Quels que soient les enjeux et les griefs invoqués dans l’incommensurable échec de la recherche d’une solution viable au conflit qui déchire cette partie du monde depuis si longtemps, rien ne pourra jamais excuser ni justifier les crimes du terrorisme.
Ceux dans la classe politique française qui s’engagent dans une telle direction commettent une erreur fatale et coupable : le Hamas, qui a pris depuis longtemps en otage une partie du peuple palestinien lui-même, a réouvert le 7 octobre les portes de l’enfer et s’est lancé dans une opération suicidaire à terme plus ou moins long, au vu du siège qu’il a provoqué en réponse à sa folle attaque.
6h30 du matin, clôture de la fête des Tabernacles et 50e anniversaire du début de la guerre du Kippour, l’ennemi mortel d’Israël, qui tient indûment sous sa coupe depuis 2007 les plus de 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza aux lendemains de la deuxième Intifada, a frappé et personne ne pourra croire que cette agression n’a pas été préparée de très longue date avec des appuis logistiques puissants de l’extérieur, dans une fenêtre de tir qui laisse songeur sur la vulnérabilité de nos démocraties face à la détermination de l’hydre terroriste quand elle décide de rentrer à nouveau en action, profitant de tous les « effets d’aubaine » possibles (autres conflits périphériques, guerre en Ukraine en particulier, ou intenses débats internes clivants comme celui sur la justice en Israël accaparant les attentions) et de la moindre faille dans nos systèmes de défense contre cette menace permanente qui ne pourra finir qu’avec l’annihilation des organisations agrégées dans sa nébuleuse.
Tsahal avec ses capacités militaires, ses moyens de défense aérienne hors pair avec le Dôme de fer, le contrôle des frontières autour de cette zone de 41 km de long et de ses tunnels d’accès, le Mossad, un des plus performants services de renseignement au monde, ont été dramatiquement pris de court par le Hamas et le tir de 5 000 roquettes accompagné d’une infiltration de la zone sud par ses combattants réussie d’une manière inédite, et même si elle est asymétrique c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, en passe de bouleverser un peu plus une scène internationale en pleine reconfiguration et, quelque part, désemparée devant la multiplication un peu partout dans le monde des zones et fronts de conflits échappant à toute régulation ou recherche de concertations sérieuses…
Israël n’a pas d’autre alternative dans ce corps à corps mortel où son adversaire ne vise qu’à le détruire – point-barre -, que de défendre chèrement son existence et sa survie par tous les moyens à sa disposition. Il ne s’agit pas d’un droit de se défendre ni même de considération d’escalade à éviter dans la zone mais purement et simplement d’une question de vie ou de mort à ce stade, avec de surcroît au nord de son territoire une autre frappe susceptible de monter en intensité, celle du Hezbollah et le risque d’être pris en étau.
Les responsables politiques et militaires israéliens, la population civile encore sous le choc, ont déjà fait preuve du sursaut nécessaire pour contrecarrer l’agression du Hamas et l’union nationale ne fait pas de doute quand un pays qui lutte pour son existence depuis 1948 est confronté à une telle épreuve.
L’heure n’est pas encore à l’analyse d’un tel évènement ni aux leçons à en tirer car les dirigeants israéliens eux-mêmes ne sont pas en mesure de dire combien de temps va durer cette guerre.
Mais à n’en point douter, elle ouvre pour le monde une période additionnelle de tourmente et de dangers dont on ne mesure pas encore le périmètre ni les répercussions. Les plus de 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza, avec une proportion de population citadine très jeune, vont souffrir de manière terrible des dégâts collatéraux provoqués par l’action lancée par le Hamas en ce début d’automne sanglant. Le sort des otages est un autre profond sujet d’angoisse – celui qui sauve une vie, sauve l’humanité toute entière… – mais les autorités israéliennes seront-elles en mesure, dans la configuration inédite actuelle, de réitérer ce qu’il avait été possible d’accomplir dans le cas du soldat Shalit, fortes des appels quasi unanimes de la communauté internationale à les libérer sans conditions ?
L’hydre terroriste islamiste n’a fait que franchir des degrés de plus en plus insoutenables dans l’exercice de sa recherche de contrôle des territoires à partir desquels elle entend prospérer et dominer le reste du monde dans sa vision dévoyée de l’Islam et sa folie meurtrière de djihad dans laquelle elle inscrit sa logique d’action. L’E.I. en a fourni l’illustration la plus sinistre en Irak et ailleurs…
Le prix à payer pour la paix du monde va être de plus en plus élevé et le sang n’a hélas pas fini de couler dans les perspectives ouvertes par l’aube du 7 octobre.
C’est tout ce que l’on peut malheureusement entrevoir deux jours après le déclenchement du « déluge d’Al Aqsa » – Al Aqsa, ce lieu saint de l’esplanade des Mosquées construit au VIIe siècle après Jésus-Christ sur le mont du Temple à Jérusalem, le plus lointain où se soit rendu le Prophète Mahomet selon le Coran – triste et désespérant acte de folie dans un monde en proie à tous les défis de ce premier quart du 21e siècle.
L’onde de choc et l’exportation de ce long conflit du Proche-Orient au delà de son champ originel sont tout autant imprévisibles et source d’angoisse, en particulier dans une Europe loin d’être en position de force aujourd’hui et dans une France où la violence a pris une place de plus en plus forte, proportionnelle aux clivages qui la travaillent et où chaque étape du conflit israélo-palestinien a toujours eu une résonance particulière et des répercussions sur la tranquillité de celles et ceux qui ont des liens avec l’Etat d’Israël, de quelque nature que ce soit. Il n’est pas tolérable en tout état de cause que des Français puissent être encore agressés par d’autres au prétexte qu’ils partagent la même religion qu’une partie des citoyens d’Israël, démocratie parlementaire avant tout et amie de la France.
Le corps à corps mortel qui oppose le Hamas à l’Etat d’Israël depuis les premières heures du 7 octobre 2023 est en ce sens aussi un test crucial pour la solidité de nos démocraties en Europe et sur la capacité des Occidentaux à résister aux assauts de l’hydre du terrorisme islamiste dont il y a tout lieu de craindre qu’elle s’est lancée dans une ultime offensive contre l’espoir ténu, fragile mais vital, suscité par les Accords d’Abraham et toute velléité de normaliser un jour la situation au Proche-Orient.