Urgence absolue pour un homme dont le talent va de pair avec l’humilité, l’humilité avec l’humanité, l’humanité avec la dignité. Urgence absolue pour la défense sans réserve de ce dont l’absence rend la vie invivable, impossible et interdite en fin de compte : la liberté. Urgence absolue au service d’une mobilisation qui l’est et le demeurera.
Ce combat, notre revue le fait sien et notre revue sera aux avant-postes tant que Boualem ne sera pas libre. Comme l’écrivait voici 24 heures un autre ami de Sansal, l’essayiste et poète Kamel Bencheik : « Nous ne lâcherons pas un pouce aux ennemis de la liberté de penser et de s’exprimer sur tous les sujets. Rien !
Boualem Sansal a été placé sous mandat de dépôt par la justice algérienne. Évidemment aucune des charges qui lui sont imputées ne mérite qu’on les commente tant elles sont tout à le fois outrancières et outrageantes. Néanmoins les effets qu’elles visent sont d’une gravité exceptionnelle puisqu’elles n’ont d’autre but que de murer dans le silence un écrivain dans son droit inaliénable à la critique.
Depuis plusieurs jours la RPP mobilise : à l’origine d’un comité de soutien poursuivant l’objectif de faire libérer au plus vite Boualem Sansal, notre appel a été entendu largement. Deux anciens Présidents de la République, cinq anciens Premiers ministres, de très nombreux anciens ministres, plus d’une soixantaine de parlementaires, la Présidente de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat enfin ont répondu présent. Qu’ils en soient tous ici remerciés, tant leur adhésion à notre démarche signifie que par-delà les désaccords indispensables au débat public il existe des moments où l’unité doit jouer quand l’essentiel est menacé. On ne compte plus non plus le nombre de personnalités intellectuelles, culturelles et médiatiques qui spontanément ont manifesté le souhait de rejoindre notre initiative. À ce stade le comité est fort de plus de 300 membres et d’autres soutiens encore, internationaux, s’apprêtent à venir renforcer cette dynamique.
La mobilisation est un moyen, elle n’est pas pour autant une finalité. La mobilisation est un véhicule, elle n’est pas une destination. C’est bien un même objectif qui rassemble tous ceux pour qui Sansal est un impératif catégorique, un symbole, l’incarnation vitale de nos valeurs : la libération d’un écrivain dont la place est de pouvoir continuer à écrire, à s’exprimer dans un espace public pluraliste où l’esprit de contradiction est le carburant d’une cité ouverte et tolérante. Car il ne peut y avoir d’accord citoyen sans acceptabilité préalable de nos désaccords…
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à Sorbonne-Université