Le péché originel, c’est celui qui s’inscrit au fond de l’être de chacun d’entre nous. Consciemment ou inconsciemment. Il est essentiellement un manque de foi, un refus du divin, un manque de confiance en l’avenir avec Dieu. Lorsqu’on le commet, il faut se repentir pour retrouver le droit chemin. Chaque religion monothéiste a ses règles, ses codes en la matière. Chacune comprend une série de péchés. Le judaïsme étant le moins censeur en la matière on le reverra.
Pécher, au sens ordinaire, signifie commettre un péché ou une erreur. C’est aussi se mettre en contradiction avec une règle morale ou sociale. C’est encore commettre une faute, une erreur qui consiste en : pécher par excès de, par défaut de quelque chose. C’est enfin présenter un défaut, des insuffisances (www.lalanguefrancaise.com).
C’est Saint-Augustin (354-430, théoricien de l’histoire du christianisme ayant posé les bases de la culture chrétienne) qui a trouvé l’origine du péché originel : en ayant croqué la pomme, Adam et Ève ont commis un péché qui se transmet dans l’âme humaine de génération en génération par l’acte sexuel. Par le péché originel, ils se rendent ainsi responsable de la corruption de notre corps (major-prepa.com ; Saint Augustin, Confessions, Pocket).
Et puis, toujours selon St Augustin, il y a les fameux 7 péchés capitaux : gourmandise, orgueil, avarice, paresse, envie, colère, luxure.
Ceux qui gouvernent notre monde depuis un demi-siècle ont beaucoup péché.
Ainsi la fondation d’Israël en 1920 mais surtout en 1948, opérée par les Nations-Unies américaines, fut essentiellement guidée par l’aveuglement ou l’ignorance du contexte régional. Un peu des deux. Péché d’orgueil, d’envie, de colère ? Un peu des trois à notre sens.
Puisque de christianisme il s’agit, il faut aussi remonter au fondement biblique pour éclairer les attentats sans précédent qui se sont abattus sur Israël voici quelques jours. Ainsi la Palestine est, on le sait de façon incontestable, le berceau du peuple d’Israël. Et clairement les origines de création de ce pays sont la principale source des problèmes qui touchent depuis des décennies cette région. Quelques dates s’imposent pour mieux comprendre la faute, fatidique qui a généré les conflits que l’on a connus, que l’on connait et que l’on risque de connaitre encore.
Vers 600 av. J.-C. : La Terre promise dans la Torah : Et Je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie. (Genèse 17:8). Dans le Livre de l’Exode, Moïse conduit le peuple juif hors d’Égypte au cours d’un exode massif. Sur le mont Sinaï, une alliance est scellée entre Dieu et son peuple avec les Tables de la Loi. Les Hébreux (ancêtres des Juifs), s’installent alors en terre d’Israël. Ce récit fondateur du judaïsme légitime ainsi le retour à la Terre promise et sert de fondement à la légitimité des juifs sur celle-ci.
1880 marque l’année de naissance du sionisme (inventé en 1886 par un philosophe et journaliste autrichien du nom de Nathan Birnbaum). Le sionisme, mouvement politique et religieux qui tire son nom de Sion, l’ancienne citadelle de Jérusalem, apparaît dans les années 1880. Le contexte de l’époque y est favorable : des communautés juives sont persécutées en Europe de l’Est tandis que l’idée nationale pénètre massivement les esprits en Europe. Le mouvement a pour but de fonder un foyer national regroupant les Juifs de la Diaspora (dispersion) en Palestine. Précisons qu’en 1882, un premier groupe sioniste, « Les Amants de Sion », est créé à Saint-Pétersbourg et c’est de Russie que part la première vague d’immigration vers la Palestine. D’où le lien historique qui existe entre le peuple juif et la Russie. Malgré ce lien historique, Poutine est le seul leader mondial à avoir selon nous une position à moyen et long terme réaliste. Cette position est bien connue des Palestiniens et des Israéliens et préconise la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies pour aboutir à la création d’un État palestinien indépendant et souverain.
En 1896 est publié un ouvrage essentiel écrit par un journaliste austro-hongrois Theodor Herzl: L’état des Juifs suivi de Essai sur le Sionisme : de l’Etat des Juifs à l’Etat d’Israël (La Découverte, Poche, Essais). Herzl, devenu le penseur de la cause sioniste, réunit en 1897 le premier Congrès sioniste à Bâle, en Suisse. Dans l’élan il fonde une Organisation sioniste dont il devient le premier président. La population juive passe de 50.000 à 85.000 personnes à la veille de la Première Guerre mondiale.
