L’écrivain Boualem Sansal a reconnu devant la justice algérienne la possession de fichiers et de vidéos portant atteinte à l’ordre public et à la sécurité de l’Algérie, mais il a fait valoir que cela était « plus dans le cadre de la liberté d’expression », et l’écrivain accusé n’a pas trouvé d’échappatoire en admettant devant le tribunal qu’il avait échangé des messages avec deux ambassadeurs français, et lorsque le juge l’a confronté à la véracité de ces correspondances, il a tenté de justifier en disant : « Ce ne sont que des amis »…
Jeudi 20 mars, dix heures précises. Boualem Sansal est entré dans la salle d’audience sans être menotté, avec tout aisance et des pas confiants. Il est apparu calme, sans montrer aucun signe de fatigue ou de détérioration de sa santé, contrairement à ce qui a été vhisulé par certaines parties. L’homme avait l’air en bonne santé. Il n’y avait pas de confusion dans ses mouvements ou ses traits, mais il semblait dans une position normale, portant des vêtements simples qui reflétaient son bon aspect physique, ce qui confirmait qu’il n’avait pas été soumis à des mauvais traitements ou à des pressions pendant sa détention, et cela était appuyé par le traitement humain qu’il a reçu, que ce soit de la part des gardiens ou de la composante du tribunal.
Dans la salle 2 du tribunal de Dar-El-Beida ; à Alger, lors d’une audience de routine très ordinaire en matière d’ordre public et de délits et délits ultérieurs, Sansal a été le quatrième accusé à comparaître devant le tribunal, confirmant que, comme les autres accusés, il n’y a pas de de préférence en termes de procédures d’un procès équitable.
… Seulement vingt minutes ont suffi à la justice algérienne pour démentir les fausses allégations empoisonnées que certains haineux ont tenté de véhiculer contre l’Algérie au sujet de pressions présumées et de tortures fabriquées, car l’Algérie est un État avec ses institutions souveraines qui ont jugé lors d’une audience publique, et non par la vengeance. La justice a élevé l’étendard de la vérité au-dessus de toute considération.
Le juge appelle Boualem Sansal et lui demande de se présenter et lui demande si vous êtes prêt pour le procès. Où est votre défense ? Ce à quoi le romancier a répondu : J’ai décidé d’annuler la constitution de la défense, et je suis prêt à répondre à toutes les questions que le tribunal me pose.
Le juge procède au procès et confronte Sansal aux accusations portées contre lui par le juge d’instruction, tandis que ce dernier ne semblait pas nerveux ou troublé, mais écoutait avec concentration ce que le juge disait, bien qu’il doive parfois s’approcher de lui en raison de sa faiblesse auditive, cette interaction était de mise tout au long de la séance, car l’accusé faisait un pas en avant chaque fois qu’il avait besoin d’entendre clairement la question, tandis que le juge le traitait patiemment, répétant quelques phrases pour clarifier les questions posées.
Malgré le poids des accusations auxquelles il fait face, Sansal n’a pas essayé d’éluder la réponse, mais a plutôt répondu directement et clairement, parlant sur un ton calme et sans émotion, tandis que la séance a été caractérisée par une douceur, car aucune tension ou querelle n’a été enregistrée, mais s’est déroulée dans un cadre discipliné, et le tribunal ne lui a imposé aucune restriction, ce qui reflète le respect des procédures légales et la garantie du droit de l’accusé à se défendre librement.
Sansal semblait être dans une position confortable, montrant même quelques gestes qui reflètent sa confiance dans son discours, et n’a pas hésité à demander des éclaircissements sur certaines questions avant d’y répondre en raison du problème de la langue, et malgré son refus d’engager un avocat pour le défendre, il n’y a pas eu de pression sur lui, mais il a été autorisé à exprimer son point de vue sans interruption ni harcèlement, par le jury du tribunal, qui l’a traité de manière professionnelle et dans le plein respect des droits du prévenu, lui donnant la possibilité de répondre pleinement à toutes les accusations portées contre lui.
La séance s’est déroulée dans une atmosphère normale, où Sansal semblait conscient de ce qui se passait autour de lui, réactif au déroulement du procès et n’a montré aucun signe de tension ou d’agitation, de sorte que le déroulement du procès s’est déroulé dans le strict respect des procédures légales, ce qui confirme que la séance s’est déroulée dans un cadre juste et équitable, donnant à l’accusé la possibilité de se défendre sans aucun obstacle ni pression.
