Les prédicateurs d’apocalypse en sont restés pour leurs frais et l’Amérique surprendra toujours le Vieux Monde…
A l’hymne national entonné par Lady Gaga, devant le cénacle de la caste dirigeante traditionnelle des États-unis, faisait écho une chanson de Frank Sinatra pour le départ digne des séries américaines qui abreuvent les chaînes de télévision en Europe du Président sortant. L’un s’envolait sans masque vers un exil menaçant, l’autre prêtait serment sur la Bible de Douai dans un ballet bien réglé où jusqu’à la tenue de la Vice-présidente était porteuse de symbole, entouré de dignitaires masqués. En dehors de quelques bannières étoilées brûlées non par des partisans de Donald Trump mais par des activistes de l’ultra gauche américaine, le dernier acte d’une présidence vilipendée par un grand nombre de médias conventionnels et l’entrée en fonction de la nouvelle administration se sont déroulés en contrepoint de la journée du 6 janvier 2021.
Donald Trump qui a préféré s’épargner l’incongruité de sa présence à la prestation de Joe Biden, en cohérence avec lui-même in fine, avait peut-être en mémoire des exemples de passation de pouvoir moins dignes d’attention sous d’autres latitudes..
Images vécues de huées saluant le départ de Président de l’Elysée à l’Aube d’une alternance, voire même d’un nouvel élu tournant grossièrement le dos à son prédécesseur sans même attendre que celui-ci ait descendu les marches du perron… Le Roi est mort, vive le Roi, malheur aux perdants.
Dans la presse du jour on peut relever que le sortant de la Maison blanche a laissé une lettre dans le bureau ovale à son successeur qualifiée de positive… Alors, Acta est Fabula ? A Paris, on retire du Musée Grévin l’effigie de Donald Trump comparé à Hitler par des survivants de mai 1968, dérisoire excès de ceux qui n’ont pas compris que la haine n’est jamais qu’un aveu de faiblesse et qu’elle n’a jamais fait qu’engendrer une course au malheur, sans résoudre ou surmonter aucune crise…
Très vite, le nouveau Président s’est lancé dans l’action, sans attendre, ainsi en est-il aux États-Unis où on ne se complait pas en effets d’annonces et exercices de communication stériles, héritage d’une nation de pionniers qui a l’habitude de retrousser ses manches face aux défis et épreuves à la taille de sa grandeur.
Pays parmi les plus touchés par la Covid, mais aussi parmi les premiers à avoir élaboré un vaccin, au sortir d’un mandat ou la présidence n’a engagé aucun nouveau conflit, les États-Unis n’ont pas fini de nous surprendre et de nous remettre en question, tous les quatre ans, depuis qu’ils ont rompu les amarres avec leur vieille métropole. Sans décapiter de Rois, les Américains déboulonnent aujourd’hui des statues et changent d’idoles au gré des courants qui les agitent, ils se lancent à la conquête des étoiles et rattrapent sans cesse leurs concurrents quand d’autres en Europe font du sur place et échouent à changer de gouvernance…
Le monde jugera aux actes, notamment sur le théâtre du Moyen-Orient et face au dilemme que représente l’Iran pour la politique étrangère américaine. Il en sera de même face à la pandémie où la capacité de la nouvelle Administration à endiguer le nombre grandissant de victimes, équivalent au chiffre des Américains décédés à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, sera déterminante dans la perspective de la revanche ou non dans quatre ans de la moitié opposante au camp vainqueur. Et de ce côté-ci de l’Atlantique, les signaux venus du Nouveau Monde seront déterminants dans les semaines à venir, lourdes de nuées menaçantes.
Eric Cerf-Mayer