En 1917 c’est la déclaration Balfour. La conquête britannique vient mettre fin à quatre siècles de domination ottomane en Palestine. Le 2 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, se prononce en faveur de la création d’un foyer national juif. Il s’engage à « employer tous ses efforts pour faciliter la réalisation » du projet sioniste. Avec cette « déclaration Balfour », se dessine à gros traits la perspective d’un État pour les Juifs. Sans mesurer pleinement les conséquences à long terme.
C’est en 1920 que se concrétise le mandat britannique. De façon certainement peu perspicace, la Société des Nations (piètre ancêtre de l’ONU) donne aux Britanniques un mandat sur la Palestine. C’est alors que les vagues d’émigrations, principalement de Russie, de Pologne et d’Allemagne, se poursuivent en s’amplifiant. Les colons juifs mettent en place des structures étatiques : une armée juive, une radio nationale, une université hébraïque, un système de santé, etc.
Déjà, nationalismes juif et arabe s’affrontent. Majoritaires sur le territoire, les Arabes dénoncent une immigration juive de plus en plus importante. Et l’on a donc là les premiers signes d’une cohabitation qui va dégénérer par la suite.
Première faute commise par la SDN et échec fatal. Ainsi l’absence d’investissement de certaines grandes nations et l’impossibilité d’intervenir militairement conduisent la SDN à sa perte vingt-ans plus tard. Son plus grand échec c’est finalement le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ! (Michel Marbeau, La SDN, Que sais-je ? PUF).
Cette dernière va marquer l’histoire juive mais aussi mondiale de l’horreur de la Shoah. Bien sûr le sionisme préexiste aux atrocités commises par le régime nazi d’Hitler. Mais la Shoah doit aussi être vue comme un accélérateur du processus de création d’un État juif. Ce crime de masse – l’extermination planifiée de six millions de Juifs pour la seule raison qu’ils étaient Juifs – ne peut pas être ignoré dans l’histoire de la naissance d’Israël. A peine plus de 300.000 rescapés retournent sur les terres de leurs ancêtres après la Seconde Guerre mondiale. Avec un sentiment profond et irrémédiable de « plus jamais ça ». Un mécanisme aussi inéluctable que durable de solidarité va s’établir entre les Juifs, peuple certainement le plus marqué dans l’histoire et par l’histoire (Antoine Germa, Benjamin Lellouch et Évelyne Patlagean, Les Juifs dans l’histoire : de la naissance du judaïsme au monde contemporain, Les classiques de Champ Vallon, 2011 ; Stéphane Bruchfeld, Dites-le à vos Enfants – Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, Pocket).
La situation devient de plus en plus ingérable pour les Britanniques démunis face aux antagonismes entre les communautés. Ainsi le 22 juillet 1946 un attentat est perpétré à l’hôtel King David par l’organisation extrémiste juive Irgoun qui fait près de 100 morts et des dizaines de blessés.
Le 14 mai 1948, jour de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l’indépendance de l’État d’Israël dans une déclaration depuis le musée de Tel Aviv, en présence des représentants des mouvements sionistes. Le nouvel État se fonde sur la « loi du Retour », c’est-à-dire que tout juif du monde entier a le droit de s’installer dans le pays. Au risque de déplaire, cette loi est faite par des juifs et pour des juifs sans se soucier une seule seconde de ceux qui sont autour. Péché d’orgueil ? Cela en a tout l’air. Or les Arabes, qui occupent majoritairement le territoire (1,2 million face à 650.000 juifs en 1948), ne supportent pas cet affront. Le feu est mis. Et donc la première guerre israélo-arabe éclate dès le lendemain. Elle aboutit à la création d’une ligne de démarcation entre Israël et la Palestine, en vigueur jusqu’en 1967.
Une fois cette première guerre terminée, Israël peut enfin se consacrer à mettre en place les structures de l’État tant attendu par le peuple juif.
