Les Perses antiques, dans leur sagesse séculaire faisaient du début du printemps, Nowrouz, le commencement de l’année nouvelle et du réveil, après la nuit hivernale, célébrant la résurrection de la nature immuable. En France, au lendemain de l’annonce des mesures prises pour enrayer la troisième vague de la pandémie, les héritiers des Gaulois si réfractaires à la paix romana découvrent l’ampleur du fossé qui séparent les mandarins de la bureaucratie nationale de ceux qui ne sont rien, pour reprendre une formule bien maladroite mais combien significative, au travers de la nouvelle attestation nécessaire pour se conformer à la loi et contribuer à lutter contre le virus et cheminer vers un retour à une vie plus supportable…
Le père des shadoks doit rire de la nécessité de simplifier cette attestation laborieusement produite pour réglementer un confinement ou comme on voudra l’appeler, le dispositif différé pendant sans doute de trop longues semaines, nécessaire pour casser la montée des courbes de contamination et soulager la pression sur les hôpitaux de France. Ce à peine édictée !
C’est là l’illustration exemplaire de nos difficultés et de la nécessité de l’anticipation en temps de péril, qui fait tellement défaut à l’heure actuelle.
Sous d’autres latitudes, une simple attestation de domicile est suffisante pour réguler, alliée à un minimum d’appréciation des situations particulières par les forces chargées du maintien de l’ordre, la circulation des personnes et le respect des règles sanitaires de distanciation sociale dans la lutte contre la pandémie, mais ce n’est hélas pas le cas au pays de Voltaire…
Peu importe, à chaque époque diront les désabusés ses lignes de démarcation (les barrières de péage sur nos autoroutes à la lisière des régions et départements reconfinés ?), ses ausweis, ses exodes de citadins dans des conditions, Dieu merci, autrement moins dramatiques qu’aux heures sombres d’épreuves pas si éloignées dans l’histoire de notre beau pays…
Mieux vaut sans doute sourire de cette énième illustration des travers de nos pesanteurs pour autant que les vrais problèmes soient pris à bras le corps, en particulier l’accélération de la campagne de vaccination alliée à l’approvisionnement en quantité sans cesse croissante et assurée sur le long terme, sans à coups et retards mortifères, des doses de vaccin nécessaires pour sortir du tunnel actuel…
Mais est-ce encore possible sans une reprise en main drastique des rouages d’une administration étouffée sous le carcan de dispositifs et de schémas inadaptés à l urgence et à la gravité de la situation ?
Les semaines à venir seront cruciales pour redresser la barque et en débarquer les shadoks qui entravent sa navigation, si on ne veut pas échouer et reculer indéfiniment la sortie du cauchemar, pendant que sous d’autres cieux des citoyens du monde plus chanceux et gouvernés de manière plus pragmatique, savourent le retour du printemps et de l’espérance.