Que la forme de l’Etat soit monarchique ou républicaine depuis plus d’un millénaire, l’Etat sous la forme centralisée qu’il a adoptée et que nous lui connaissons est mort.
La présence d’INTERNET, la multiplication des modèles adoptés par les Citoyens notamment du fait du refus des formes les plus diverses d’autorité particulièrement depuis 1968 ont rendu un exercice du Pouvoir vertical de plus en plus décalé en s’appuyant sur l’édiction de normes générales et impersonnelles.
Cette verticalité doit cesser d’être face à des Citoyens dans l’attente d’une véritable révolution démocratique.
L’évolution des connaissances des Citoyens étant patente, ceux-ci sont confrontés en outre quotidiennement à des informations souvent contradictoires émanant des réseaux sociaux.
La volonté de ne pas donner une majorité absolue à l’Assemblée Nationale au parti dont le Président de la République est le leader démontre clairement leur volonté de refuser tout Pouvoir qui ne puisse plus être cantonnée.
L’importance des débats en Commission Parlementaire, le fait de confier la Présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale à l’opposition au courant gouvernemental sans empêcher le vote de la loi de finances démontre la nécessité de confier toutes les Présidences des Commissions de l’Assemblée Nationale à l’opposition au courant appuyant le Gouvernement.
Et si le Rapporteur de chaque Commission Parlementaire de cette Assemblée doit demeurer en toute hypothèse membre du courant favorable au Gouvernement afin de participer à une vie parlementaire rénovée, une saisine citoyenne publiée auprès des Commissions Parlementaires de chaque Assemblée doit s’organiser.
Notre démocratie locale reste aussi à renouveler.
Les lois de décentralisation se voulaient véritable libération citoyenne.
Elles n’ont au résultat que créé des nouvelles baronnies locales œuvrant avec opacité dans le cadre de nombreux rapports entre l’Etat et les différentes collectivités.
Le Citoyen n’a plus capacité à comprendre les relations entre collectivités publiques et se voit privé de toute possibilité d’intervention en dehors de la période électorale permettant de désigner leurs représentants.
Au moment où les Exécutifs de ces différentes collectivités sont aussi Présidents de leurs organes délibérants, l’on peut s’interroger pour certaines collectivités, à partir d’un seuil à déterminer si la fonction d’Exécutif et celle de Président de l’organe délibérant de la collectivité publique doivent être assumées par la même personnalité même si ces deux fonctions sont détenues par des membres de la même majorité municipale.
De la même façon, il apparaît nécessaire de s’interroger sur une saisine citoyenne publique auprès des Exécutifs et/ou organes délibérants de toute collectivité publique.
Paradoxalement, les Citoyens restent encore tournés vers un Etat-Providence sans capacité à assumer cette fonction face à des situations de plus en plus différentes et complexes.
Le modèle industriel passé initié au 18 ème siècle s’accommodait d’un tel type de fonctionnement, lui-même s’inscrivant dans un cadre très autoritaire.
Il faisait du produit industriel une conjugaison de travail et de capital. Ce modèle économique est dépassé.
La richesse est autant un service qu’un produit industriel ou agricole, à moindre mesure.
Elle combine 3 facteurs :
- le capital non sous sa forme traditionnelle marxiste mais comme un savoir-faire détenu par l’acteur économique et susceptible d’intégration sous les formes les plus diverses,
- l’activité humaine, matérielle ou intellectuelle, rémunérée ou bénévole, ce dernier type d’activité étant un élément fondamental de lien social
- et surtout, l’information dont la détention n’est pas uniformément partagée (elle impose en effet une forte technicité décisive dans tout processus de décision demeurant particulièrement l’apanage des multinationales, grands groupes ou structures importantes).
La richesse constituée par une information immatérielle n’est pas appréhendée par l’Etat.
Celle-ci est un véritable « or noir » que l’Europe ne s’est pas appropriée.
Car si elle a permis la paix après la Seconde Guerre Mondiale en initiant une solidarité entre certains Etats occidentaux sur la base d’un Traité fondé sur le charbon et l’acier, richesse du moment, elle n’a pas pris conscience de l’information comme richesse émergente et des réseaux sociaux qui la portent au point d’en laisser sa maîtrise aux puissances anglo-saxonnes.
Cette maîtrise est maintenant principalement le fruit de structures économiques fortes souvent internationales qui ont une capacité permanente à réaliser la combinaison la plus optimale et immédiate de ces 3 facteurs afin de réaliser un profit maximum.
Dès lors, l’Etat ne constate plus qu’a posteriori les résultats de ces combinaisons mouvantes mises en oeuvre.
Celles-ci impactent les Citoyens qui en appellent encore à un Etat sauveur souvent dans l’urgence, trompé par un Politique défendant l’idée de sa primauté en décalage avec la réalité et avec sa capacité réelle à infléchir des situations complexes et diverses.
Une solution pourrait ainsi être d’imposer une information au sein des acteurs économiques tant du salarié que du consommateur dans le cadre d’un processus de décision qui les associe et les informe avant son édiction au sein des grands groupes.
Pour l’heure, chaque Citoyen en appelle aujourd’hui à l’Etat pour être systématiquement aidé témoignant d’une appréciation radicalement différente de la réalité et des possibilités de ce dernier.
L’Etat reste inévitable dans ses domaines régaliens (Justice, Défense, Sécurité Intérieure, Affaires Etrangères, Législation sociale, prise en charge des infrastructures lourdes, mise en place des normes à caractère éthique).
Mais il ne peut plus être que celui qui recense, valide, accompagne et facilite la duplication des expériences réussies pour amener collectivités, associations, entreprises et citoyens à s’en saisir.
Revisiter pour le Chef d’Etat sa fonction pour mettre fin à une hyper-centralisation constitue une véritable révolution.
Nulle personne, nulle institution ne peuvent plus se saisir de la multiplicité et de la complexité des situations.
Rendre collectivités, entreprises, associations et citoyens plus maîtres de leur environnement et de leur avenir devient une nécessité.
L’avenir repose sur une décision de plus en plus prise au plus près des intéressés afin de pleinement profiter d’une vision plus exacte et pourtant globale des enjeux posés afin de dégager la solution la plus pertinente pour eux.
Il s’impose de fait d’organiser des systèmes d’information entre acteurs politiques, économiques et sociaux reprenant ces expériences locales qualifiées et pertinentes.
Ces systèmes permettraient des progrès au quotidien dont les Citoyens pourraient se saisir.
Car l’avenir impose des mutualisations renforcées entre acteurs en matière d’information, de compétences, de savoir-faire, de connaissances et de meilleures pratiques fussent-elles économiques…
L’écologie apparaît sous cet angle particulièrement adaptée pour engager une telle démarche, l’Union Européenne voire l’O.N.U. paradoxalement pouvant même reprendre une certaine légitimité en mutualisant des expériences de certains de leurs membres.
Au-delà, pour une Nation habituée à des Révolutions relativement fréquentes avec le risque que la réforme sur les retraites en génère une après un épisode des Gilets Jaunes que l’on peut regarder comme prérévolutionnaire, c’est l’espoir de réalisation de réformes plus consensuelles et de progrès qui sont en cause.
Soyons convaincus de la véritable Modernité d’un Etat mosaïque.
Le voulons nous tous? C’est ce défi qui nous est imposé et que seul un Chef d’Etat s’ancrant dans cette Modernité peut initier. Si nous pouvons l’espérer, nous pourrons le vivre. Engagés et tenus de l’être, soyons prêts à le vivre.
Franck Beyeler
FAB CONSEIL