Des élections nationales sont organisées le 25 janvier 1949 (près de 85 % des électeurs y participent) et aboutissent à la création de la première Knesset (Parlement) de 120 sièges. David Ben Gourion, qui a mené Israël à l’indépendance, accède au poste de Premier ministre et Chaïm Weizmann, chef de l’Organisation sioniste mondiale, est élu président de l’État d’Israël par la Knesset. De par leur positionnement politique, ces deux hommes ne sont pas à proprement parler enclins à dialoguer avec les Arabes. Le 11 mai 1949, Israël devient le 59e membre de l’Organisation des Nations Unies. Le 14 décembre suivant, la capitale est transférée à Jérusalem. Les Etats-Unis ont mis tout leur poids (financier notamment) pour qu’il en soit ainsi. Il faut savoir que très peu d’Etats ont voté contre cette résolution et notamment aucun du Conseil de Sécurité. Il n’y a eu aucun dialogue véritable avec les arabes pourtant toujours majoritaires sur cette terre. Péché d’orgueil flagrant messieurs les Américains ! Peut-être aussi l’ambition (l’envie, autre péché) d’être présents sur cette terre aux confins de bien d’autres territoires riches de leur sous-sol. Israël terre sainte s’il en est mais aussi haut lieu géopolitique stratégique (Ben-Amos Avner, Israël – La fabrique de l’identité nationale, Biblis ; Frédéric Encel, Géopolitique du Sionisme – Stratégies d’Israël, Armand Colin).
Les conflits vont dès lors se succéder entre les deux « ennemis » avec en particulier la guerre des Six-Jours en 1967.
Défaits sévèrement par Israël à cette occasion, les États arabes entendent laver l’affront. Dès 1970, la tension devient persistante au Moyen-Orient et Nasser lance une guerre d’usure dans le canal de Suez, guerre que son successeur, Anouar el-Sadate, poursuit en 1970. En 1972, mécontent de l’aide mesurée qu’il reçoit de l’URSS, mobilisée par la signature des accords Salt avec les États-Unis, Anouar el-Sadate chasse d’Égypte 20 000 conseillers militaires. Moscou perd alors un moyen de pression sur le raïs égyptien. Israël, protégée notamment pas les Etats-Unis, de son côté, est à l’abri de toute pression internationale et poursuit sa politique de colonisation des territoires occupés depuis 1967. L’impasse semble totale, mais les chefs des États arabes continuent de préparer leurs peuples à la guerre contre l’État hébreu. Le 6 octobre 1973, l’Égypte et la Syrie lancent une attaque surprise et conjointe au nord et au sud d’Israël, attaque qui doit faire face simultanément à plusieurs fronts. C’est le jour même du jeûne de Yom Kippour, férié en Israël, qui coïncidait cette année-là avec le Ramadan. Rappelons que le Yom Kippour est considéré comme le jour le plus solennel pour les Juifs, car il commémore le « grand pardon » de Dieu au peuple juif après l’épisode du Veau d’or raconté dans l’Exode.
Les opérations militaires sont extrêmement violentes et conduisent l’armée israélienne à se déployer sur le territoire égyptien et à traverser le canal de Suez dès le 17 octobre. Le conflit dure 18 jours. S’il aboutit au premier choc pétrolier, il débouche surtout sur la paix israélo-égyptienne de 1978, brisant l’isolement israélien dans la région. Si la paix entre Israël et l’Egypte a été consolidée et semble pérenne, les relations avec le Hamas sont au plus mal depuis des décennies (Frédérique Schillo et Marius Schattner, La guerre du Kippour n’aura pas lieu – Comment Israel s’est fait surprendre, Archipoche).
A ce titre rappelons encore qu’en décembre 1987 éclate la première Intifada (aussi appelée « guerre des pierres » ou « révolution des pierres ») : il s’agit d’un soulèvement de grande envergure de la population palestinienne contre les autorités d’occupation israéliennes à Gaza, en Cisjordanie mais aussi en Israël. Il y en aura d’autres (Georges Malbrunot, Des pierres aux fusils : Les Secrets de l’Intifada, Flammarion, 2002).
Posons une question dérangeante voire insolente pour certains. Est-ce un péché que d’avoir envie d’une terre digne de ce nom ? D’un Etat digne de ce nom ? A moins de faire sienne cette formule de Mark Twain “Achetez de la terre, on n’en fabrique plus.”….
Quid de la Palestine dans tout cela ? On l’a vu, Israël a été déclaré État en 1948. Sans véritable concertation.
Ce « coup de force » de l’ONU s’est déroulé sans une vraie connaissance du terrain et des réalités « locales ». Et cela a laissé des traces profondes à court, moyen et long terme.
Dans ces conditions il n’est pas étonnant que le territoire soit toujours appelé Palestine par ceux qui ne reconnaissent pas le droit à l’existence d’Israël. Les Palestiniens utilisent également le nom de Palestine comme terme générique pour désigner la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. C’est donc bien dès 1948 que le péché est commis. Oserait-on dire que le ver est désormais dans le fruit….
