Depuis la sortie de son livre Le génie lesbien Alice Coffin est au coeur d’une polémique. Pour Laurence Taillade, présidente de Forces Laïques, Le Parti Républicain Solidariste, la journaliste, élue EELV, essentialise la moitié de l’humanité.
Journaliste lesbienne revendiquée et militante pour les droits LGBTQ, la nouvelle élue Europe Ecologie Les Verts (EELV) du XIIe arrondissement de Paris fait décidément beaucoup parler d’elle. Rouge, repeinte opportunément en vert pour capter un poste d’élue, elle cumule les faits d’actualités depuis le début de l’été, moment où elle a contribué au lynchage de son colistier, Christophe Girard, donnant foi à des amalgames et des rumeurs, utilisant la justice de la rue, plus expéditive que celle des tribunaux, pour le pousser à la démission. Ce dernier payera le prix cher son amitié avec l’écrivain pédophile Gabriel Matzneff. La mairie de Paris aura été qualifiée, au passage, de « Pedoland » sur les banderoles brandies par cette militante et ses acolytes.
La riposte ne fut pas longue à attendre. Venue des réseaux sociaux, elle reprend une vidéo devenue virale, d’une interview de cette dame, qui dérape à l’antenne de RT France sur laquelle elle déclare que « ne pas avoir un mari, ça m’expose à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée », ajoutant : « et cela évite que mes enfants le soient aussi ».
Enfin, dans son dernier ouvrage, Le génie lesbien, sorti il y a quelques semaines, elle enfonce le clou, déclarant ne plus lire, regarder ou écouter d’œuvres créées par des hommes souhaitant « éliminer les hommes de nos esprits, de nos images et de nos représentations ».
Cette représentation d’un pseudo féminisme est porteuse d’une réflexion simpliste dans son approche des questions liées à la condition féminine, si tant est que c’est bien ce qu’elle souhaite défendre.
Alice Coffin essentialise ainsi la moitié de l’humanité.
Elle est la représentation et la porteuse d’une idéologie caricaturale d’un monde binaire répartissant la population en deux catégories : les prédateurs et les victimes, les premiers se trouvant, selon cette militante, toujours dans le même camp, celui des hommes.
Issue des bancs de ce féminisme qui défend la théorie de la culture du viol et s’attaque aveuglément à tous jusqu’à manipuler la vérité, ses propos, qui à ce jour n’ont toujours pas été condamnés par Yannick Jadot1, sont purement scandaleux. Ce féminisme qui ne veut pas voir les agressions sexuelles de Cologne, qui défend le port du voile, qui prend le contrôle de certains centres de plannings familiaux et n’arrive pas à condamner l’excision2. Enfin, ce féminisme qui défend l’écriture inclusive comme l’alpha et l’oméga d’un combat universaliste en s’attaquant, par là-même, à l’essence même de notre langue, de notre culture.
Le harcèlement dont elle est victime est inacceptable, je le condamne sans détour. Mais force est de constater que des franges militantes dont elle fait partie utilisent cette méthode pour arriver à leurs fins et faire taire toute critique, toute vision divergente, versant vers une forme de totalitarisme dont on retrouve les traces dans les propos de cette militante3. Alain Finkielkraut avait d’ailleurs fait les frais de ces néo-féministes, lors d’un débat télévisé en novembre 2019 sur LCI, l’opposant à Caroline de Haas.
La caricature est toujours mauvaise lorsqu’il s’agit de défendre les droits des femmes, pour une réelle égalité.
Chacun peut être tour à tour victime ou bourreau. Ainsi, dans le cas de séparations, le lieu d’hébergement des enfants, lorsqu’il est source de conflits, est tranché à 63 % par les juges en faveur de la mère, à 24 % en faveur du père et à 12 % en faveur d’une résidence alternée, avec parfois des dérives de mères qui décident d’éloigner volontairement les enfants de leur père.4
Pourtant, il semble que la première des avancées, lorsque l’on veut défendre les droits des femmes, c’est de reconnaître que ce n’est pas parce qu’elles sont faites pour avoir des enfants qu’elles y sont obligées, pas plus qu’elle ne doivent s’assigner à leur éducation. Pourtant, on ne trouve nulle de ces militantes dans les ligues de défense pour la parité parentale, par exemple. Elles seraient d’ailleurs plutôt enclines à défendre une théorie de père majoritairement prédateurs et à les justifier.
Le féminisme est un universalisme qui prône l’égalité des individus sans distinction de sexe, d’orientation sexuelle.
Alice Coffin décrit une assignation à une identité de genre qui divise bien plus qu’elle n’unifie. Elle n’est pas féministe, pas même une féministe radicale, comme la décrivent certains médias. Elle défend un monde qui sort des universalismes que défend le féminisme. Elle défend une domination des femmes sur un monde où elle élimine symboliquement les hommes.
Cette femme qui manipule la haine, la violence dans les propos et l’intolérance ne peut se placer en victime sans s’interroger sur l’idéologie qu’elle défend au nom de l’égalité. Les déclarations qu’elle a pu faire sont, par ailleurs, détournées à dessein. Car si, en effet, « les ¾ des femmes victimes de viols et des tentatives de viols ont été agressées par un membre de leur famille, un proche, un conjoint ou ex-conjoint ». On peut lui opposer que « Les personnes condamnées pour homicides sur mineur de moins de 15 ans sont majoritairement des femmes »5 aussi.
On ne peut voir, décrire, la société à l’aune d’une essentialisation quelle qu’elle soit. Mais il s’avère que le mouvement politique dont elle se revendique peine à défendre des principes universalistes, donnant libre court au soutien à toutes les revendications identitaristes qui secouent notre pays. D’Assa Traoré et les fanges racialistes qui l’accompagnent, à la marche contre l’islamophobie, organisée par des islamistes notoires, en passant par les associations comme Alliance citoyenne à Grenoble, bénéficiant de subventions publiques pour organiser des actions pro burkini dans les piscines publiques, tout est bon pour flatter un électorat communautariste. Cette crispation de la définition identitaire, allant à l’encontre de nos principes fondamentaux, de notre Constitution, qui promeut la différence de couleur, de religion, d’orientation sexuelle, pour revendiquer une différenciation des droits ne peut durer sans fracturer encore un peu plus le tissu social.
Laurence Taillade
Présidente de Forces Laïques, Le Parti Républicain Solidariste
- https://www.europe1.fr/politique/yannick-jadot-nest-pas-daccord-avec-les-propos-dalice-coffin-mais-ne-les-condamne-pas-3996285 ↩
- https://www.marianne.net/societe/un-planning-familial-ramene-le-port-du-voile-un-signe-de-modestie-et-refuse-de-condamner-l ↩
- https://www.revuepolitique.fr/reseaux-sociaux-nouvel-eldorado-de-la-pensee-unique/ ↩
- Source : rapport de la Direction des affaires civiles et du sceau « La résidence des enfants de parents séparés », novembre 2013. ↩
- Selon une étude de 2018 de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ↩