Le 6 février prochain, le 1er tour des élections présidentielles se tiendra au Costa Rica. Un nouveau président sera élu à la tête de ce pays d’Amérique Centrale. Focus sur le contexte et les enjeux de ce scrutin.
Environ 3,5 millions de Costariciens se rendront dans les urnes le dimanche 6 février pour choisir celui qui remplacera Carlos Alvarado, l’actuel président de ce pays souvent surnommé « la Suisse d’Amérique Centrale ». Si aucun candidat n’obtient 40 % des suffrages lors du premier tour, un deuxième tour sera prévu le 3 avril prochain. Les Ticos voteront également pour les 57 représentants de l’Assemblée législative lors des élections générales. Le Parti d’action citoyenne, actuellement au pouvoir depuis 2014, sera représenté par Welmer Ramos. Ce dernier ne figure pas en tête des intentions de votes pour le moment.
Depuis plus de trente ans, le Costa Rica a pris le parti de reboiser ses forêts et protéger son environnement naturel. Par des initiatives publiques à travers les parcs nationaux et des récompenses financières aux particuliers œuvrant pour la biodiversité, le Costa Rica veut se positionner sur le marché des énergies vertes en adoptant une ligne axée sur la décarbonation et la lutte contre le réchauffement climatique. Des plans de rénovation votés récemment vont rendre les transports publics 100% électriques d’ici 2050.
Relancer le tourisme et réduire le chômage
Le Costa Rica dispose d’un ratio dette publique/PIB de 52,9 %, le Costa Rica est le troisième plus élevé après l’Argentine et le Brésil en Amérique latine, déjà l’une des régions au monde très endettées.
Les trois sujets de préoccupation sont multiples : réduire le chômage (taux en hausse depuis 2017, près de 20% de la population) qui a augmenté avec la pandémie de la COVID-19, relancer l’économie et notamment le tourisme, source de croissance pour le pays. Pour redonner un coup de pouce à son économie, le Costa Rica peut s’appuyer sur le secteur pharmaceutique et agroalimentaire. Le pays est le premier producteur et exportateur d’ananas au monde. Une production menée toute l’année, avec une forte utilisation de pesticides.
Récemment, le Costa Rica fait partie des pays à autoriser la production et consommation de cannabis médicinal (plus de 20 pays autorisent déjà cette activité, dont plusieurs en Amérique latine, comme l’Argentine, le Chili, le Panama, le Mexique et la Colombie). Un nouveau marché économique qui va permettre d’exporter des médicaments dans les pays où le cannabis médicinal est autorisé.
Un ancien président parmi les favoris
Parmi les candidats déclarés, on retrouve l’ancien président (1994-1998) José Maria Figueres, figure emblématique de la politique au Costa Rica. Il est connu pour avoir été en charge de la restructuration du système de chemins de fer nationaux INCOFER, mais également pour avoir supprimé les programmes d’aides sociales. Affaibli par une affaire de corruption depuis 2004 avec la société Alcatel, il reste populaire auprès d’une bonne partie de la population. Pour ce mandat, l’homme politique de centre droit promet une relance de l’économie avec un développement de l’industrie pétrolière. A titre d’information, le Costa Rica importe la totalité des produits pétroliers qui représentent la majeure partie de sa consommation d’énergie. Selon les récents sondages, il fait partie des favoris pour se qualifier au second tour (Centro de Investigación y Estudios Políticos de la Universidad de Costa Rica). En lice pour la présidentielle, l’ex-vice-présidente du PUSC, Lineth Saborío (2002–2006), a proposé de réactiver l’économie avec une alliance privé-public et l’ouverture vers de nouveaux marchés. Son combat politique porte également sur la lutte contre la corruption, la délinquance et le crime organisé.
Figurant aussi parmi les favoris dans les candidats à la présidence, le pasteur évangéliste Fabricio Alavarado du parti Restauration nationale, veut se relancer à nouveau. Ce dernier avait rassemblé environ 40% des suffrages au second tour des précédentes élections présidentielles. Il avait axé sa campagne sur la remise en cause du système éducatif basé selon lui sur « l’idéologie du genre ». Il n’est pas en faveur des droits pour les LGBTQ, il se veut défenseur d’une société fondée sur la famille. À l’inverse, José Maria Villata, représentant de la coalition de gauche du Front large, est un défenseur du mariage gay, il défend le droit des LGBTQ. Il s’est fait remarquer pour ses critiques envers l’alliance entre le Costa Rica et les Etats-Unis, il soutient un rapprochement avec le Venezuela et le Nicaragua.
Des élections en pleine pandémie
Comparées à 2018, ces élections vont se dérouler dans un contexte différent : d’une part, une pandémie qui a fait plus de 7 000 morts et plus 643 000 cas de contamination ; d’autre part, un environnement politique particulier en Amérique Latine avec le retour de la gauche au pouvoir comme on a pu le voir en Argentine, au Pérou et au Chili.
Le point central des débats devrait être l’économie et la hausse du coût de la vie. Le gouvernement actuel a approuvé une réforme fiscale au cours de sa première année au pouvoir, et promeut actuellement au Congrès une série de projets visant à réduire les dépenses et augmenter les recettes dans le cadre d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). L’augmentation des impôts est un sujet prépondérant au Costa Rica, comme la baisse du pouvoir d’achat.
A noter : Le vote au Costa Rica est techniquement obligatoire, mais il n’est ni imposé ni pénalisé.
Guillaume ASSKARI
Journaliste, producteur
Spécialiste de l’Amérique Latine