Le Président de la République vient d’annoncer sa volonté de soumettre à référendum pour inscrire dans la Constitution la défense de l’environnement et de la biodiversité.

Sous réserve que le processus aille jusqu’à son terme, cette initiative n’est pas sans rappeler celle orchestrée par son lointain prédécesseur, François Mitterrand lorsque celui-ci en 1984 en pleine fronde pour l’Ecole libre proposa d’élargir l’application de l’article 11 aux enjeux de libertés publiques. L’opération “Référendum sur le référendum” est lancée, elle échouera sur les bancs du Sénat qui s’opposera au projet présidentiel.
Toute proportion gardée, la démarche d’Emmanuel Macron est confrontée au même risque… calculé. Car le Président dans cette affaire estime, non sans raison, qu’il peut être gagnant à tous les coups : où le Sénat ouvre la voie à la révision constitutionnelle, et il peut espérer au regard de la question posée un vote positif des Français ; où les sénateurs s’y refusent, et l’Elysée aura beau jeu de reporter sur la chambre haute la responsabilité de cette voie sans issue.
Pour autant, la lecture immédiate, consacrée par nombre d’éditorialistes et observateurs, du projet présidentiel vaut aveu : c’est bel et bien un coup politique qui anime ce dernier dans une sorte de demi-habileté dont on mesure, contrairement aux apparences, qu’elle n’est pas dénuée de chausse-trappes pour l’actuel chef de l’Etat. Outre que l’inscription constitutionnelle de la protection de l’environnement et de la biodiversité a quelque chose de redondant, la constitutionnalité en étant déjà garantie comme l’ont rappelé la plupart des constitutionnalistes, la consultation référendaire si elle devait aller jusqu’à son terme ouvre la porte à une loterie citoyenne, ceci d’autant plus que le climat social et économique incertain de 2021 pourrait peser lourdement dans les orientations des électeurs. C’est dire que le pari d’Emmanuel Macron dans la dernière année pleine de son mandat est inutile juridiquement, aléatoire socialement, et politiquement périlleux.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef