La révolution numérique touche l’ensemble des sphères de la société et la diplomatie n’y échappent pas. Cette activité, qui possède une part de mystère, s’expose désormais ouvertement sur Twitter ou Facebook. L’objectif : représenter la France de façon plus humaine et plus transparente.
L’arrivée du numérique s’est accompagnée de nombreuses croyances. L’une d’elles est que le numérique permettrait une plus grande transparence dans la vie démocratique des pays. Il permettrait également de mieux communiquer et de toucher des publics différents. Même si ces affirmations peuvent être discutées ce sont des raisons qui ont poussé les politiques, les entreprises, les personnalités et maintenant les diplomates à s’emparer de l’Internet.
Cela est d’autant plus important que l’image de la diplomatie est souvent celle d’une affaire restreinte à quelques initiés. Les réseaux sociaux la rendent accessible à tous et humanisent ainsi les relations entre le public et les diplomates. C’est en quelque sorte une vitrine, une porte ouverte sur les ambassades. Les réseaux sociaux ont remplacé les dépêches et permettent d’apporter de la notoriété à des personnalités politiques et publiques qui étaient jusqu’à présent discrètes. Parfois certains ambassadeurs en viennent à être plus connus que des ministres de leurs pays.
La France, un bon élève de l’e-diplomatie
Alors que tous les pays s’y mettent et se font désormais la course au nombre de likes et de follower, la France fait figure de bon élève. Actuellement ce sont plus de 320 comptes qui sont animés partout dans le monde. En termes d’abonnés, sur Facebook, comme sur Twitter la France est la première diplomatie européenne. Presque 891 000 followers sur Twitter pour le compte France Diplomatie. Bien loin tout de même derrière les américains dont le compte du département d’Etat est suivi par plus de 2,6 millions de personnes.
Pour en arriver là, le quai d’Orsay y a mis les moyens. Conscient de l’enjeu du numérique dans les relations entre les États, mais aussi avec le public, des formations ont été mis en place, des chartes, des tutoriels afin de transformer les diplomates en émetteurs intelligent de la France sur les réseaux sociaux. Une professionnalisation de l’utilisation des réseaux sociaux qui souligne d’une autre façon l’importance politique de ces derniers.
La communication de la France sur les réseaux sociaux passe bien sur par les comptes publics, officiels, souvent gérés par des services particuliers des ambassades. Mais les comptes personnels des diplomates sont tout aussi importants. Chacun est garant de la parole de la France et participe d’une certaine façon à son rayonnement. Exemple : ce tweet du porte-parole du ministère des Affaires étrangères depuis son propre compte, est lourd de conséquence tant il pèse sur les relations entre la France et le Vénézuela. La diplomatie passe désormais par des tweets.
Il n’y a pas de règles !
Cela peut paraître surprenant quand on sait que chaque diplomate ne parle pas seulement en son nom, mais au nom de tout un pays. Et pourtant c’est un fait. Il n’existe aucune validation des posts des diplomates sur les réseaux sociaux. Un tel dispositif serait tout simplement trop compliqué à mettre en place et aboutirait sans doute à l’abandon de ces outils.
Ce qui compte c’est l’auto régulation. Dès lors, on peut comprendre que de nombreux diplomates aient du mal à se lancer sur le net. La crainte de la gaffe diplomatique, aux conséquences particulièrement néfastes est redoutée de tous. Surtout, elle arrive très vite… Que ce soit la photo qui provoque des réactions négatives après une visite de M. Valls à Alger ou un tweet qui gâche une visite diplomatique argentine en chine, des gaffes il y en a eu. Mais malgré tout les diplomates continuent de se servir des réseaux sociaux qui apportent beaucoup.
La plupart des comptes personnels se contentent ainsi souvent de simplement relayer une information à leur sphère et évite les commentaires d’opinion qui pourraient être mal interprétés. Ce simple relai d’une information n’en est pas moins significatif, car un simple retweet d’un diplomate équivaut d’une certaine façon à un soutien de la France.
Les pratiques diffèrent selon les pays, car les diplomates sont obligés de s’adapter aux contextes locaux. En Chine par exemple il faut composer avec des outils différents car Facebook et Twitter n’existent que peu et surtout il faut composer avec la censure chinoise. L’ambassade, en bonne diplomate, diversifie donc les réseaux sur lesquels elle s’implique sans pour autant s’empêcher de communiquer sur les droits de l’homme. Les relations qu’entretient la France avec le pays peuvent aussi jouer et laisser plus ou moins de liberté. Ainsi aux Etats-Unis l’ambassadeur à plus de possibilités. Il peut se permettre de donner régulièrement son avis via les réseaux sociaux comme ici où il commente l’actualité américaine.
Alexandre Gavard