L’Amérique Latine connaît une transformation depuis les derniers mois, notamment avec les naissances de mouvements de contestation. Il est important de retenir trois rendez-vous pour 2020 en Amérique Latine : un référendum et deux élections présidentielles. Focus de Guillaume Asskari sur le Chili, la Bolivie et la République Dominicaine.
En 2019, l’Amérique Latine a connu plusieurs mouvements de contestation à l’image des “gilets jaunes” en France. En Bolivie, au Chili, en Equateur, en Colombie… les manifestants réclament un changement et montrent leur mécontentement contre les réformes voulues par les gouvernements. Cette année 2020, est peut-être l’année d’une nouvelle Constitution pour le Chili, mais c’est également l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle en Bolivie.
26 avril : Référendum au Chili pour un changement de Constitution
Il y a 31 ans les Chiliens avaient dit non au maintien au pouvoir du général Pinochet. Cette fois-ci, en avril prochain, ils devront voter pour ou contre l’abandon de la Constitution héritée de cette même dictature d’Augusto Pinochet. Un référendum aura lieu le 26 avril. Les Chiliens auront l’occasion, pour la première fois en 30 ans, de se prononcer sur un changement de la loi fondamentale. Pour cela, le peuple chilien devra répondre à deux questions : la première sur le changement de Constitution (oui ou non), la deuxième consiste à déterminer qui sera en charge de la rédiger.
Le changement de Constitution, est l’une des principales revendications du mouvement social qui secoue le Chili depuis le 18 octobre dernier.
« C’est une opportunité pour notre pays », a déclaré Mario Desbordes, président du parti de centre-droite Renovación Nacional.
Depuis les débuts des manifestations, on compte 29 morts et des milliers de blessés en marge des violences. « Il faut étudier les demandes du peuple et repartir de l’avant », ajoute l’homme politique, proche de Sebastian Piñera.
Ce référendum du 26 avril interviendra à la moitié du deuxième mandat de Sebastian Piñera. Le président du Chili devra se rassurer, notamment après une baisse de sa cote de popularité (6 %, soit le pourcentage le plus bas depuis le retour de la démocratie en 1990, selon le sondage du Centre d’études publiques). Parmi les objectifs : donner plus de démocratie participative et relancer la croissance économique. C’est un grand challenge pour le gouvernement chilien après l’annulation de la COP25 en décembre dernier et du sommet de l’APEC.
3 mai (1er tour) : nouvelle élection présidentielle en Bolivie
Le 3 mai prochain, les Boliviens désigneront leur président, plus de six mois après l’élection controversée qui avait déclenché une révolte sociale et le départ du chef de l’Etat Evo Morales. Le président du Tribunal Suprême électoral, Salvador Romero a annoncé cette nouvelle date devant la presse le 4 janvier dernier.
Pour rappel, Evo Morales a démissionné le 10 novembre après quatorze ans au pouvoir. Sous pression de la police et de l’armée, il s’est ensuite exilé au Mexique puis en Argentine. Sa réélection, le 20 octobre, pour un quatrième mandat a été contestée par l’opposition. En marge des manifestations violentes, la Bolivie a enregistré 35 morts selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme. L’ancien présidentes se considère « victime d’un complot organisé par Carlos Mesa », son principal rival lors de l’élection présidentielle.
Evo Morales est poursuivi par le gouvernement provisoire dirigé par l’ancienne vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez.
Un mandat d’arrêt contre lui a été émis à la mi-décembre pour sédition et terrorisme.
Il lui est interdit de se présenter aux prochaines éléctions. Cependant, son parti le MAS (Mouvement vers le socialisme) présentera un candidat. Il pourrait s’agir du jeune producteur de coca, Andrónico Rodríguez.
En parallèle, le mercredi 8 janvier, le gouvernement intérimaire a annoncé l’ouverture d’enquêtes pour corruption contre d’anciens membres de l’exécutif et des responsables d’entreprises publiques sous la présidence d’Evo Morales. Parmi eux, on retrouve l’ancien ministre de l’Interieur, Carlos Romero.
17 mai (1er tour) : élections présidentielles en République Dominicaine
Depuis 2012, Danilo Medina est président de la République Dominicaine. Membre du parti libéral dominicain, il effectue son deuxième mandat présidentiel après avoir remporté les élections avec plus de 60 % d’approbation.
Le président Danilo Médina n’est pas candidat à sa réélection car la Constitution le limite à deux mandats présidentiels.
Le Parti libéral dominicain va présenter Gonzalo Castillo, ancien ministre de la Communication (2012-2019). La bataille risque d’être compliquée pour Gonzalo Castillo, il sera opposé à Luis Abidaner, ancien candidat à l’élection présidentielle qui a réunit 35 % des suffrages. Luis Abinader, candidat du Parti révolutionnaire moderne, compte sur les élections législatives et sénatoriales pour inverser la tendance politique (ces élections se déroulent en même temps que la présidentielle).
Selon certains sondages comme celui de l’entreprise Mark Penn (spécialisée en sondages et études de marché) Luis Abinader serait le favori. Ce dernier a récemment déclaré qu’il réduirait le coût des chantiers publics si il parvenait à être élu.
Guillaume Asskari
Journaliste et producteur
Spécialiste de l’Amerique Latine