard et en rétablissant la décision professorale pour les redoublements.
Certes il faudra beaucoup plus encore pour en revenir à des standards d’exigence plus conformes à ce que fut notre modèle scolaire par le passé.
Ce modèle a été détricoté, faut-il le rappeler, par des décennies de « pédagogisme », de démonétisation des diplômes, notamment avec la fausse bonne idée de conduire plus de 80 % d’une classe d’âge à l’obtention d’un bac désormais absolument démonétisé, de remise en question aussi des valeurs d’universalité et d’autorité.
La côte d’alerte est atteinte et depuis longtemps. Aussi faut-il se féliciter d’un changement de ton, rue de Grenelle, quand bien même le chemin apparaît encore long et semé d’embûches, tant déjà les propos ministériels ont vu se lever, tout juste prononcés, les critiques de ceux qui très souvent ont été les artisans ou les héritiers de la dégradation générale de l’Ecole et de ses missions.
Cette vaste entreprise de rétablissement de l’Ecole dans sa vocation originelle, on s’en doute, nécessitera beaucoup plus que des mots. Elle exigera d’aller encore plus loin dans la volonté d’assainissement, notamment en allant jusqu’au bout de l’esprit insufflé par le ministre, entre autres en supprimant le collège unique, en renforçant la formation des enseignants ou encore en refondant des programmes scolaires par trop travaillés par des idéologies de circonstances. C’est là à coup sûr une œuvre de longue haleine, de détermination et de redressement qui devra faire fi de bien des illusions post-modernes et des fantasmes déconstructeurs. Un chantier pour des décennies en quelque sorte…
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à l’Université Paris Sorbonne