La victoire de David Lisnard à la tête de l’Association des Maires de France constitue un échec pour Emmanuel Macron et sa majorité. Dans une entreprise très « vieux monde », l’exécutif, par l’intermédiaire de l’ex-Premier ministre, se sera essayé à ce qui jusqu’à présent lui a plutôt réussi : la stratégie du coucou.
C’est bien cette stratégie qui a mené l’actuel locataire de l’Elysée au plus haut niveau de l’Etat. Installé par François Hollande, boosté par le sauve-qui-peut des vieilles offres de gouvernement tout en se donnant l’air de s’en départir à grand renfort de marketing, le macronisme prospère par une forme d’entrisme. Toute sa morphogenèse consiste à se raccrocher à l’existant pour se conforter et se donner de l’élan. Sans accroche autre que le rocher du networking, Emmanuel Macron développe ainsi son entreprise, fourrier des peurs d’une sorte de bien-pensance, et s’essaie ainsi à se construire un enracinement que sa formation politique ne paraît pas en mesure de lui assurer.
Depuis son coup de poker réussi de 2017, il imagine que l’astuce fondatrice est amenée à se rééditer. Le local est aussi exotique au macronisme que l’orientalisme l’était au colonialisme. D’où sa volonté de s’y acculturer par agrégation en se ralliant à quelques notables dont l’implantation préalable compenserait les impossibles succès territoriaux des marcheurs. De-ci, de-là, tant aux municipales qu’aux régionales, la marque présidentielle a tenté sa chance, sans que la réussite ne vienne, d’une quelconque manière que ce soit, couronner de réussite une initiative incertaine car par trop visible.
À l’AMF, la manœuvre fut même grossière, puisqu’elle visait à rapter au prix d’un étrange jeu de bonneteau la présidence d’une association d’élus par devers la réalité électorale et territoriale. L’élection de David Lisnard est venue de fait contrecarrer une initiative dont l’objet était de compenser l’insuffisance du maillage de terrain de la majorité par une tentative de prise en main de l’AMF. C’est une bonne nouvelle pour la respiration démocratique que celle-ci puisse rester indépendante.
Arnaud Benedetti
Rédacteur en chef de la Revue Politique et parlementaire
Boris Mirkine-Guetzévitch, dans un article paru dans le numéro 500-502, de juillet-septembre 1936, alerte les élites sur la représentation parlementaire...