Le magazine Le Point attire notre attention par cet incipit : « Était-ce une maladresse langagière ou un désir dicté par l’inconscient ? Ce week-end, sur une radio du service public, un journaliste rendait compte du “discours d’investiture” de Jean-Luc Mélenchon. » Si le philosophe Edgar Morin a raison lorsqu’il affirme que comparaison n’est pas raison la tentation de mesurer l’asymétrie de comportement de l’insoumis par rapport à la nouvelle austérité macronienne nous tente. Mélenchon enhardit par un score au-delà des 20 % s’affiche déjà en patron d’un futur gouvernement d’union. L’ataraxie macronienne, au lieu de rassurer, inquièterait presque. Il nous dessine un début de second quinquennat aussi morne qu’un hiver saxon ! A l’approche des élections législatives, essentielles pour composer le trombinoscope des futurs ouvriers de la production législative, comme pour la détermination du niveau de richesse vive des tâcherons des partis politiques, l’un toujours jeune et fraichement réélu se montre presque monacal, quand l’autre nullement abattu par son élimination, sans doute ragaillardi par les perspectives de sa prochaine retraite, plonge avec gourmandise dans la grande piscine d’une nouvelle campagne électorale. Laissons un temps les illusions mélenchonistes pour se demander de quelle saveur sera surprenant le Macron nouveau ? Serait-ce d’une attaque janséniste ? Loin des fulgurances corsées et des outrances fruitées qui définirent ses assemblages jusqu’à la dernière minute du débat télévisé d’entre-deux-tours.
Macron l’européen
Conseil d’amis, il faut modérer ses regards amoureux vis-à-vis de la déesse Europe lorsqu’on est en campagne pour une présidentielle. La princesse phénicienne séduite et enlevée par Zeus n’apporte de gains électoraux qu’à la condition de l’approcher avec parcimonie tant les partis extrêmes comme la France Insoumise ou le Rassemblement national aiment à en faire le reproche aux amoureux trop ostentatoires. Macron 2 n’en a cure, son début de mandat sera une glace à trois boules parfum unique : Europe. Discours au Parlement européen à l’occasion de la Conférence sur l’avenir de l’Europe qui restera dans la petite histoire de l’institution grâce à deux propositions intéressantes du Président Macron : la fin du vote à l’unanimité et une nouvelle forme d’élargissement souple permettant à certains Etats comme l’Ukraine d’afficher une alliance avec les 27. Puis premier déplacement international depuis sa réélection ce lundi à Berlin, où il a rencontré le Chancelier Olaf Scholz. En allier loyal, ce dernier s’est dit très intéressé par le projet de créer une « communauté politique européenne », évoqué par le Président français.
Enfin signal plus discret quoique essentiel de mon point de vue, le changement d’Etat civil du parti qui porta la candidature de M. Macron en 2017.
Désormais nommé Renaissance, qui est d’abord et avant tout la « raison sociale » de La délégation française au Parlement européen rassemblant 22 eurodéputés Français et 1 Italien de La République En Marche, du MoDEM, d’Agir et du Mouvement Radical, tous élus lors des élections européennes de mai 2019. Si nous en doutions l’Europe est et sera le domaine réservé du chef de l’Etat.
L’homme serait-il devenu Président ?
Si la comparaison n’est pas raison, elle autorise le commentaire et informe sur de nombreux points. Personne n’aura manqué de souligner la différence dans l’utilisation des symboles entre les deux quinquennats. L’imaginaire du premier, pour reprendre le thème de notre dernière Revue Politique et Parlementaire, débordait jusqu’à l’écœurement du recours à une symbolique voulant installer le Président le plus jeune de la Ve ceint de toutes les ornementations nécessaires à comprendre qu’il était devenu « notre chef » comme il le rappela sévèrement au Général de Villiers.
Le Macron 2 se débarrasse, pour l’instant, de ces oripeaux.
A l’excitation d’un Sarkozy, premier soutien du Président réélu, aimant résumer sa méthode ainsi « à fond et ensuite accélérer » Macron 2 n’a pas de place pour la célèbre dynamique des cent premiers jours d’un Président. Il donne du temps au temps ; dans l’exercice de désignation du prochain Premier ministre et par ricochet de son futur gouvernement ; dans l’annonce des premières réformes.
Brillant, durant cinq ans, usant d’un vocabulaire régulièrement, voire métronomiquement abscons et avec excès de formules irritantes, le tout enveloppé dans des performances parfois castristes par leur durée, les premiers discours, de ce second quinquennat, obligent à des exégèses, mis à part son discours de Strasbourg, que seuls maitrisent les journalistes assignés aux sommets internationaux. Le Président aurait-il vraiment changé ? Serait-il devenu un acteur sobre ? De Funès s’est-il fait Michel Bouquet ?
Jacky Isabello
Agence Coriolink