Emmanuel Macron a pris la parole hier soir afin de répondre sans attendre au début de rebond épidémique qui semble s’amorcer partout en France, et tenter de contrer une quatrième vague qui semble en tous points inévitable. Il a également largement détaillé de nombreux aspects de son action économique et tracé des lignes d’avenir. La traditionnelle interview du 14 juillet, désormais jugée obsolète par le « nouveau monde », a été remplacée par une allocution du 12 juillet, premier bilan de quatre années de mandat et premier jalon de la campagne électorale de 2022. Décryptage.
Un mot d’ordre : Vaccinez-vous ! La classe bourgeoise médiatique s’enthousiasme ce matin et s’évertue à justifier rationnellement l’approche « scientifique » du Président. Les campagnes de vaccination ont, dans l’histoire, suffisamment prouvé leur pertinence, éradiquant des maladies aussi contagieuses et mortelles que la variole, qu’il n’est presque plus besoin d’argumenter. Et pourtant, dans le cas qui nous occupe, une part non négligeable de Français résistent encore. Des complotistes ? Des anti-vax ? Peut-être pas… Cependant, Emmanuel Macron a décidé de tout mettre en œuvre pour les contraindre à se vacciner, quitte à abuser d’un pouvoir proprement bio-politique pour opérer une ségrégation sociale inédite. Dès la fin du mois de juillet, à peu près tous les lieux de loisir, de culture, de consommation ainsi que les transports leur seront interdits : cafés, restaurants, cinémas, musées, centres commerciaux, trains et avions longue distance, etc.
Quinquennat macronien phase V ou la fabrique des exclus !
Sur quoi repose cette politique publique sanitaire discriminatoire ? Essentiellement sur des sophismes. Il ne s’agira pas ici, comme le font les complotistes, de mettre en doute le discours médical (que nous considérons comme fiable, et non susceptible d’être critiqué à moins d’appartenir à la communauté scientifique), mais de critiquer la façon dont le pouvoir politique fait usage des informations émanant du corps médical, se transformant en pouvoir bio-politique, afin de poursuivre des objectifs qui ne sont pas forcément ceux que l’on est en droit d’attendre, c’est-à-dire le bien commun.
Le premier sophisme, répété à tour de bras dans les médias, est en substance : « En me vaccinant je protège les autres. C’est un acte citoyen. » C’est n’importe quoi ! A partir du moment où je suis vacciné, je suis censé être immunisé (autour de 80 %) et être protégé contre les formes graves (à plus de 95 % a rappelé le Président hier soir). Dans ce cas, peu m’importe si l’individu lambda que je rencontre est vacciné ou pas, puisque ma protection est acquise grâce au vaccin que j’ai choisi, en conscience, de faire. Ma santé ne dépend en quelque sorte que de mon choix, et n’impose en rien que mon voisin fasse le même. La classe politico-médiatique a transposé au vaccin l’argument qui avait cours pour les gestes barrières : « En respectant les gestes barrières, je protège les autres. » Pour les gestes barrières, cet argument était tout à fait pertinent ; pour le vaccin, il est absurde.
Cet argument fallacieux a ensuite été étendu à une classe d’âge bien particulière : les 12 – 17 ans. Ce qui est potentiellement criminel. Car, chose inédite dans l’histoire de la médecine : on demande désormais à des individus pour lesquels le virus ne présente aucun danger, et qui ne développent aucune forme grave (sauf cas tout à fait exceptionnel), de se vacciner néanmoins. Bénéfice du vaccin : zéro ! Le coût bénéfice/risque s’en trouve réduit au seul risque ! Car même si ce risque est faible, il existe, et des cas/études tendent à le montrer : formation de caillots sanguins, myocardites, arythmies cardiaques, réveil de pathologies dormantes, etc. Le pouvoir politique assume donc de sacrifier un nombre inconnu à cette heure de jeunes adolescents français, jouant ainsi à la roulette russe sanitaire avec eux, pour un bénéfice qui ne leur reviendra pas. Pourquoi ? La raison est doublement cynique. Premièrement, elle est économique. Deuxièmement, elle est politique : 1. Maintenir ouverts les temples de la consommation et du loisir pour soutenir la croissance. 2. Eviter la saturation des hôpitaux par un variant trois fois plus contagieux que les précédents et se voir reprocher une politique publique sanitaire et hospitalière déficiente.
