Dans cet article, Charles-Louis Foulon suggère que, conformément à la séparation des églises et de l’État, le président devrait éviter les célébrations religieuses officielles au palais présidentiel et plutôt participer à de telles occasions dans des édifices religieux.
Deux jours avant le 118ème anniversaire de la loi de séparation des églises et de l’État, le président de la République a tenu à assister, dans la salle des fêtes du palais de l’Élysée, à la célébration, par le grand rabbin Korsia, du début de Hanoukka, la fête juive des lumières. Les vives réactions suscitées par cette initiative donnent envie de se reporter aux pratiques instaurées par le fondateur de la Cinquième République. Son 7ème successeur ignore sans doute le texte limpide adressé au cardinal Grente, archevêque du Mans et membre de l’Académie Française alors que commençait le principat gaullien : À moins que l’État ne soit ecclésiastique, je ne vois pas qu’il puisse être autre chose que laïque.
Catholique de tradition, respectant les valeurs exaltées par « vingt siècles de christianisme », Charles de Gaulle assista à de nombreux services religieux officiels, surtout dans la cathédrale Notre Dame de Paris où il avait fait célébrer, pour la libération de Paris, un Magnificat. Après son défilé triomphal sur les Champs-Élysées, il s’agissait toujours qu’on le voie familier et fraternel et qu’à cette vue, resplendisse l’unité nationale.
Le président souhaitait incarner l’État dressé au-dessus de toutes les féodalités, églises comprises.
Il communia très rarement en public, surtout au cours de ses voyages dans des pays communistes. Si, pour se conformer aux souhaits de son épouse, des messes furent parfois célébrées à l’Élysée entre 1959 et 1969, le mobilier installé ne faisait pas partie du Mobilier National. Ce n’est que pendant l’intérim du président Poher que des prie-Dieu inscrits sur les inventaires de cette institution furent déposés au palais de l’Élysée.
Sauf à ce que la fête de l’Aïd et toutes les fêtes de toutes les religions soient désormais célébrées officiellement dans le palais présidentiel, il serait plus respectueux de la loi de séparation des églises et de l’État que le président de la République se rende aux invitations des responsables religieux dans des édifices dont ils sont propriétaires.
Charles-Louis FOULON,
auteur de De Gaulle Itinéraires, CNRS éditions, 2010 et de De Gaulle La passion de la France, éditions Ouest-France, 2013
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