Nous y sommes ; la 5ème République a battu le record de longévité de la 3ème née des lois constitutionnelles de 1875 ! Elle constitue désormais le régime républicain le plus pérenne qu’ait connu la France. Elle est également plus durable que ne l’ont été les 1er et 2nd empires et la monarchie constitutionnelle de juillet.
Nous y sommes ; la 5ème République a battu le record de longévité de la 3ème née des lois constitutionnelles de 1875 ! Elle constitue désormais le régime républicain le plus pérenne qu’ait connu la France. Elle est également plus durable que ne l’ont été les 1er et 2nd empires et la monarchie constitutionnelle de juillet.
Régime mi-parlementaire, mi-présidentiel, elle concilie l’exigence de la démocratie et la nécessité de puissance et de stabilité instinctivement liée à l’empire et la monarchie.
La 5ème République se distingue de la 3ème République, née et morte suite à une défaite, par sa raison d’être affirmée sans détour par le général de Gaulle de disposer d’une vraie capacité d’action, d’une stabilité et d’un pouvoir exécutif qui peut décider pour affronter les crises.
Et elle en a connu des crises et des situations inédites qu’elle a toutes su surmonter en gardant ce lien de confiance avec une très large majorité de Français !
Confrontée à plusieurs alternances, elle a même été confortée lors de la première d’entre elles par son adversaire d’origine devenu chef de l’Etat. Elle a permis trois cohabitations, traduction d’un équilibre dans lequel les Français se reconnaissent et dont les bilans sont plutôt positifs même si elles se sont toujours mal terminées pour le Premier ministre.
Elle a aussi et enfin permis de faire face à deux reprises à des situations de majorité relative, comme celle que nous connaissons aujourd’hui.
La Vème République est un trésor national sur lequel il faut veiller minutieusement. Défendre la philosophie de ses institutions apparaît plus que jamais indispensable pour que notre pays demeure en capacité de prendre des décisions à l’heure où il fait tous les jours étalage de ses divisions.
Beaucoup de Français s’interrogent sur leur avenir et sur les réels atouts de notre pays peut capitaliser dans cette période anxiogène ; il est indispensable de lutter contre toute expérimentation hasardeuse que pourrait constituer une 6ème République qui serait au choix soit l’impuissance d’un parlementarisme non régulé soit une démocratie autoritaire comme on en voit fleurir de plus en plus en Europe.
Promouvoir avec vigueur la 5ème République suppose aussi d’être fidèle à ce qui fait sa force. La Constitution a été révisée à 24 reprises depuis 1958 et connait en réalité une stabilité depuis 16 ans, plus longue période sans révision. Si l’élection du Président de la République au suffrage universel ou l’extension des possibilités de saisie du Conseil constitutionnel ont permis de conforter son fonctionnement et sa légitimité, force est de s’interroger sur d’autres révisions qui ont pu dénaturer l’esprit gaulliste de ses concepteurs.
La réforme du quinquennat en 2000 par exemple, qui, en supprimant de fait le décalage des mandats présidentiels et législatifs a diminué la stature d’arbitre du Président de la République, accentué la présidentialisation du régime.
Ouvrir ce débat sur le retour à l’esprit d’origine de notre Constitution est indispensable. Ne craignons pas le principe de la cohabitation via un décalage entre la durée d’un mandat présidentiel plus long et législatif plus court. Recherchons un meilleur équilibre entre les droits du Parlement et de l’exécutif avec un recours à l’article 49 alinéa 3 possible de manière plus large sans la limitation apportée en 2008 mais une appréciation moins restrictive de ce qu’est un cavalier législatif pour les lois ordinaires, restaurant un champ plus vaste au droit d’amendement.
Fuyons la proportionnelle et son lot de compromissions et de pouvoir donné aux minorités qui oblige dans plusieurs pays où elle est appliquée à revoter plusieurs fois ou à s’en remettre à des coalitions de circonstances à la durée de vie limitée.
Enfin, conserver l’esprit fondateur de la Vème République, c’est aussi recourir régulièrement au référendum. Ne pas craindre cet outil de rencontre et de dialogue avec le peuple qui a été détourné de son objet au fil des années pour se travestir au choix en baromètre ou en bilan de l’action de l’action du Président de la République.
Alors pourquoi ne pas étendre le champ du référendum pour permettre de trancher des débats sociétaux profonds qui traversent notre pays ? Pourquoi s’interdire un référendum à choix multiples où les réponses seraient plus nuancées qu’un simple Oui ou Non ?
Notre pays fait face à des difficultés. Ayons le courage de trouver les réponses aux maux dont nous souffrons par l’action politique, et non dans la remise en cause d’un élément de force et de stabilité qui réside dans l’esprit de la plus stable de toutes les Républiques. Appuyons-nous au contraire sur la Constitution de la Vème République en restaurant ses éléments d’efficacité pour redonner espoir à nos concitoyens.
Guillaume Chaban-Delmas,
Conseiller municipal de Bordeaux, dirigeant d’un cabinet d’affaires publiques internationales
Franck Morel,
Avocat, ancien conseiller social du Premier ministre et de plusieurs ministres