À un an de la prochaine élection présidentielle, toutes les études d’opinion montrent une glaciation du rapport de forces. Les deux offres principales de 2017 continuent à ce stade à dominer la scène de l’élection présidentielle. Pour autant les jeux demeurent ouverts. L’histoire électorale au demeurant doit nous inciter à d’autant plus de prudence que si l’on se réfère à toutes les prévisions électorales à un an de la consultation, Monsieur Balladur l’eut emporté en 1995 , Monsieur Jospin en 2002, Monsieur Juppé en 2017…
Pour autant force est de constater que pour l’instant aucune hypothèse alternative tant à droite qu’à gauche ne semble se dégager : la première reste soumise à la double pression du RN et du macronisme, la seconde empêtrée dans une balkanisation de ses idées et de ses personnalités. Seule la candidature de Xavier Bertrand paraît pour l’instant susceptible de troubler quelque peu le jeu, mais il est encore trop tôt, échéances régionales à venir, pour s’assurer de la portée réelle du positionnement qu’entend incarner le Président de la région des Hauts-de-France.
En attendant les deux finalistes de 2017 tiennent leur marque et leur socle, quand bien même une majorité de Françaises et de Français manifestent le souhait de pouvoir être exposés à un autre choix. En se recentrant, Marine Le Pen vise à renforcer son potentiel d’éligibilité ; en se droitisant Emmanuel Macron prend acte non seulement que le pays a basculé culturellement, mais il entend finir l’œuvre d’asphyxie du conservatisme à laquelle il n’a cessé d’œuvrer depuis son accession à l’Elysée. Néanmoins, comparativement, la première paraît disposer d’une base socio-électorale plus que jamais arrimée à sa candidature quand le second, confronté aux aléas du sortant, ne peut plus arguer du fait qu’il constitue le meilleur rempart à une éventuelle élection de sa concurrente. C’est dans cette zone d’incertitude que pourrait potentiellement se faufiler en effet une tierce possibilité.
La fragilisation du Président dans sa capacité à incarner une digue, ressource centrale lors de la précédente élection, ouvre indéniablement le jeu, si la réitération des sondages venait à reproduire le resserrement des intentions de vote entre Emmanuel Macron d’un côté, Marine Le Pen de l’autre. C’est ce paramètre là qui pourrait modifier la donne et redistribuer les cartes au sein de ce que Jérôme Sainte-Marie appelle le « bloc élitaire », sous réserve cependant que les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire ne créent un effet de souffle tel que l’autre bloc , le « bloc populaire » bénéficie de cette tentation de la rupture et du renversement de la table qui plane au-dessus de la vie politique française depuis des années…