« Alors que le développement de l’Open Banking est récent, ses avantages sont d’ores et déjà tangibles dans notre pays, comme en témoignent l’émergence de nombreuses entreprises FinTech et la diversification de l’offre de services des institutions bancaires et financières. Pour maintenir son attractivité, la France et l’Europe doivent continuer à miser sur l’Open Banking et les solutions innovantes des prestataires de services, qui ouvrent le secteur des paiements à la concurrence, élargissant le choix et les alternatives pour le consommateur.
Face aux défis engendrés par la digitalisation des paiements et l’accélération des transactions en ligne, le Parlement européen a décidé, en 2017, de renforcer la réglementation du marché au sein de l’espace unique de paiement, par l’adoption de la deuxième Directive des Services de Paiement (DSP2). Cette nouvelle réglementation vise à améliorer la protection des consommateurs et de leurs données, tout en encourageant la concurrence par l’ouverture du marché des services de paiement à de nouveaux acteurs non bancaires, en particulier les FinTechs. Pour ce faire, elle introduit une évolution majeure : l’ouverture des informations et données financières des clients à des parties tierces, grâce à des interfaces de programmation d’applications (APIs).
Ouverture des données : des services innovants au service des utilisateurs et de la compétitivité des entreprises
L’ouverture des données bancaires, ou Open Banking, permet à des prestataires de services financiers1 de développer de nouvelles applications et offres de services personnalisées et à forte valeur ajoutée, tant pour les entreprises que les particuliers.
Grâce à l’Open Banking, les entreprises sont dorénavant capables de mieux connaître les habitudes d’achats de leurs clients et peuvent s’appuyer sur les données des utilisateurs pour améliorer leurs produits.
Elles ont par ailleurs la possibilité d’automatiser un certain nombre de tâches chronophages et coûteuses, améliorant ainsi leur compétitivité.
Enfin, les paiements Open Banking permettent de réduire les frais mais aussi les délais de transaction, apportant aux commerçants plus de souplesse dans la gestion de leur trésorerie.
Le consommateur français gagne quant à lui en liberté et en efficacité dans la gestion de ses finances et de ses paiements. En outre, l’Open Banking permet de limiter le nombre d’étapes et de saisies de données lors des paiements, pour une meilleure expérience client.
Au-delà de l’enjeu de la compétitivité, cette évolution sectorielle répond à l’évolution des modes de consommation et aux aspirations des utilisateurs finaux, qui ont considérablement changé dans le contexte de la digitalisation, de l’essor de la data et, plus récemment, de la crise sanitaire liée à la Covid-19, durant laquelle, par exemple, le plafond du paiement sans contact a été augmenté à 50 euros2.
Les interactions entre utilisateurs, commerçants et entreprises ont évolué : le secteur des paiements et la valeur ajoutée de ses offres doivent accompagner ces changements.
Un dispositif au service des prêteurs et emprunteurs
L’évolution du secteur, par l’accélération du partage des données, permet en outre d’offrir des mécanismes additionnels d’information et de protection du consommateur, en particulier dans l’évaluation des risques liés au crédit.
En effet, l’Open Banking apporte des avantages tant aux prêteurs, qui obtiennent une meilleure visibilité de la situation financière du consommateur, qu’aux emprunteurs, qui bénéficient d’une évaluation de crédit plus juste et de solutions adaptées à leur profil.
Ainsi, le partage de données bancaires permet de réduire le risque de surendettement, de protéger la santé financière des consommateurs et entreprises, tout en rendant la place française plus compétitive et innovante en termes de solutions de paiement et crédit pour couvrir les besoins d’une demande changeante et hétérogène. Dans un pays comme la France, qui ne dispose pas de registre national permettant de connaître la solvabilité des consommateurs et dans lequel il n’y a pas de partage de données généralisé entre les institutions financières, l’Open Banking constitue l’outil d’analyse idoine pour mesurer le poids des dettes et des crédits.
De l’Open Banking à l’Open Finance
En rendant possible de nouvelles offres de services financiers, l’ouverture des données bancaires stimule la concurrence entre institutions financières, startups et FinTechs.
À travers l’élaboration de produits et services en ligne centrés sur l’utilisateur, elle est à l’origine d’un véritable processus de transformation numérique de l’écosystème financier, qui permet d’améliorer l’expérience des clients et d’accroître la compétitivité des entreprises.
L’Open Banking, et prochainement l’Open Finance, représentent pour le secteur une opportunité de développement et d’innovation, qui vont permettre de conforter l’attractivité de la France et de l’Europe comme places clés de l’économie mondiale. La prochaine révision de la DSP2 au niveau européen et les projets législatifs pour encadrer les paiements instantanés, les marchés de crypto-actifs (règlement MiCA) ou encore le partage des données (Data Act), expriment la nécessité d’une adaptation constante du législateur pour permettre aux entreprises françaises et européennes de se saisir des opportunités de l’Open Banking.
Caroline Gaye
Directrice Générale France
American Express