Face à une dégradation des finances publiques, Les Républicains étudient désormais la possibilité de censurer le gouvernement.
L’idée fait son chemin et semble même faire l’unanimité au sein des députés Les Républicains (LR) . Pour la première fois, les troupes d’Olivier Marleix envisagent sérieusement de faire tomber un gouvernement dont-ils ont maintenu en vie par le rejet quasi systématique des motions de censure déposées par les différentes oppositions. Aujourd’hui, le contexte a changé. La dégradation des finances publiques a conforté la position de l’état major du parti. La seule équation reste l’opportunité.
Eric Ciotti a encore réaffirmé ce week-end sa volonté de déposer une motion de censure en cas d’accroissement de la pression fiscale.
Les députés LR disposent de plusieurs fenêtres de tir sachant que cette menace est sérieusement prise en compte par l’exécutif.
Faut-il faire tomber le gouvernement avant ou après les européennes ?
C’est l’éternelle question que se posent les stratèges de place du palais Bourbon.
Le président de la république a toujours laissé planer le risque d’une dissolution en cas de renversement du gouvernement. N’ayant pas l’assurance de retrouver le même effectif en cas de nouvelles élections, les députés LR ont pris le soin de maintenir un pacte de non agression avec l’exécutif. Le discours a aujourd’hui changé. “Je n’ai pas peur de retourner devant les électeurs” déclare en chœur désormais chaque député à l’évocation d’une dissolution. Si certains militent pour un dépôt avant les élections européennes, d’autres préfèrent temporiser et attendre l’automne.
Faire tomber le gouvernement en pleine campagne permettrait aux républicains longtemps accusés d’accointance avec la majorité de se positionner officiellement dans une opposition radicale au président de la république et éventuellement redonner un peu de souffle dans les sondages à leur tête de liste. Alors que la majorité présidentielle est largement devancée par le Rassemblement National et pas loin d’être rattrapée par les socialistes, cette motion de censure viendrait assener le coup de grâce déclenchant une véritable crise politique. A l’approche des jeux Olympiques et dans la foulée des européennes, le chef de l’Etat ne prendra pas le risque de convoquer les français aux urnes. Aussi disruptif qu’il peut être, Emmanuel Macron se passerait bien d’une cohabitation avec Jordan Bardella à Matignon durant ce grand moment de “fierté” française.
L’autre option reste l’examen du budget de l’année 2025 durant l’automne. Elle est aujourd’hui la plus sérieuse. A deux ans des élections présidentielles, les Républicains voudront accélérer la cadence afin d’installer très rapidement le match avec les concurrents de la majorité présidentielle. Ils ne bouderont pas leur plaisir de faire tomber Gabriel Attal, un prétendant qui aime bien chasser sur leurs terres.
Carlyle Gbei
Chef du service politique
Fréquence Protestante
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