Face à face… Le juge interroge
Sans tarder, le juge procède à l’interrogatoire de l’accusé Boualem Sansal.
Le juge : Parlez-vous arabe ?
Sansal : Monsieur le Président, franchement, je ne le maîtrise pas.
Juge : Et Darija ? Nous parlerons « en langage familier », essayez de répondre autant que possible et de comprendre les questions qui vous seront posées.
Le prévenu — Je ne comprends pas non plus le dialecte, Monsieur le Président.
Le juge demande à Sansal son nom complet, vérifie son identité, sa date de naissance et ses informations personnelles, puis énumère les accusations : Délits d’atteinte à l’unité nationale, d’outrage à un corps constitué, de pratiques qui nuiraientt à la sécurité nationale et à l’économie nationale, de possession de vidéos qui menacent la sécurité nationale. Reconnaissez-vous ces accusations ou niez-vous ?
Sansal : Non, Monsieur le Président, je nie catégoriquement ces accusations.
Le juge : Une fouille électronique de vos appareils, y compris un téléphone portable, a permis de découvrir un message adressé à une personne nommée « Yazid », qui appartient au mouvement « MAK », lui disant que vous êtes satisfait de ce que l’organisation fait pour obtenir l’indépendance et la sécession de la région de la Kabylie.
SANSAL : Non, je ne le lui ai pas envoyé, Monsieur le Président.
Juge : Il y a un autre chef d’accusation lié à l’outrage à une institution, en l’occurrence le parlement algérien, où des messages ont été échangés entre vous et un membre de l’ambassade de France.
Sansal : « je n’ai pas compris.
Le juge explique : Il y a des messages via WhatsApp entre vous et l’actuel ambassadeur de France qui incluent une insulte à l’armée et aux institutions gouvernementales ?
Sansal : Oui, je ne nie pas l’existence de ces messages, mais ils n’étaient qu’une conversation normale et ne contenaient aucune insulte.
Le Juge : Une autre question, selon les résultats de la fouille électronique, des messages échangés entre vous et l’ancien ambassadeur de France en Algérie, où vous exprimiez votre satisfaction face à la situation actuelle en Algérie et ont été trouvés, vous lui disiez : « Je suis heureux, nous possédons du pétrole et Changriha ». Qu’entendez-vous par là ?
Sansal : Oui, il y a eu des messages entre nous, nous sommes amis, dans lesquels je lui ai exprimé la réalité de la situation financière et sécuritaire en Algérie, et exprimé mon contentement de la situation sécuritaire et financière stable de notre pays. Cela n’inclut aucune insulte ou moquerie, et je n’avais aucune mauvaise intention derrière ces messages.
Le juge : Qu’en est-il de l’article que nous avons trouvé en votre possession sur le sujet de la puissance militaire de l’Algérie et de l’armée ?
Sansal : J’exprimais mon opinion en tant que citoyen algérien, et j’ai écrit cet article pour présenter mon point de vue sans aucune intention de nuire à l’institution militaire, que je respecte tant.
Le juge : Il y a une autre accusation liée à l’atteinte à l’économie nationale, basée sur la recherche dans votre téléphone et la récupération de messages et de conversations personnelles avec l’ancien ambassadeur de France, où vous avez parlé à deux reprises des décisions de rejeter l’adhésion de l’Algérie aux BRICS.
Sansal : Ces messages n’étaient qu’une conversation entre moi et l’ambassadeur, nous avons une amitié et non en vertu de sa position de diplomate français.
Le juge : Que répondez-vous à l’accusation de diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte à la sécurité de l’Algérie à travers une interview télévisée dans laquelle vous avez critiqué les décisions de l’État et de ses institutions sur la base d’informations erronées et leur avez attribué des faits infondés ?
Sansal : L’interview que j’ai publiée plus tard sur les sites se sont des déclarations exprimant mon opinion et mon inquiétude en tant que citoyen algérien, et j’ai essayé de transmettre la réalité dans laquelle je vis comme le reste des Algériens, il n’y avait aucune intention d’offenser, bien sûr.
