Aucune force n’est en mesure après les résultats des élections du 7 juillet d’imposer sa loi aux autres. Pour autant rien n’est réglé et après la reconduction de la députée macroniste des Yvelines au Perchoir un sentiment d’amertume devrait très largement dominé dans le pays.
Ce dernier a par trois fois en l’espace d’à peine un mois sanctionné le camp présidentiel et tout se passe comme si de ce scrutin aucun enseignement n’avait été tiré.
Déjà se substitue à l’hypothèse pour le moins aléatoire d’une majorité de gauche, l’idée implicite et tout aussi incertaine d’un accord des restes défaits du macronisme avec l’ultime carré de LR. Une coalition fragile politiquement s’il en était car arithmétiquement trop étroite pour s’avérer durable sur la distance. Le risque est grand par ailleurs que la combinaison qui pourrait ainsi se profiler n’alimente que de trop la frustration d’électeurs qui tant à gauche qu’à la droite de la droite se sentiront comme spoliés de leurs votes. Autant dire qu’on est loin pour le moins de la clarification dont le Chef de l’Etat estimait qu’elle devrait sortir de son appel aux urnes.
La configuration opère comme la centrifugeuse de tous les malentendus. Celle-ci peut arranger personnellement un Président en disgrâce mais elle constitue une trappe inquiétante pour le pays. Force est de constater dès lors que l’enlisement aujourd’hui préside à une situation dont on chercherait en vain une issue pérenne.
Le marais que l’on nous promet est celui d’abord des sables mouvants à partir desquels, le passé le démontre, l’anti-parlementarisme prospère.
Or si jamais à la figure démonétisée du Président se greffait celle d’un Parlement discrédité à son tour, nous entrerions dans une autre histoire. La France est riche de 18 brumaire, 4 décembre 1851 et 13 mai 1958 qui viennent clore des régimes sans autre repère que celui de l’affaissement toujours plus prononcé de leurs élites dirigeantes.
Dans une France à cran où se conjugue une atmosphère où le mépris des uns le dispute au sectarisme des autres, le Chef de l’Etat, tel un apprenti-sorcier, a ouvert une boîte de Pandore dont ne peuvent s’échapper qu’à brève échéance tous les maux qu’il prétendait combattre et qu’il n’aura fait que rendre tous les jours un peu plus incandescents…
Rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire
Professeur associé à Sorbonne-Université