Émis à coups de tweets ou de déclarations, les hommages des politiques pour Bernard Tapie sont aussi nombreux qu’attendus. Se dessine, en creux, l’écart entre un personnel politique d’aujourd’hui bien souvent tiède et cette figure iconoclaste et… audacieuse.
« Aimes-tu la vie ? Alors ne gaspille pas ton temps, car il est l’essence de la vie. » Les mots de Benjamin Franklin ont trouvé une réalité tangible dans l’existence multiple de Bernard Tapie.
S’il a eu ses années, s’il est devenu « Tapie », entrepreneur, politique ou artiste, le voici qui n’a pour autant jamais oublié le jeune Bernard et la toile de fond de son enfance. Sa gouaille et son insolence ont fait de lui ce personnage atypique qui ne laisse pas indifférent. Tellement Français et en même temps hors du commun.
Protagoniste, il l’est résolument. Prêt à aller au combat pour ses convictions, il ne se contente pas d’un second rôle, lui et son sens de la formulation ont été sous le feu des projecteurs. Tapie aura la première place sur la scène française. De l’entreprise à la politique, du Tour de France à l’OM, il a conquis nombre de sphères. Il est parfois tombé, s’est souvent relevé, s’est façonné encore et toujours. A Marseille ou sur les plateaux télévisés, il était toujours sur le ring, il ne se défilait pas. Il aura transmis avec aura, avec un talent certain, son goût pour la vie de la cité, pour entreprendre et pour choisir de dessiner sa vie.
De la volonté. Il ne lâche rien, jamais. C’est une figure tenace entière sans tiédeur. Bête de scène, bon client médiatique, Bernard Tapie par ses saillies, ses convictions exprimées sans détour, détonne. On se souvient de ses engagements, des convictions qu’il portait.
Il est loin de nombre d’acteurs politiques dont l’expression se pense et se réalise au rythme des chaînes d’information en continu. Il n’est pas interchangeable, ne se contente pas des éléments de langage diffusés à la hâte pour être repris sur les réseaux sociaux. Ce goût de la transmission, cette envie d’entreprendre, de se réaliser; Bernard Tapie l’a fait au rythme de ses chansons, de son jeu, de ses engagements.
Le dernier combat qu’il a mené contre le cancer a manifesté une nouvelle fois combien il était tenace. Une rage, une volonté qui ne laisse pas indifférent. Un battant qui a montré, dans ses mille et une vies, que les possibles sont nombreux et que l’horizon est vaste.
À la question posée par Philippe Branche à Jacques Attali lors d’un entretien, « Comment devient-on Jacques Attali ? » ce dernier a pour réponse : « De la volonté. C’est tout ». Une réponse qu’aurait pu faire sienne Bernard Tapie. Une leçon de volonté de la part du « Boss ».
Mathilde Aubinaud est communicante. Elle a publié 6 livres dont La Saga des Audacieux (VA Éditions).