Juge : Vous êtes également accusé de possession de documents et de vidéos, retrouvés dans votre flashdisk, qui portent atteinte à l’ordre public et à la sécurité du pays, quel est votre commentaire ?
Sansal : Oui, je reconnais l’existence de ces fichiers et vidéos, mais je les ai créés dans le cadre de la liberté d’expression et rien de plus.
10 ans de prison pour atteinte à l’unité de la nation
Dans ce contexte, le procureur du tribunal correctionnel a requis une peine de 10 ans de prison et une amende d’un million de dinars algériens à l’encontre de Sansal Boualam, pour atteinte à l’unité de la nation, insulte à une institution, de pratiques préjudiciables à l’économie nationale et possession de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité nationales.
Dans un réquisitoire énergique, le procureur a confirmé que l’accusé Sansal Boualam, citoyen de nationalité algérienne, occupait un poste gouvernemental important dans l’un des ministères les plus importants, mais était impliqué dans des déclarations et des publications qui portent atteinte à l’unité nationale et menacent la sécurité et la stabilité du pays.
Au cours de son réquisitoire, le représentant public a donné les détails de l’arrestation du prévenu à l’aéroport Houari-Boumediene alors qu’il rentrait dans son pays d’origine avec un passeport algérien, sur la base d’un mandat d’arrêt émis à son encontre.
Le procureur général a révélé que les recherches électroniques effectuées sur le téléphone, l’ordinateur et les supports de stockage de l’accusé ont abouti à la découverte de fichiers et de vidéos, ainsi que de messages échangés via l’application « WhatsApp », contenant des contenus dangereux qui affectent la sécurité nationale, notant que les enquêtes de sécurité ont révélé des déclarations de presse faites par l’accusé, qui comprenaient des contenus affectant l’intégrité territoriale de la patrie.
L’enquête a également montré que le procureur a ajouté qu’il y avait eu des messages échangés entre lui et des membres de l’organisation terroriste « MAK », dans lesquels l’accusé a avoué sa relation avec une personne nommée « Yazid », membre de l’organisation, dans lesquels il a abordé la question de la sécession de la région de la Kabylie, en plus de discuter des plans de l’organisation pour atteindre cet objectif.
L’accusation a reproché au prévenu d’avoir adressé des insultes explicites aux organes statutaires en Algérie, par le biais d’une série de messages contenant des phrases affectant des personnalités algériennes, et comprenant des accusations sans fondement, ainsi que la diffusion d’idées et d’allégations fausses.
Le procureur a également confirmé que l’accusé, qui occupait un poste de haut niveau dans l’un des secteurs sensibles, avait envoyé en octobre dernier des messages contenant des critiques sévères à l’égard de l’économie nationale, en utilisant des phrases visant à remettre en question le fonctionnement des institutions constitutionnelles, civiles et militaires de l’État algérien.
Il a expliqué que la fouille de la mémoire flashdisk de l’accusé a permis de découvrir des documents sensibles qui porteraient atteinte à l’intérêt national, et l’accusation a souligné que l’accusé, bien qu’il jouisse du droit d’exprimer librement son opinion, qui a déclaré lors de son interrogatoire qu’il s’exprimait dans le cadre de la liberté d’expression comme tout Algérien, mais que la loi et la constitution algériennes, ainsi que le Code pénal et le Code de procédure pénale, établissent des contrôles stricts pour l’exercice de ce droit, et qu’il ne peut être contourné sous aucun prétexte.
Publication d’articles et de déclarations contre l’État dans la presse étrangère
En outre, le procureur a indiqué que l’accusé avait publié de nombreux articles dans des journaux étrangers et était apparu dans plusieurs interviews accordées à la presse, au cours desquelles il avait fait des déclarations comportant notamment une atteinte directe à l’unité nationale, et l’accusé a reconnu au cours de l’enquête sa responsabilité dans la publication de ces déclarations, invoquant la liberté d’expression, que l’accusation a considérée comme un prétexte fragile pour justifier ses actions contraires à la loi, soulignant que l’ensemble des photos et vidéos trouvées sont des preuves matérielles et morales que toutes les charges sont établies contre l’accusé, exigeant l’application des peines prévues par la loi dans de tels cas, afin de préserver la stabilité et la sécurité de la patrie.