Les frontières actuelles de l’État de Palestine sont celles de la Cisjordanie, gouvernée partiellement depuis 1994 par l’Autorité palestinienne, et de la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas depuis 2007. La capitale de l’État de Palestine est Jérusalem. Le siège du gouvernement palestinien se situe à Ramallah. N’oublions jamais que la Palestine présente une importance majeure au sein des grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme, l’islam. Cette dimension religieuse n’a pas été prise en compte du tout en 1948. C’est aussi une source majeure des problèmes qui se posent, de façon récurrente, depuis lors. Loin de nous l’idée de fournir une solution sur cette cohabitation devenue impossible entre Palestine et Israël. Ce n’est pas de notre compétence. Mais il va bien en falloir une. Trop de morts, trop de sang versé entre les deux pays. Trop de risques majeurs dans cette zone avec des voisins comme l’Iran qui ont l’arme nucléaire (Albert Hadida, Palestine, Israël, 10.000 ans d’histoire, Les Presses du Midi ; Alain Gresh, Israël, Palestine, vérités sur un conflit, Pluriel).
La dernière attaque sanglante diligentée le 7 octobre dernier par le Hamas contre Israël n’est en aucun cas justifiable. Plus les jours passent plus on s’achemine ni plus ni moins vers un crime contre l’humanité. Dans la majeure partie des kibboutz on est même en présence de pogroms d’une sauvagerie sans nom. Les nazis, Alquida ou Daesh n’ont jamais décapité des bébés. Lorsque l’on procède ainsi on quitte la catégorie des hommes pour rejoindre celle des sous-hommes. Si l’homme veut se faire Dieu, il s’arroge le droit de vie ou de mort sur les autres. Fabricant de cadavres, et de sous-hommes, il est sous-homme lui-même et non pas Dieu, mais serviteur ignoble de la mort (Camus).
Là encore le péché toujours et encore : colère, orgueil, envie. Pourquoi pas une certaine gourmandise à massacrer, tuer, violer, décapiter, exhiber ?…. Tout cela au nom d’Allah…. Il s’avère que parmi les péchés capitaux de l’Islam, deux ont été pratiqués par les terroristes du Hamas durant l’attaque sur Israël : le meurtre et la fornication (viol) (Shams Ad-Dîn Al-Dhahabî, Les 10 péchés capitaux – Selon l’Islam, Albouraq). Bien évidemment que c’est impardonnable et que l’enfer est promis à ces individus.
Ces terroristes sont en vérité de pseudos musulmans. Ils desservent profondément la cause musulmane.
Et, pire que çà leurs actions sanguinaires génèrent un amalgame nauséabond auprès des populations occidentales. Et, plus grave encore, ils inspirent l’action mortifère de quelques « loups solitaires » qui commettent des attentats sur le sol français (Samuel Paty et Dominique Bernard).
De son côté La Torah (l’Ancien Testament) ne connaît que deux mots pour désigner quelque chose qui ressemble au péché, qui n’ont rien à voir avec les concepts développés par le christianisme. D’abord la faute qui est désignée par ‘het’. Il est linguistiquement dérivé du concept de manquer la cible. Ensuite théologiquement, le mal est désigné par ‘Ra’. Le mot désigne une imperfection intrinsèque. Dès lors faire ce qui est râ ne s’applique que dans un seul cas : blasphémer et/ou sacrifier aux idoles (Ishtar, Baal, Belzébuth,…) et à l’idolâtrie; en se détournant du monothéisme. Ce mal est toujours collectif et concerne soit le chef du peuple (ex. Salomon qui avait suivi certains cultes de ses nombreuses concubines), soit tout le peuple, Israël, dans son ensemble (ex. « Adoration du Veau d’or »). Les quelques 600 commandements présents dans la Torah visent plutôt les concepts de pureté ou d’impureté cette dernière se répare par la purification (wikipedia.org).
On ne peut faire ici l’économie d’une mise au point sur le Hamas. Né en 1987 (pendant la première Intifada) financé et armé par l’Iran, le groupe terroriste a réussi à supplanter les autres factions palestiniennes à Gaza. Précisons que « l’Iran soutient la légitime défense de la nation palestinienne », a déclaré dimanche 8 octobre le président Ebrahim Raïssi, en appelant « les gouvernements musulmans » à faire de même. Ismaël Haniyeh est depuis 2017 le chef de file du Hamas qui prône officiellement l’éradication d’Israël et veut un État islamique palestinien “du Jourdain à la mer”. Même si les principaux responsables de LFI le contestent, le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par l’Union européenne. Un grand nombre de pays occidentaux pensent de même. Il ne reste plus maintenant qu’à l’ONU à prendre le peu de courage qu’elle détient à deux mains et d’en faire de même. Mais pour cela il faut une résolution du Conseil de Sécurité et il n’est pas dit que la Russie ou la Chine n’oppose pas leur veto. Intérêts géopolitiques et stratégiques obligent….