Si l’opération réussit, bénéfice électoral net pour Emmanuel Macron, qui aura travesti l’image d’un Président incompétent et cynique en habile gestionnaire de la crise sanitaire et de la croissance retrouvée.
D’autres arguments fallacieux ? L’allocution en a été truffée. Par exemple, faire croire aux Français qu’en se vaccinant, « nous éviterons d’autres mutations du virus peut-être plus dangereuses encore. » Absurde. Le variant Delta n’a pas encore atteint un niveau épidémique en France qu’un variant Delta + menace déjà l’Inde, et un variant Epsilon la Californie. Quid des mutations qui interviendront, que sais-je, en Iran, au Pakistan, au Pérou ou en Angola ? Comment éviter leur apparition et leur diffusion ? Emmanuel Macron, qui se rêve peut-être une fois encore en Président du monde, semble avoir la réponse : « Cela passe par un projet immense mais indispensable et désormais à notre portée : vacciner le monde. » A notre portée, dit-il… Il fallait tout de même oser… Sait-il seulement si un vaccin, quel qu’il soit, évite réellement l’apparition de nouveaux variants ? Sait-il seulement si certains traitements ne favorisent pas, à l’inverse, l’apparition de variants ? Sait-il seulement comment et pourquoi un nouveau variant se développe, et quelle forme il est amené à prendre ? Spéculations hasardeuses donc d’un pouvoir politique qui omet les précautions d’usage du discours scientifique à des fins d’efficacité communicationnelle.
Une autre mystification ? L’immunité collective. C’est l’Arlésienne ! Pour un virus stable, tel que la variole, la vaccination d’un pourcentage suffisamment élevé de la population peut effectivement permettre d’envisager l’éradication de la maladie. Mais pour un virus aussi instable que la Sars-Cov-2, aujourd’hui présent en tous points de la planète, aucun scientifique n’a de certitudes en la matière. Emmanuel Macron fonde une fois de plus sa politique sanitaire sur des suppositions hasardeuses.
Les mystifications se sont succédé à un rythme tout aussi effréné sur les dossiers économiques (annonce de pénuries de matières premières telles que le bois, sans préciser que la France exporte abondamment, et de façon irresponsable, ses ressources vers la Chine ; habile mélange des informations liées à l’emploi et celles liées à l’apprentissage ; annonce que le gouvernement travaille dès maintenant à la réforme des retraites, et dans le même temps qu’elle ne sera pas lancée tant que dure la pandémie, etc.), voire même sur la question – régalienne s’il en est – de la violence, dont le Président a parlé pour dire… qu’il ne l’oubliait pas. Comme si le simple fait d’y penser constituait en soi une réponse politique publique adaptée.
Les Français ont ainsi assisté à un exercice de communication sophistique à visée électoraliste.
Mais là n’est pas le plus grave, car ils sont désormais accoutumés à ce genre de prestations inutilement grandiloquentes. En revanche, les mesures de discrimination sociale fondées sur des arguments fallacieux sont, ou devraient être, de nature à les inquiéter, voire à les révolter.
Car sous couvert de bienveillance sanitaire, le pouvoir macronien vient de faire basculer la démocratie française en démocrature.
Une démocrature qui tend à piétiner le principe d’inviolabilité du corps humain pour des raisons qui ne sont pas sanitaires, mais économiques, politiques, électorales. Une démocrature bio-politique donc, soutenue par la classe bourgeoise médiatique, qui vise explicitement à exclure plus d’un tiers de la population de toute vie sociale, et d’en faire des parias !
Frédéric Saint Clair
Ecrivain, politologue