La pluie de roquettes qui s’est abattue sur Israël le 7 octobre semble avoir violemment secoué une gauche française dont l’union tenait à un fil. Alors que la classe politique dans sa diversité manifestait son émotion et sa condamnation face à un acte barbare et odieux, les Insoumis, comme à l’accoutumée, déclenchaient une nouvelle polémique. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon refuse de qualifier de « terrorisme » l’attaque menée par le Hamas. Pour LFI, il s’agit tout simplement de « crimes de guerre ». Pourtant, Le Hamas est classé comme un mouvement terroriste par plusieurs pays dont ceux de l’Organisation des États américains (incluant notamment les États-Unis et le Canada), l’Union européenne dont la France est encore membre et le Japon.
La réaction des Insoumis surprend, choque et enflamme la gauche. Sommé par ses partenaires de rectifier cette faute, Jean-Luc Mélenchon maintient sa ligne. La dernière déclaration de la députée Danièle Obono sur Sud Radio qualifiant le Hamas de « groupe politique islamiste » ayant pour objectif « la libération de la Palestine et qui résiste à l’occupation » a ravivé les tensions. Le spectacle est désolant.
La France insoumise semble désormais s’isoler au sein d’une Nupes dont elle a été la puissance fondatrice.
Le Parti socialiste annonce la suspension de ses travaux au sein de l’intergroupe. Dimanche, les communistes ont voté à 93 % pour une nouvelle alliance à gauche considérant que « La Nupes telle qu’elle a été constituée pour les élections législatives, sous la volonté hégémonique de LFI, est devenue une impasse ». Chez les Verts, Marine Tondelier, secrétaire nationale, déplore la « stratégie de conflictualisation permanente » de Jean-Luc Mélenchon et de « son camp ». La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau, proche de Jean-Luc Mélenchon, propose « une suspension temporaire » des travaux parlementaires de la Nupes afin d’aboutir par la suite à un meilleur « cadre de discussion » au sein de l’alliance.
Toutefois, cette initiative peut-elle encore sauver la Nupes ? Le risque est permis mais les espoirs sont minces. La gauche a évidemment besoin d’une alliance forte pour peser dans le débat politique.
Toutefois, la Nupes sous cette forme caporalisée par le leader insoumis risque de faire basculer toute la gauche dans une forme de radicalisation participant de facto à la dédiabolisation du Rassemblement national.
Alors que 60 % des Français qualifient LFI de parti qui « attise la violence » selon le dernier sondage Ipsos Sopra Steria publié dans Le Monde et que la personnalité de Jean-Luc Mélenchon clive profondément au sein des différentes chapelles politiques de gauche, il est urgent de se demander si la Nupes est encore nécessaire ? Une question à laquelle devront répondre les différents leaders socialistes, communistes et écologistes alors que les élections européennes approchent à grand pas, un scrutin où ils partiront non pas divisés mais séparés afin de se jauger individuellement. Un galop d’essai avant la présidentielle de 2027.