Alors pour achever, quelle pourrait être la stratégie pour sortir de ce conflit aussi meurtrier que mortifère ? D’abord « il faut savoir finir une guerre » comme le disait Nicolas Sarkozy en 2011 lors de celle d’Afghanistan. Mais il est clair que le feu ne va malheureusement pas s’éteindre de suite en terres saintes. En effet, péché d’orgueil et surtout de colère, les Israéliens ne peuvent en rester là. B. Netanyahu a été clair en deux formules en guise de mot d’ordre : « détruire le Hamas » et « tout homme du Hamas est un homme mort ». Il est évident qu’Israël s’est laissé surprendre par cette attaque. On peut dire que c’était impensable vu la puissance militaire de ce pays. Les services égyptiens avaient visiblement prévenu. Le gouvernement israélien et ses services spéciaux (pourtant parmi les meilleurs au monde) ont certainement péché par orgueil. Notamment l’actuel Premier ministre (d’où son courroux décuplé). Tout vainqueur insolent à sa perte travaille (La Fontaine).
Israël devait pourtant avoir en tête un précédent tragiquement célèbre. Les Etats-Unis qui se croyaient à l’abri de leur puissance et au-dessus des autres (notamment du renseignement français qui les avait avertis) ont subi les terribles attentats du 11 septembre, jamais vus sur la scène mondiale (Michel Zuckof, Le jour où les anges ont pleuré – L’histoire vraie du 11 septembre, préface de M. Trevidic, Flammarion). Et ce fut l’inutile guerre d’Irak. Précisons toutefois que les Bush ont eu une attitude très ambigüe pendant cette guerre (Eric Laurent, La guerre des Bush : Les secrets inavouables d’un conflit, Plon). On sait que ces attentats ont changé la face du monde. La guerre menée par Bush contre l’Irak a été aussi injuste (les faux avoués devant l’ONU par le général Powell) qu’illégitime (aucune résolution de l’ONU). Grâce au président Chirac, la France s’est honorée de refuser de participer à cette guerre qui a enflammé, pour des décennies, la péninsule arabe.
On achèvera ici avec ses propos de D. de Villepin qui nous semblent les plus opportuns et les plus justes sur ce nouveau conflit israélo-palestinien.
« L’ampleur, l’horreur et la barbarie qui se sont exprimés nous appellent tous à un devoir d’humanité et de solidarité vis-à-vis d’Israël et du peuple israélien », a déclaré l’ancien Premier ministre le jeudi 12 octobre sur les ondes de France Inter. Et l’ancien ministre des Affaires étrangères d’ajouter : « « Mais je dois le dire, et je le dis avec une peine infinie : pas surpris. Par cette haine qui s’est exprimée, quand on se rappelle à Gaza depuis 2006, la guerre de 2008, de 2012, de 2014. Encore en 2021… Quand on se souvient de ce que nous avons tous dit comme témoins sur place, de cette prison à ciel ouvert. On parle de cocotte-minute. Qu’une telle situation puisse inventer l’enfer sur Terre. Alors oui, on se dit que quelque chose a été raté, raté par nous tous, par l’ensemble de la communauté internationale avec l’amnésie qui a été la nôtre, l’oubli qui a considéré à imaginer que cette question palestinienne allait pouvoir s’effacer devant un accord économique, stratégique et diplomatique, comme substitut à cette tragédie ». Rappelons que DDV avait exprimé de si belle façon le « Non » français à l’ONU le 14 février 2003. A la relecture de ce texte était sous-jacent aussi ce conflit irrésolu entre juifs et palestiniens que la guerre déclenchée par Bush allait raviver….
N’en déplaise à M. Netanyahu (dont la conception du droit et des libertés est à géométrie variable) “Le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée”.
M. le Premier ministre d’un pays qui a pourtant tant souffert dans l’histoire, songez à cette phrase d’André Frossard : “Il arrive que l’histoire repasse les plats mais ce sont rarement les meilleurs.”….
Alors là encore, n’en déplaise peut-être à la majorité du peuple israélien, « nous devons penser que la solution à deux États, plus que jamais est aujourd’hui la seule (…). Israël ne peut pas être en sécurité tant qu’il n’y a pas la reconnaissance d’un état palestinien à ses côtés qui partage la responsabilité de la sécurité dans cette région. » (D. de Villepin).
Raphael Piastra
Maitre de Conférences en droit public des Universités